Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de Labyrinth City : Pierre the Maze Detective, un « Où est Charlie ? »-like et Zali de Wonder Boy : Asha in Monster World, remake d’un platformer un peu oublié des années 90.
Labyrinth City : Pierre the Maze Detective
Il y a un peu plus d’un an de cela, je vous parlais de ma recherche des jeux que je ferai découvrir à mon fils une fois qu’il sera en âge de tenir une souris/manette sans chercher à la manger ou la jeter fort contre un mur (enfin pour une autre raison qu’un ordi qui triche bien sur). J’avais ajouté à cette liste Luna The Shadow Dust, dernièrement j’ai même pu y mettre PHOGS!. Et voici maintenant Labyrinth City : Pierre the Maze Detective qui vient s’y faire une jolie place.
Labyrinthe junior
Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : celles qui ont ouvert un jour un album de Où est Charlie ? et ont donc eu une enfance heureuse, et les autres. Bien évidement, il faut vivre avec son temps et bien qu’il soit intemporel, le célèbre champion de cache-cache a eu des remplaçants, grâce notamment à Hiro Kamigaki et son jeune détective Pierre.
Et c’est justement une de ses histoires qui est adaptée ici, à savoir « Labyrinthe City : serez-vous à la hauteur ? » dans laquelle Pierre et son acolyte Carmen sont à la poursuite de l’infâme Monsieur X (oui bon au moins il s’appelle pas Monsieur Méchant), qui a volé une pierre magique pouvant tout transformer en labyrinthe.
Mais oubliez les grandes doubles pages où vous devez trouver un certain nombre d’éléments. Ici, vous vous retrouvez à contrôler le jeune Pierre dans des niveaux labyrinthiques. Votre but ? Rejoindre le fameux Monsieur X à la fin du niveau en passant par différents personnages faisant office de checkpoints.
Bien évidement il n’y a qu’un seul bon chemin, la plupart des embranchements menant à des culs-de-sac. Mais ce n’est vraiment pas la difficulté qui caractérise le jeu, qui trouvera toujours un moyen de vous indiquer le bon chemin si vous vous perdez.
Alors oui, Labyrinth City : Pierre the Maze Detective vise prioritairement un public jeune : les méchants ne sont pas vraiment méchants et les histoires qui séparent les niveaux sont présentées sous forme de BD avec une voix off sans doute déjà entendue dans Midi les Zouzous. Mais le jeu réussit bien ce qu’il entreprend et est une très bonne adaptation vidéoludique d’un concept pourtant très papier.
Mais les adultes dans tout ça ? Est-ce qu’on peut passer un bon moment devant les aventures de Pierre ? Totalement oui. Déjà parce que c’est très beau. Les dix niveaux, tous très différents, fourmillent de détails, de personnages, situations amusantes et de commentaires meta (le jeu regorge, même dans ses succès, de références ciné/JV/littérature, mais sans que cela ne soit lourd comme dans un certain livre adapté récemment au cinéma…). On prend plaisir à se perdre dans les labyrinthes du jeu et à chercher les quelques trésors et autres objets cachés dans les niveaux, qui peuvent du coup prendre bien 25/30 minutes à terminer quand on fouille tout.
On ne regrettera que deux choses finalement : déjà, l’impossibilité de dézoomer pour regarder un niveau dans sa totalité et pouvoir ainsi admirer le travail minutieux effectué par l’équipe française de Darjeeling. Ensuite, un peu de contenu supplémentaire. Le jeu propose bien des objectifs secondaires à chaque niveau (des trésors/étoiles/pages à collecter et un mini-jeu) mais on aurait aimé, à l’image des dernières pages des albums, ne serait-ce que quelque chose de simple comme une liste de personnages ou d’objets spécifiques supplémentaires à trouver. Un contenu à débloquer pourquoi pas après la fin du jeu, par exemple, qui donnerait l’occasion de se replonger dans les somptueux niveaux.
Labyrinth City : Pierre the Maze Detective a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Le jeu sera également disponible à partir du 15 juillet sur Nintendo Switch.
Labyrinth City : Pierre the Maze Detective a beau viser en priorité un public jeune, il reste très plaisant à faire en tant qu’adulte. Son humour et la qualité de ses dessins, malgré un nombre ahurissant de détails, en font un jeu très agréable à parcourir quand on veut passer un bon moment sans avoir à se prendre la tête.
Wonder Boy : Asha in Monster World
Wonder Boy ? Monster Boy ? Monster World ? Adventure Island ? On ne vous en voudra pas de ne strictement rien comprendre à la nomenclature incompréhensible d’une antédiluvienne série de jeux de plates-formes et d’aventure dont les droits sont confusément partagés entre Sega, Konami, Dotemu, divers développeurs et probablement la Caisse des Dépôts et Consignations tellement le micmac est épais. Retenons simplement que le sixième épisode de la série, Monster World IV (oui, c’est n’importe quoi) est sorti en 1994 au Japon et est resté relativement confidentiel chez nous, à l’exception d’une petite sortie sur le store de la Wii en 2012. En 2021, nous voici donc face à un remake intitulé Wonder Boy : Asha in Monster World, parce que visiblement, Wonder Girl ça aurait dépassé le niveau d’anglais requis pour ce genre d’entreprise. Développé par les tâcherons habitués aux produits de commande d’Artdink, ce remake s’avère extrêmement scolaire et générique, sans être déplaisant.
Un classique dépoussiéré
Les remakes et autres suites « 20 ans après » sont à la mode, et ne sont parfois que des produits opportunistes cyniques destinées à siphonner à peu de frais l’argent des gamers nostalgiques. Pourtant, je ne pense pas que Wonder Boy : Asha in Monster World procède de cette logique, du moins pas entièrement. D’une part parce que c’est un jeu relativement oublié et commercialement peu accessible, et que sa restauration peut s’inscrire dans une démarche louable de faire redécouvrir un patrimoine relativement méconnu, au sein d’une série qui n’a pas toujours été gâtée en la matière. D’autre part parce que contrairement à d’autres initiatives du genre, un travail minimal d’adaptation du gameplay et du level design à des standards modernes a été effectué.
Wonder Boy : Asha in Monster World nous emmène ainsi dans les pas de la petite Asha, une apprentie aventurière qui va devoir parcourir les différents donjons d’un Orient de pacotille pour déjouer la machination d’un antagoniste cruel. En chemin, elle va adopter un Pepelogoo, sorte de petite mascotte volante étendant sa palette de mouvements, et vivre de folles aventures. Cet épisode avait été pensé pour mettre de côté l’aspect RPG de la série et privilégier de l’action non-stop : on est servi. À part quelques passages rapides dans un hub central, Asha passe sa vie à massacrer tout ce qui se passe dans les quelques donjons du jeu (on voit le générique de fin en moins de 5 heures).
Et au rayon des bonnes choses à mettre au crédit de ce remake riche en adrénaline, saluons le travail très correct effectué pour fluidifier l’expérience de l’époque : les hitbox des ennemis ont été corrigées, le niveau de difficulté ajusté, on peut désormais (pendant une partie de l’aventure) revenir sur ses pas pour trouver des containers de cœur ratés en route. Et le tout est très vif et dynamique, malgré le côté un peu rigide des commandes qui frustre de temps à autre. Attention cependant, c’est la version PS4 que nous avons eue en main, et il semble que sur Switch le jeu subisse quelques avaries techniques. Le problème, c’est que toutes ces petites améliorations ne suffisent pas vraiment à transformer Wonder Boy : Asha in Monster World en un vrai bon jeu.
Aventure Asha limitée
Si Monster World IV n’a pas marqué les esprits, c’est parce qu’il constituait déjà une petite sortie de route en 1994. Trop court, confus, pas très intéressant, avec des donjons fastidieux : malgré de grandes qualités graphiques et le côté attachant de sa protagoniste, il peinait à convaincre et ne rencontrait déjà pas les standards de qualité des jeux d’aventure et des platformers de son temps. Et malgré toutes les corrections apportées par Artdink, ce côté un peu raté et ennuyeux se retrouve pleinement dans Wonder Boy : Asha in Monster World. De plus, le jeu voit son esthétique 2D remplacée par une 3D intégrale qui fonctionne plutôt bien pour les personnages mais assez mal pour les décors, hideux et baignant dans une palette de couleurs criardes pas très élégante. On est alors tenté, comme pour d’autres remakes du même genre, de presser la gâchette qui ferait basculer le jeu dans son esthétique d’origine (à l’image de ce qui était proposé dans le remake de Wonder Boy par Lizardcube). Mais oups, ce n’est pas possible.
Wonder Boy : Asha in Monster World fait le choix de ne pas intégrer le jeu d’origine à sa copie. C’est dommage, mais pourquoi pas. Là où on frôle l’arnaque, c’est que la copie de la ROM du jeu d’origine est bel et bien incluse… Dans les versions boîte uniquement, vendues entre 40 et 180€ par Strictly Limited Games. Une décision qui prive l’essentiel des acheteurs de la possibilité de comparer le travail accompli de l’original au remake. Je n’ai rien de spécial contre les bonus de précommande ou d’éditions physiques, mais priver une grosse partie des utilisateurs d’une fonctionnalité basique de ce genre d’exercice n’est ni très élégant, ni très agréable.
Wonder Boy : Asha in Monster World a été testé sur PS5 via une clé PS4 envoyée par l’éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch et sera disponible dans le courant de l’été sur PC.
Wonder Boy : Asha in Monster World est un remake tout ce qu’il y a de plus scolaire. Corrigeant de manière appliquée quelques erreurs à la marge sans repenser le fond du jeu, il ne parvient pas à gommer l’impression que si Monster World IV était tombé dans l’oubli, ce n’était pas tout à fait pour rien.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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