Cette fois-ci dans Partie Rapide, Veltar vous parle de Feather, un petit jeu zen où vous jouez un oiseau, et Seastrom vous présente Bomb Chicken, un petit jeu moins zen où vous jouez un oiseau.
Feather
Mêlant mélodies relaxantes et gameplay simpliste, Feather, sorti le 5 avril dernier, est bien loin des courses au top 1. Un choix délibéré des développeurs qui ont souhaité faire du jeu un moment de calme et de relaxation. vRé g4m3rZ, fuyez. Pour les autres, ça sera à vous de voir.
À la volette
Pour réussir en tant que studio indépendant, il faut faire des choix capables de vous sortir du lot. Faire un jeu calme, sans ennemis, menace, ou même objectif, c’est la voie suivie par le studio australien Samurai Punk avec Feather. Une expérience qu’ils ont voulu rendre un brin plus intéressante en vous permettant de jouer un oiseau.
La première chose qu’on remarque, c’est que la prise en main est immédiate. Pas d’embarras de scénario ou la moindre ligne de texte forçant un contexte. On est un oiseau, on vole, c’est parti. Les contrôles sont tout ce qu’il y a de plus simple, et rien ne semble limiter les mouvements. Si ce n’est la physique la plus élémentaire, puisqu’il est impossible de faire « marche arrière ». On joue un oiseau, pas un camion de livraison.
Quelques notes au piano, des chants d’oiseaux et le bruit du vent accompagnent la découverte de l’imposante île que l’on survole. Tout cet aspect sonore est au cœur du jeu puisque c’est ce qui va permettre la construction de l’ambiance. On repère vite, dans différentes zones de la carte, des sortes de portails que l’on peut traverser. Il s’agit en fait de déclencheurs qui vont rajouter aux différents sons de base une musique. En tout, 9 musiques sont réparties sur l’île. À vous d’errer dans les airs en écoutant en boucle la même ou de battre des ailes de musiques en musiques.
À noter qu’il est possible de se retrouver avec d’autres joueurs sur la carte, de manière absolument anonyme. C’est bien vu, d’autant que ça n’entrave absolument pas l’aspect reposant de Feather. Au contraire, cela permet temporairement de partir dans des chorégraphies aériennes improvisées parfois assez cools.
Fais comme l’oiseau
Graphiquement c’est assez sympathique sans être transcendant. On est dans de la production type d’un petit studio indé qui fait de la 3D. Les environnements de l’île sont variés : montagne enneigée, vieilles ruines mécaniques, étendue de sapins, ou encore plages. L’île est d’ailleurs plutôt grande, et on peut monter assez haut dans le ciel pour avoir ce moment un peu grisant où on se retourne et fonce en piquet vers le sol. À ce titre, l’effet de vent rend plutôt bien.
Les contrôles sont efficaces, même si dans les espaces clos on aura tendance à pas mal foncer dans les obstacles à cause de la vitesse. Le jeu nous fait alors revenir légèrement en arrière afin d’éviter de se reprendre le même truc dans la tronche et d’être dans une boucle infinie. Car oui, notre oiseau ne peut pas se poser et ça c’est un peu décevant pour un jeu qui se veut zen.
On aimerait pouvoir justement se poser au sommet d’un arbre ou d’une montagne et profiter des musiques du sound designer Mitchell Pasmans. D’autant que Feather a un système de cycle jour/nuit qui se couple plutôt bien avec certaines musiques. Mais les développeurs ont, j’imagine, préféré se concentrer sur l’aspect vol. Un peu dommage.
Et finalement, vivre d’air pur et d’eau fraîche c’est sympa mais c’est vite limité. Même si l’environnement est vaste et qu’on peut aisément se laisser porter par les différentes sonorités, le tour du jeu est rapidement effectué. Au mieux, on se forcera à chercher des petits passages cachés dans l’île, tout en sachant qu’il n’y a rien à y trouver.
À un peu plus de 8€ sur Steam et 9€ sur le Nintendo eShop, la question de l’achat se pose. Je vois l’intérêt d’un jeu simple, avec un sound design travaillé, avec un petit aspect multijoueur. Globalement, le jeu atteint son objectif d’être calme et relaxant… Mais un mix youtube « zen + nature + bird sounds » de 2h l’est tout autant. Donc compte tenu du temps que vous allez passer dessus, c’est vraiment un choix personnel. Et je trouve pour le moment l’investissement un poil trop élevé.
Bomb Chicken
Le poulet dans les jeux vidéo n’a pas toujours eu la vie facile. Si sa variante jaune et géante attire la sympathie, nombre de derrières emplumés issus des Fable ont côtoyé de près les savates d’aventuriers trop enclins à vérifier les monts et merveilles promis par maître Molyneux. Dès A Link to the Past, pourtant, le volatile n’hésitait pas à se défendre à grands renforts de becs amis contre les coups d’épée (malencontreux, n’est-ce pas ?) de Link. Le studio Nitrome, après d’innombrables joyeusetés flash et mobiles, donne une nouvelle fois au poulet l’occasion de se défendre dans Bomb Chicken. Est-ce l’Internationale volaillère qui résonne au loin ?
Une poule explose un mur, qui n’aime pas la panure
Après une sortie sur Switch l’été dernier, le jeu de plateforme de Nitrome se dandine sur PC en attendant des nouvelles de la version PS4. Une seconde occasion d’investir les sombres couloirs d’un temple/restaurant rapide spécialisé dans le poulet frit, avec pommes de terre frites et sauce, non pas frite mais bleue, au pouvoir d’addiction qu’on devine puissant. Cette même matière bleue venue d’on ne sait où qui va donner naissance, d’une goutte déposée par hasard sur un œuf, à une jolie poule blanche, parfaitement sphérique. Du genre à ne pas approcher une torche à la main sous peine de faire sauter la cabane. Sa particularité découverte – elle peut pondre des bombes à volonté –, elle suivra plus ou moins consciemment les ordres d’une déité gallinacée et abattra cette chaîne de fast-food répondant au doux nom de BFC.
Sous un doux parfum d’espionnage que le jeu s’amuse à pasticher par une trame en retrait et des détails de mise en scène, notamment sonores, Bomb Chicken est un plateformer aux éléments familiers : des plateformes à base de pics, d’autres qui se rabattent si on reste trop longtemps dessus, des tapis roulants, des pass qui ouvrent les portes… Rien de foncièrement excitant à première vue, mais un petit twist de game design vient changer la donne : la vaillante volaille a de la carrure et ne peut ni sauter ni voler. Pour prendre de la hauteur, il va falloir pondre sans compter.
Pas vu pas frit
Au fond, tous les jeux vidéo sont une affaire de rythme, certains, les hardcore plateformers par exemple, plus que d’autres. Bomb Chicken amène un drôle de contrepoint à ces cousins : à la course effrénée d’un Rayman Origins dans ses derniers niveaux il oppose un pas nonchalant, aux bonds d’un Super Meat Boy répond un ancrage solide au sol. L’anticipation prend le pas sur les réflexes, et c’est souvent au sommet d’une pile de 10 bombes dont la première explose, entraînant une réaction en chaîne, qu’on s’en rend compte. Outre la possibilité de se laisser tomber d’assez haut pour franchir un gouffre, on peut évidemment détruire portes en bois, murs fragiles et ennemis qui se présentent. Les bombes peuvent se pousser d’un coup d’épaule de poulet, à l’unité, par groupes ou par piles, ce qui peut s’avérer fort utile tant que la distance nécessaire pour éviter l’aire d’explosion est prise.
C’est dans les moments où il joue sur le timing que Bomb Chicken trouve son trait de caractère et sa difficulté. Les niveaux, 29, sont répartis en tableaux qu’il faut traverser pour atteindre un ascenseur, direction le hub. Petite salle où la divinité s’adresse à notre avatar cocaillant, une offrande peut y être faite à partir de cristaux ramassés précédemment pour gagner un point de vie. C’est dans cette collectionnite utile que se trouve le challenge le plus ardu et la complétion des 100%. Le chemin principal ne manque pas d’embûches pour autant, surtout lorsqu’un unique coup nous renvoie au début du tableau. Une fois les points de vie arrivés à zéro, direction l’entrée du niveau. Les boss, peu nombreux mais aux patterns variés, se battent ainsi en une fois ou rien, tout cela injectant au titre une dimension die and retry qui vient rehausser la difficulté générale. Rien de sorcier, bien qu’on puisse mourir assez facilement si la concentration manque, d’autant que le flou qui entoure la hit box du personnage ne rend pas aisé une évolution au pixel prêt qui peut s’avérer frustrante. Le jeu reste sympa et nous évite de devoir récupérer les objets ramassés auparavant pour fluidifier l’expérience.
Bomb Chicken a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Bomb Chicken constitue une réinterprétation habile des poncifs du jeu de plateforme. Il manque quelque chose pour en faire un immanquable, peut-être dans la variété de ses décors et de son level design, ou dans l’identité de sa musique. Mais le pixel art reste joli, les animations très mignonnes et le défi assez relevé pour maintenir la persévérance. La révolution des crêtes rouges n’arrivera pas aujourd’hui, mais reste dans l’air comme une odeur de poudre. En attendant, écoutez le jeu : KFC c’est de la merde.
Seastrom
C'est la Loire qui coule dans les veines de Seastrom, mélangée aux subtilités de la vaporwave. Possibilité de l'amadouer en lui parlant indés et D&D (Dreyer et Digimon).
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