Aujourd’hui dans Partie Rapide, Zali vous parlera de Flotsam, un city builder aquatique récemment entré en Early Access, et Murray de Untitled Goose Game, un jeu où vous incarnez une oie, pour le plus grand malheur des habitants du quartier.
Flotsam
A peu près un an après son annonce, le city builder façon Waterworld Flotsam, de la société Pajama Llama, entre en early access. Sous ses aspects assez chill et son bruit des vagues nappé de cris de mouettes rieuses, il s’agit cependant d’une expérience plus proche de Frostpunk que de vacances sous les sunlights des tropiques. Cette version très très early nous donne un avant-goût de la difficulté assez brutale à ne pas mourir de soif en pleine mer.
On est pas dans la Mer
Voilà : c’est la fin. À coup de catastrophes climatiques, de fonte des glaces et de pollution intempestive, l’Humanité est réduite à quelques malheureux dérivant sur des bidons dans une mer infestée de déchets en tous genres. À la tête d’une colonie de trois survivants, quelques boîtes de conserves et quelques déchets plastiques, vous devez construire, en pleine mer, une colonie mobile et viable afin de retrouver d’autres survivants, et peut-être des eaux plus clémentes. Avec pour urgence première de trouver puis produire l’eau potable et la nourriture nécessaires à voir un autre matin se lever.
Flotsam ne cache pas vraiment son côté très post-Frostpunk : comme dans le jeu de survie glaciale de 11-bit, on construit sa ville de manière concentrique, en dépensant de précieuses ressources pour créer des pontons pouvant accueillir des bâtiments, et comme dans Frostpunk, chaque erreur de gestion peut s’avérer absolument fatale à la viabilité de la colonie. Et comme dans Frostpunk, chaque « étape » du jeu (symbolisée ici par la capacité de la colonie à changer de map pour avancer toujours plus loin en mer) convoiera avec vous vos succès et vos échecs. Vous avez oublié de faire le plein de poissons avant de changer de lieu et vous arrivez dans une zone qui ne possède qu’un seul petit banc de poiscaille ? Tant pis. Vous avez été prévoyant et bien conservé votre bois de chauffage ? Tant mieux, c’est toujours ça de moins à gérer pendant quelques minutes.
Si Flotsam n’est pas à proprement parler difficile une fois qu’on a compris l’essentiel de ses mécaniques assez simples (les chaînes de production ressemblent à une version très simplifiée de Settlers II), il impose néanmoins une tension permanente qu’on ne soupçonne pas initialement. Très rapidement, vous avez trop de tâches à réaliser par rapport au nombre de vos survivants, et accueillir des survivants supplémentaires peut s’avérer un coup très dur pour vos ressources en eau et en nourriture. Sachant bien sûr que vous ne pouvez pas faire travailler vos bonshommes 24 h/24, et qu’il faut impérativement un lit par habitant, et que chaque lit coûte des ressources précieuses, etc., etc. Rester trop longtemps sur un même site vous prive des bonus des sites suivants : en partir trop rapidement vous prive du temps nécessaire à ramasser assez de trucs pour survivre. Le jeu n’est pas encore très équilibré, mais on sent son immense potentiel pour les amateurs de micro-gestion au cordeau.
Il est trop frais mon poisson
Flotsam est encore assez loin de sa version finale, presque trop loin pour sortir en Early Access, à vrai dire. En l’état actuel, on en fait le tour en trois ou quatre heures, seuls quelques bâtiments ayant été implantés. La campagne principale est assez vide et répétitive (peu d’événements viennent la ponctuer une fois que vous avez compris les bases de la survie), le jeu manque cruellement d’équilibrage et de stabilité. On se situe davantage sur une note d’intention que sur un jeu qui justifie les 20 € (tout de même) demandés pour embarquer.
Cependant, le studio belge à l’origine du jeu bénéficie là d’une base très solide pour tous les amateurs de micro-gestion, qui ne demande qu’à se stabiliser et à se voir incrémenter de contenu supplémentaire lors des mois à venir. Le tout étant servi avec une direction artistique colorée et amusante et une ambiance sonore plutôt immersive. On ne peut que se réjouir du chemin pris par Flotsam, à qui nous souhaitons une croisière sans remous.
Flotsam a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Beaucoup moins paisible qu’il n’en a l’air, Flotsam est un city builder exigeant et nerveux sur fond d’Apocalypse Climatique. Sans cacher ses modèles (Frostpunk, The Settlers), le jeu trouve son propre ton et arrive à imposer des mécaniques originales : la gestion de l’eau potable est ainsi très intéressante. Pour le moment, le jeu est bien trop vide et a besoin de nombreux mois de développement, mais cette version est très encourageante.
Untitled Goose Game
J’ai dû attendre un an depuis la première fois qu’il a été annoncé pour mettre enfin les pattes sur Untitled Goose Game, le nouveau titre de House House, studio à l’origine du déjà déjanté Push Me Pull You. Mais ça y est, il est enfin sorti, libre à nous, joueurs, de pouvoir prendre le contrôle de l’oie la plus punk du Royaume-Uni et de mettre un peu d’ambiance dans un petit village campagnard qui n’en demandait pas tant.
Anoierchy in the UK
Tout commence dans un buisson et par l’indication que d’une simple pression d’un bouton, vous pouvez cacarder, faisant déjà de ce jeu l’un des meilleurs de 2019. Un bec sort puis un corps entier et vous voilà aux manettes d’une oie. Ajoutez à cela un tutoriel d’une trentaine de secondes et vous comprendrez qu’en plus de cacarder, vous pourrez vous baisser, attraper des objets, courir et agiter vos ailes. Voilà l’intégralité des actions à votre disposition, reste à savoir à quoi ces actions vont pouvoir servir…
À foutre le bordel tout simplement ! A peine sorti de votre mare, vous allez pouvoir vous balader dans une petite ville de la campagne anglaise, avec ses maisons en brique rouge et ses habitants qui ne demandent qu’à vivre dans la tranquillité et le silence. Cette ville, vous allez pouvoir la découvrir petit à petit en débloquant les différentes zones, en commençant par le parc d’où vous sortez et le potager avoisinant et entretenu par son jardinier. À vous alors de remplir les différents objectifs qui vous sont assignés par le jeu, allant du simple larcin d’un râteau, d’un légume ou d’une casquette, jusqu’à la destruction d’objets ou la séquestration de personnes.
Vous n’aimez pas les jeux d’infiltration ? Aucun souci ici. Déjà, il n’y a pas de game over puisque vous ne risquez au pire que de vous faire rabrouer avec un coup de balai. Ensuite, le jeu ne vous demandera pas une précision et un sens du timing incroyables. Il suffit le plus souvent de causer assez de problèmes pour en profiter et prendre l’objet demandé pendant que les habitants du village rangent le désordre. Et croyez-moi, vous allez aimer foutre le bordel dans ce jeu.
La l’oie c’est moi
Qu’il est bon de faire crapahuter les habitants du village à droite et à gauche juste pour le plaisir. Je dois reconnaitre avoir plus d’une fois pris un objet qui n’était pas demandé dans les objectifs du jeu, juste parce qu’il était amusant de le jeter dans l’eau ou pour voir la réaction d’un habitant qui en avait besoin (et aussi pour écouter ces petites notes jouées au piano, tirées de l’œuvre de Claude Debussy, à chaque méfait réalisé qui rajoutent une excitation supplémentaire). Cela ne fait pas forcément de moi un bon être humain, mais une oie exemplaire en revanche, je n’en doute pas.
Reste un défaut majeur au titre de House House : sa durée de vie. Il n’y a en effet que 4 zones à explorer avant d’atteindre ce qu’on pourrait appeler l’épreuve finale, avec pour chaque zone moins d’une dizaine d’objectifs à accomplir. Vous pouvez donc compter sur seulement 1 h 30/2 h pour finir une première fois le jeu.
Alors oui, quand vous avez réussi, le jeu vous propose des défis supplémentaires (à la manière d’un album de Où est Charlie ? et sa double-page finale qui vous propose de trouver des éléments supplémentaires dans chaque tableau), défis qui impliquent souvent de prendre des éléments d’une zone pour les amener dans une autre ou alors qui invitent à finir une zone le plus rapidement possible. Mais cela reste malheureusement du contenu supplémentaire assez maigre. On aurait vraiment aimé avoir plusieurs zones supplémentaires pour faire un peu grossir cette durée de vie (mais c’est peut-être l’oie anarchiste en moi qui parle).
Untitled Goose Game a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
C’est rare, mais voilà enfin un jeu qui a répondu à toutes les attentes suscitées par son trailer. Fun à jouer (mais aussi à voir jouer), Untitled Goose Game fait partie de ces petites expériences vidéoludiques dont on se souvient avec plaisir et le sourire aux lèvres. Quel dommage qu’il soit si court, mais c’est peut-être le lot de toutes les bonnes expériences, elles s’arrêtent trop vite.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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