Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray s’échappe de pièces fermées avec Escape Academy et Veltar se couvre les yeux sur Before Your Eyes.
Escape Academy
En octobre de l’année dernière, j’ai eu la chance de mettre les mains sur Escape Simulator, un jeu d’escape game déjà réussi au moment de sa sortie, mais que je vous recommande encore plus aujourd’hui puisque la communauté est toujours présente à créer ses propres salles dont certaines sont vraiment très cool. Mais voilà, quand on met le doigt dans l’engrenage des escape rooms, on veut toujours faire une petite salle en plus et, si possible, qu’elle soit bonne. C’est ici que débarque Escape Academy de Coin Crew Games.
Escape GOT(Y)
Qui aurait pu deviner qu’en sortant d’une salle réalisée avec 3 bouts de ficelles, vous alliez obtenir votre ticket d’entrée pour l’Escape Academy ? Une école très spéciale qui fait de ses élèves des rois de l’évasion grâce aux cours dispensés par ses professeurs originaux, son grand gardien adorable et sa lutte tout au long de l’année scolaire entre ses élèves pour être le/la meilleur·e. Oui, vous aussi vous avez remarqué que si on enlève les mots relatifs à l’escape game pour les remplacer par des mots relatifs à la magie, ça rappelle furieusement quelque chose ?
Alors oui, Escape Academy ne va pas briller par son histoire, mais elle a le mérite d’exister, de proposer un petit twist et surtout, elle permet de faire le lien entre les différentes salles dont vous allez devoir vous échapper. Car les quelques cours et activités annexes que vous allez découvrir tout au long de votre année d’apprentissage sont autant de salles et situations dangereuses desquelles vous allez devoir vous extirper.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous n’allez pas vous ennuyer : fouille du bureau de la doyenne, réalisation d’un antidote pour vous sauver d’un milkshake empoisonné, fuite d’une bibliothèque en feu, aide à l’évasion d’une prison, désamorçage d’une bombe… Chacune des 13 « salles » proposées par le jeu est différente de l’autre. Rajoutez à cela une variété constante dans les énigmes (observation, manipulation, réflexion, calcul… pensez à prendre avec vous du papier et un crayon) et vous aurez la joie de découvrir que le jeu ne vous propose pas deux fois la même chose durant les 4 à 5 heures qu’il vous faudra pour en voir le bout.
Si les salles doivent être réalisées dans un temps imparti et deviennent progressivement plus corsées (le jeu vous donne ce genre d’infos avant de démarrer, histoire de ne pas vous lancer dans une salle de 30 minutes alors que votre bus arrive dans 15), le jeu ne vous abandonnera pas. Une simple pression sur une touche du clavier vous permet de bénéficier d’indices sur la prochaine énigme devant être résolue, cela n’ayant d’incidence que sur la note finale. Rajoutez à cela une option d’accessibilité pour nos amis daltoniens (oui, un certain nombre d’énigmes prennent en compte un jeu de couleurs) et tout le monde pourra profiter de cette aventure réussie. Et si vous craignez de ne pas réussir à vous en sortir, demandez l’aide d’un proche, le jeu permettant le multijoueur en local ou en ligne. Attention cependant, comme toujours dans ce genre d’exercice, une bonne communication sur les choses vues et ramassées est nécessaire si vous comptez réussir.
Élément très secondaire, mais intéressant, à chaque fin de salle, le jeu revient avec vous sur les différentes énigmes et le temps passé à les résoudre, sans vous juger comme le ferait un game master. De quoi découvrir les forces et faiblesses de chacun en termes d’énigmes, très utile pour votre prochaine partie d’escape game en équipe dans la réalité véritable.
Bien sûr, il reste quelques reproches à faire au jeu. Déjà son manque complet de rejouabilité, puisqu’il n’y a aucun élément aléatoire dans le jeu. Le seul intérêt de refaire une salle est d’améliorer son score (et obtenir certains succès). Et si l’on échoue une première fois, cela faussera complètement le temps final d’une salle quand vous allez la refaire en survolant la 1re partie déjà résolue précédemment. Notons aussi, que si un grand effort a été réalisé sur la traduction du jeu en français, avec une adaptation des énigmes et de leurs résolutions, il m’est arrivé de trouver une ou deux approximations et même une erreur dans un indice qui m’a fait perdre beaucoup de temps.
Escape Academy a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Le jeu est aussi disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox Series et sur le Game Pass (mais attention à l’heure où ces lignes sont écrites, il y a quelques bugs sur cette dernière version).
Escape Academy est un escape game très réussi. Facile à prendre en main, il compense sa durée de vie limitée (et son manque complet de rejouabilité) par une variété constante dans ses situations et énigmes. Je ne peux que vous inviter à le savourer, une salle par jour, pas plus (enfin si vous y arrivez), avant d’attendre avec moi impatiemment les prochaines salles déjà annoncées pour la fin de l’année.
Before Your Eyes
Un concept innovant, une histoire poignante, et de nombreuses récompenses critiques. Et pourtant, le nom de ce jeu ne vous dit sûrement rien. C’est parce que vous êtes, j’imagine, comme moi, nombreux et nombreuses à être passé(e)s à côté de Before Your Eyes. Un titre qui mérite cependant votre attention. Une expérience narrative passionnante dans ce que permet le jeu vidéo.
En un clin d’œil
En un clin d’œil d’abord parce que le postulat de base s’explique rapidement. Before Your Eyes propose de contrôler les événements par le biais de nos clignements d’yeux. Le jeu le rappelle sur sa page Steam, mais je vous le redis ici : avoir une webcam n’est pas vital pour jouer au jeu, mais contribue énormément à la réussite de l’expérience (vous pouvez utiliser votre téléphone portable). Vous n’êtes pas exclu si vous n’en avez pas, mais comprenez bien que c’est comme jouer à un jeu VR sans casque VR. Que ça soit clair parce que j’ai cru comprendre que des gens avaient fait ce reproche aux développeurs de GoodbyeWorld Games (studio à l’origine du jeu).
Cela étant dit, on joue donc Benjamin Brynn, personnage à la première personne qui se retrouve face à un PNJ bien loquace, tout en gardant un petit air mystérieux. Nous voici en pleine mer sur un bateau de pêche, ce fameux PNJ est un chat anthropomorphique étrange, unique interlocuteur, et des goélands (et pas mouettes, attention, différence vitale pour celles et ceux qui vivent près de la mer) vous jugent de près. Vous savez que vous êtes mort, que le chat en question est une sorte de passeur et que, pour que vous puissiez obtenir une après-vie idéale, il vous faudra prouver la valeur de votre vie passée.
Le chat, toujours lui, sera l’intermédiaire auprès de la terrible divinité qui juge le passage dans l’au-delà et espère compenser ses errements de vocabulaire en étant certain de restituer au mieux vos réussites. Pour cela, il vous explique que, puisque désormais dépourvu de corps, vous allez devoir user de vos yeux et que chaque clignement servira de bonds dans le temps. Après ce dialogue en forme de tutoriel, il vous renvoie dans votre passé pour que vous soyez en mesure de tout raconter au mieux. Mais, il y a un hic.
En un clin d’œil aussi, car c’est là la mécanique principale. Vous êtes à la merci de vos propres souvenirs : Before Your Eyes porte bien son nom parce que tout dépend de votre regard. Évidemment, d’une part parce qu’une manette ou une souris vous permet de poser votre vision à 360 degrés, mais surtout parce que votre temps dans chaque scène est limité par le timing de votre clignement des yeux. Une courte période le plus souvent, déterminée par l’apparition d’un métronome, mais sans que vous sachiez jamais quand il apparaît. Des dessins d’yeux vous indiqueront les endroits d’intérêt sur lesquels il vous est conseillé de vous focaliser, mais assurément, ce qui compte, c’est de retracer la vie du personnage que nous, en tant que joueurs ou joueuses, devrons déterminer.
Ainsi, on vous propulse au départ de votre petite enfance et au fur et à mesure, vous avancez dans l’histoire de votre vie, saynète après saynète. Or ici, comme je le disais, les yeux sont la clé de voute du gameplay. Ce n’est pas parce que le métronome apparaît que la scène s’arrête automatiquement. Parfois, celui-ci est présent et si vous réussissez à ne pas cligner des yeux, elle continue, ce qui permet de grappiller des morceaux de dialogues en plus, ou de remarquer un point d’intérêt jusque-là passé inaperçu. Mais cligner des yeux est un réflexe difficile à contrôler sur le long terme et Before Your Eyes invite de toute façon à se laisser porter et ne pas lutter (ce que vous ferez quand même pour tester, j’ai fait pareil). Changer de scène involontairement en plein milieu d’un dialogue arrivera, il faut vous y faire et accepter ça comme une sorte de saine frustration. Mais quoi qu’il en soit, lors des scènes cruciales, par exemple, lorsque vous aurez des choix à effectuer qui orienteront (très légèrement) l’histoire, vous aurez tout votre temps. Cela crée un rythme un peu étrange, qu’il peut être légitime de reprocher au jeu. L’aventure étant par ailleurs un peu courte au regard de notre implication et de ce qui est dévoilé à la moitié du jeu.
Enfin, l’ambiance globale. On n’est pas seulement dans Before Your Eyes dans l’expérience de gameplay. Le récit de l’enfance de Benjamin, de sa créativité débordante, des liens tissés avec ses parents et sa voisine, de son évolution personnelle, tout cela forme une petite bulle pleine de diverses émotions et qui prend un ton tout nouveau et vraiment prenant au fur et à mesure de l’histoire. On voit littéralement la vie du protagoniste défiler devant ses yeux et pour ça, on profite de doublages de qualité qui rendent l’expérience intense et qui, accompagnés par une BO légère et mélancolique, participent à l’envoutement général. Before Your Eyes explore plein de sentiments différents et traite avec intelligence de sujets rarement simples à aborder : mort, pression parentale, solitude, deuil, etc. Des thèmes qui redoublent d’importance dans la seconde moitié du jeu, mieux réussie, je trouve.
Before Your Eyes a été testé sur PC.
Before Your Eyes est une excellente tentative de vivre le jeu vidéo de façon différente, sans pour autant investir dans un équipement coûteux ou avec la prétention de révolutionner la manière de raconter le jeu vidéo. Un entre-deux travaillé, un peu court certes, mais qui s’accompagne d’une narration touchante et qui pourra surprendre si vous êtes passé à côté en 2021.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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