Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift vous parle de Hidden Through Time, un Où est Charlie ? vidéoludique allégé et anecdotique et Zali de Ciel Fledge, un simulateur de parentalité à la Princess Maker dont nous vous avions déjà proposé une preview.
Hidden Through Time
Cherchez le garçon
Sans avoir franchement grandi avec la série de livres Où est Charlie ?, les fameux bouquins de recherche de personnes et objets ont occupé un bon nombre d’après-midis d’oisiveté, que ce soit chez des copains et copines, à la bibliothèque de l’école, ou même, bien plus âgé, en compagnie de colocs le temps d’un fix de nostalgie. Plus récemment encore, j’ai retrouvé le plaisir de scruter de larges décors à la recherche de babioles, grâce aux évènements saisonniers du jeu mobile Two Dots – on s’occupe comme on peut et veut, d’autant que celui-ci passe le temps de bien agréable façon.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : aussi plaisante que puisse être cette activité, son but premier – à titre personnel du moins – reste de tuer le temps. Sans aucunement hiérarchiser la qualité des titres, je me dois de reconnaître que je ne lance pas Two Dots ou Puzzlerama pour les mêmes raisons ou mêmes circonstances que disons, Sekiro ou Ori and the Will of the Wisps – pour ne citer que des jeux sur lesquels je traîne ces temps-ci. Les premiers sont des titres que je lance sur mon téléphone quand il s’agit de patienter ou que le besoin de s’occuper les mains ou l’esprit se fait sentir, tandis que les seconds sont des séances de jeu planifiées et se posent comme une occupation à part entière.
Et Hidden Through Time, vous l’aurez compris, appartient plutôt à la première catégorie. Le titre de Crazy Monkey Studios propose une campagne divisée en quatre actes, survolant vaguement l’Histoire en partant de la Préhistoire, pour aller directement à l’Égypte Antique, le Moyen-Age, pour s’achever sur la conquête de l’Ouest. Chacun de ces actes se découpe en plusieurs tableaux de tailles variables, comme autant de pages d’un livre de son modèle. L’Histoire y est évidemment maltraitée – avec un humour disons, variable, il y a quelques bonnes vannes – mais le principal intérêt de la campagne – à l’instar d’Où est Charlie et outre tuer le temps – se trouve dans les détails des tableaux, racontant chacun à leur manière une petite histoire ou scènette, développant des running gags ou des situations absurdes. Je ne recommanderais que trop d’ailleurs que d’abuser des indices pour chaque objet et personnage à trouver, ceux-ci étant autant là pour aider que pour faire des vannes ou raconter une micro-histoire.
Malheureusement, c’est également tout ce que la campagne aura à proposer, l’intégralité des tableaux se boucle en à peine 3h, ne se rejouent pas tellement et ne proposent pas une grande variété. Le passage de la formule sur PC aurait pu laisser envisager une plus grande interactivité avec les décors, mais à part quelques rondes de personnages, la possibilité d’observer l’intérieur des bâtiments et l’embrasement de quelques flammes, les tableaux restent désespérément statiques.
Allo Papa Tango Charlie
Mais l’argument derrière Hidden Through Time ne repose pas sur sa campagne – fort heureusement – mais sur son mode en ligne. En effet, les développeurs ont mis à disposition des joueurs leur propre outil de création de cartes, promettant ainsi à tout un chacun d’expérimenter et de proposer aux autres des tableaux de la même qualité que ceux de la campagne. Un rapide tour dans les propositions confirme qu’il s’agit effectivement de l’attraction principale, la quantité de cartes déjà créées dépasse largement celle de la campagne, de quoi a priori s’occuper encore longtemps, à condition de faire un peu le tri, car il y a évidemment à boire et à manger question qualité et originalité – la raison pour laquelle je ne me risque pas à en poster, malgré la réussite de l’outil de création et son ergonomie – et de se fader les traductions automatiques des titres et indices, parfois hilarantes, souvent sans aucun sens.
Étant extrêmement peu inventif face à ce genre d’outils, je dois avouer avoir lâché l’affaire très vite, néanmoins, vu la quantité d’objets, décors et personnages disponibles et la taille possible des cartes : il y a largement de quoi faire, à condition de cantonner son imagination aux quatre époques de la campagne.
Hidden Through Time a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Le titre de Crazy Monkey Studios se trouve être plus un outil assez bien fichu de création de tableaux mis à disposition des joueurs qu’un Où est Charlie ?, vu le peu d’intérêt et de contenu que propose sa campagne. Si la création et le partage de cartes vous branche, ou si vous êtes prêts à farfouiller des heures durant dans la déjà grande quantité de niveaux en ligne, Hidden Through Time peut valoir le coup d’œil, mais c’est bien le seul aspect qui le distinguera avantageusement du reste du catalogue d’objets cachés, tant il s’avère anecdotique sur ses autres propositions.
Ciel Fledge
Être un parent, c’est (souvent) se tromper
Sorti le 21 février dernier, Ciel Fledge: A Daughter Raising Simulator, est une tentative de réinventer la formule Princess Maker par le studio indonésien Namaapa. Mon court article sera surtout une mise à jour de la version preview dont je vous avais plus longuement parlé il y a quelques semaines.
Rappel rapide du contexte : dans un monde où la surface est devenue inhabitable, quelques arches survivent perchées dans le ciel. À la suite de l’effondrement de l’une d’entre elles, une orpheline vous est confiée pour les dix ans à venir. Deviendra-t-elle militaire, star de la pop ou moins que rien ? C’est en grande partie sur l’éducation que vous allez lui donner que cela repose.
Une sorte de « simulateur de parentalité », où vous allez tour à tour devoir gérer le stress, les devoirs et l’argent de poche de votre protégée à mesure qu’elle grandit et que la situation politique change. En pratique : beaucoup de tableaux, d’optimisation, de gestion de statistiques, d’équilibrage entre les devoirs, le temps libre et le repos, et pas mal d’erreurs.
C’est un peu inhérent aux jeux du genre, mais Ciel Fledge ne vous dit pas d’emblée quelles sont les conséquences à moyen, long voire très long terme de vos actes. Dans vos premières parties, vous allez fatalement faire n’importe quoi avant de réaliser au milieu de la troisième année que votre fille est vraiment mal barrée. Le jeu a un peu le défaut de sa qualité : il vous laisse beaucoup de latitude, et vous pouvez vraiment arriver à de nombreux résultats différents, mais au prix de beaucoup de tâtonnements qui vous pousseront à relancer plusieurs fois une campagne mine de rien assez scriptée, au risque de vous ennuyer un peu.
Un exercice de style réussi, des phases de gameplay moins convaincantes
Attention cependant, si ce Visual Novel mâtiné de gestion m’a convaincu pour sa partie tableur, ce que je redoutais un peu dans la preview est arrivé : la partie RPG, avec des combats en Match-3 et énormément de grind est nettement moins convaincante, et sera un passage obligé d’une bonne partie de la vingtaine d’heures dont vous aurez besoin pour terminer le jeu.
Un peu agaçant quand il s’agit de répondre à des quizz à l’école en combinant des couleurs, vraiment mais alors vraiment très ennuyeux quand vous devez vous aventurer à la surface et nettoyer pas moins de 130 niveaux de mobs dans des confrontations répétitives et soporifiques. Le tout pour une aventure qui se conclut sur le sentiment que, certes, on a aidé notre enfant à trouver sa vocation et son métier, mais pas vraiment eu la moindre influence sur elle au-delà de ce changement de costume. Ciel Fledge se disperse dans beaucoup de gameplays différents et oublie un peu son personnage principal.
J’aurais largement préféré que le studio se contente de mettre davantage l’accent sur ce qui marchait bien dans le jeu que d’essayer d’être à la fois FFVII, Candy Crush et Farming Simulator. C’était sans doute un peu trop pour une première, mais ça reste encourageant !
Ciel Fledge a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Ciel Fledge, comme nous l’avions déjà signalé lors de la Preview, essaye de faire trop de choses, mais son gameplay est un peu chancelant de partout et cela pourra dérouter les plus acharnés des fans en manque d’un nouveau Princess Maker. On appréciera cependant qu’un petit studio indonésien sorte un jeu aussi ambitieux et que son éditeur PQube prenne la peine de le traduire dans de nombreuses langues, dont le français.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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