Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de Escape Simulator, un jeu pour créer des escape games et en résoudre, et Fanny de Midnight Protocol, un jeu de stratégie un peu trop bavard.
Escape Simulator
Vous êtes tombés dans la fièvre de l’escape game depuis que vous avez goûté à votre première salle avec des amis ou de la famille ? Moi complètement. Il faut dire que me proposer une variante de point and click en vrai et avec une limite de temps histoire de rajouter un sentiment d’urgence, c’était pour moi l’équivalent ludique d’un texto d’Hayley Atwell m’invitant à dîner (n’hésite pas quand tu auras fini de lire cette Partie Rapide surtout). Mais parfois c’est difficile de se retrouver à plusieurs au même moment et d’avoir le budget pour faire une salle. C’est là qu’Escape Simulator débarque.
Alt + F4 mais en mieux
Si vous avez déjà fait un escape game dans votre vie, Escape Simulator ne vous surprendra en rien. Pour les autres, le principe est simple : vous êtes enfermés dans une pièce dont vous devez sortir en cherchant partout pour trouver des indices/des clés permettant d’ouvrir des cadenas jusqu’à réussir à ouvrir la porte finale, tout ça dans un temps imparti (variable en fonction des salles mais avec une moyenne d’une heure).
Et si Escape Simulator n’invente rien, il réussit très bien à retranscrire l’ambiance d’une escape room. Le jeu vous propose 3 environnements différents : le temple égyptien, la navette spatiale et le manoir anglais. Chacun de ces environnements comprend 5 salles desquelles vous devrez sortir dans les 15 minutes. Heureusement le jeu ne vous pénalise pas si vous dépassez ce temps et vous pourrez finir la salle tranquillement plutôt que de devoir refaire une partie des énigmes dont vous connaissez déjà la solution.
Parlons-en des énigmes d’ailleurs. Elles sont variées : des clés à trouver, des cadenas avec codes à déchiffrer sur des indices disséminés dans la pièce, des mécanismes à base de poids, d’images à mettre dans le bon ordre, d’éléments à placer aux bons endroits. Sur les 15 salles proposées par le jeu (pour le moment, les développeurs ont déjà annoncé 5 nouvelles salles et on peut s’attendre à plus par la suite), je n’ai pas eu une impression de répétition.
A vous donc les joies de la recherche d’objets en lieu réduit, les salles étant il faut l’avouer assez petites en termes de taille. Des objets que vous pourrez garder sur vous ou que vous pourrez jeter dans la poubelle présente dans chaque niveau, histoire de faire le tri (le jeu peut même vous indiquer lesquels sont utiles pour résoudre des énigmes et lesquels ne sont que de la décoration). Je ne reprocherai au jeu que l’absence d’indices, qui auraient été bien utiles sur certaines énigmes peut-être un peu trop obscures (même si je note qu’entre ma première partie et l’écriture de cette critique, certaines énigmes ont été un peu modifiées et sont plus claires aujourd’hui). L’occasion de préciser que le jeu n’a pas de version française, même si l’anglais n’est pas des plus complexes.
Mais l’expert en escape rooms qui sommeille en vous va me dire « mais enfin, un escape game ça se fait à plusieurs en général ! ». Et vous avez raison. Rassurez-vous, Escape Simulator a aussi pensé à vous puisque chaque salle peut être faite à deux. Cependant cette coopération peut être un avantage comme un inconvénient. Voyez-vous, dans la vraie vie de la réalité véritable, tout le monde peut voir et donner son avis rapidement sur les indices. Mais pas ici puisque si un joueur prend un papier pour le lire et le place dans son inventaire, l’autre ne pourra pas le voir. Est-ce que nous avons utilisé le partage d’écran avec mon partenaire de crime pour nous simplifier la tâche ? Vous ne pouvez pas le prouver (mais je vous le conseille fortement).
Dernière chose et non des moindres, Escape Simulator se dote d’un mode création ! Si vous avez toujours voulu devenir l’esprit machiavélique à l’origine des pires salles de torture d’esprits, le jeu vous donne tous les outils (notamment l’intégralité des objets et décors du jeu de base) pour réaliser vos rêves. Vous pouvez même augmenter drastiquement la taille de la salle, ce qui devrait laisser à celles et ceux qui auront le courage et les idées de quoi s’amuser un moment.
Escape Simulator a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Escape Simulator est une très bonne retranscription vidéoludique du plaisir des escape games. S’il propose déjà pour le moment entre 3 et 4 heures de jeu, l’ajout de nouvelles salles par les développeurs de Pine Studio mais aussi et surtout par une communauté qui j’espère saura être au rendez-vous me permettra de relancer régulièrement le jeu avec plaisir. D’ici là, plus qu’à contacter les amis et faire un Doodle pour trouver l’occasion de refaire une nouvelle salle.
Midnight Protocol
Quand un gouverneur américain pense qu’appuyer sur F12 pour lire de l’HTML accessible à tous constitue un acte de piratage, il est facile de comprendre pourquoi la représentation fantasmée du hacker a encore de beaux jours devant elle. Qu’il soit malveillant, éthique ou engagé, le hacker continue d’être une espèce de figure mystique dont la véritable façon d’opérer reste encore assez obscure pour la plupart des personnes. Si certains jeux cherchent à expliquer ce qu’il en est vraiment, d’autres continuent de jouer sur cette aura. C’est le cas de Midnight Protocol de LuGus Studio, un jeu narratif et stratégique jouable uniquement au clavier et qui combine un gameplay extrêmement satisfaisant avec plusieurs défauts qui rendent l’expérience terriblement frustrante.
Plus de Data, moins de Lore
On joue dans Midnight Protocol une hackeuse surnommée Data, légende du milieu, dont l’identité réelle a été dévoilée par un de ses pairs, ce qui lui a valu d’être arrêtée. Désormais libérée, elle cherche à comprendre qui a fait ça et surtout pourquoi. Pour réussir à résoudre ce mystère, nous devrons partager notre temps entre les deux phases proposées par le jeu. La première sera la phase de préparation avant les différentes missions. On naviguera, uniquement au clavier, dans les menus de l’ordinateur de notre personnage, lesquels nous permettront de lire les mails dans lesquels on reçoit des informations pour nos missions, de faire un tour sur le marché noir pour acheter des programmes et des améliorations et enfin, de construire notre deck. Celui-ci contient les programmes que l’on souhaite utiliser lors de nos missions afin de déjouer les obstacles qui se présenteront. Selon les améliorations achetées, nous sommes limité à un nombre plus ou moins grand de programmes à choisir. Certains seront des incontournables quasiment présents à chaque fois quand d’autres seront plus situationnels. Pour nous aider, certaines missions auront des descriptions des menaces qui nous attendent.
Une fois notre deck préparé, il est temps de lancer notre mission. Chacune d’entre elles se passe sur le réseau de notre cible, représenté par différents « nodes » reliés entre eux. Nous avons un objectif principal, qui consiste généralement à interagir avec un ou plusieurs nodes d’une certaine manière, et parfois des objectifs secondaires ou juste la possibilité d’aller siphonner l’argent ou les données de notre cible si l’on le souhaite. Tout se déroule au tour par tour et deux actions sont possibles par tour, parfois plus avec l’aide de certains programmes. Lancer ou supprimer un programme prend une action et se déplacer sur les différents nodes en prend également une. Toute action se fait au sein d’une console, nous permettant de rentrer des commandes comme « move nomdunode » pour se déplacer ou « nomduprogramme » pour lancer un programme en particulier.
Mais nous avons aussi un nombre de « slices » limité, qui sont la ressource consommée par les programmes quand ils sont actifs. Chaque programme a un nombre minimum de slices demandé pour son activation et par défaut, lors de son lancement, il prendra toutes les slices restantes. Vous pouvez réduire ce nombre, et donc réduire son efficacité, pour avoir de quoi lancer un autre programme ou l’augmenter lorsque de la place se libère. En plus des différentes défenses à déjouer sur les réseaux de vos cibles, il faudra aussi gérer une barre de traçage, dont la taille dépend généralement de la complexité de la mission. A chaque tour, l’IA tente de traquer votre signal. Selon les programmes utilisés, elle a plus ou moins de chances de réussir et donc d’ajouter un point à la barre. Si celle-ci est complète, il ne vous restera qu’un tour avant que votre signal soit totalement repéré, votre compte en banque siphonné et que le game over s’affiche. Il s’agit donc de réussir à utiliser ses programmes intelligemment pour équilibrer ces différents aspects et réussir l’objectif principal de la mission.
Jouer uniquement au clavier et dans une console « réaliste » avec ses raccourcis et son auto-complétion se trouve être incroyablement satisfaisant. La musique, souvent intense et stressante, aide beaucoup dans l’ambiance et on se retrouve à taper à toute vitesse des commandes alors même que le jeu nous laisse tout notre temps durant nos tours. Malheureusement, les qualités de ce gameplay intelligent et stratégique se retrouvent vite amoindries par les défauts agaçants que présente le jeu. Par exemple, il est dommage que dans un jeu qui se veut stratégique, plusieurs missions soient basées sur des actions aléatoires de l’IA, qui peut faire apparaître des menaces lors d’une tentative et pas durant une autre, mettant rapidement à mal notre deck.
On retrouve le même défaut lors des missions ne donnant aucune information, ou juste de vagues indications, au préalable sur le réseau. La première tentative sert donc juste à explorer le réseau un peu au hasard pour déterminer les menaces, avant de réessayer avec le deck adéquat pour y faire face sans difficulté. On y perd tout le côté stratégique et c’est dommage. Certaines missions seront franchement dures et ne laisseront que peu de place à l’erreur. Elles aussi devront être recommencées plusieurs fois pour être réussies et laisseront l’impression d’une stratégie forcément un peu brouillonne, où l’on force le passage en espérant réussir finir avant d’être tracé. D’autres au contraire seront extrêmement faciles et se réduiront aux mêmes commandes en boucle pour contrer l’IA en attendant qu’une action en particulier se finisse. Malheureusement, à l’inverse de son gameplay, Midnight Protocol n’arrive jamais à être très satisfaisant dans la résolution des missions.
Edit du 19/10 : depuis l’écriture de cette critique, une mise à jour a été apportée à Midnight Protocol. Les développeurs ont corrigé une partie des défauts énoncés ci-dessus : le port scanner donne plus d’informations sur le réseau au préalable et l’agencement de certains des niveaux n’est plus fixe, il y a désormais plusieurs variations. Il n’est donc plus possible de « casser » le jeu en explorant les niveaux pour connaitre la disposition des obstacles puis utiliser le rollback pour modifier son deck et rouler sur le niveau en connaissant toutes les difficultés à l’avance.
Mais recommencer des missions plusieurs fois ne serait pas si agaçant si Midnight Protocol n’était pas en plus un jeu narratif. Certaines missions principales combinent la nécessité d’être recommencées plusieurs fois par manque d’informations avec le fait de posséder des dialogues longs avant ou durant la mission, qu’il est impossible de passer. On se retrouve donc à relire les mêmes dialogues encore et encore durant chacun de nos essais et à subir de longs tours à attendre que l’IA agisse. Au final, le scénario ne devient qu’un obstacle de plus à surmonter dans nos missions. C’est dommage car s’il reste classique avec un twist prévisible, le scénario est tout de même un ajout sympathique et appréciable dans les phases de préparation, où l’on reçoit l’aide de plusieurs autres personnages attachants. On aurait juste aimé pouvoir le passer dans certains cas.
Midnight Protocol a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
En permettant de passer les dialogues lors des missions et avec moins d’aléatoire, Midnight Protocol deviendrait un jeu de hacker très satisfaisant, malgré ses autres défauts. Il est dommage que la très bonne idée de gameplay et le scénario correct finissent par passer au second plan tant l’agacement devant la nécessité de refaire les mêmes actions en boucle prend le dessus au bout d’une dizaine d’heures. Mais si vous êtes plus patients que moi, Midnight Protocol vaut malgré tout le coup d’oeil pour sa proposition originale. Attention cependant si vous êtes sensibles aux flashs et aux images qui se déforment/tremblent fortement, plusieurs missions obligatoires pour le scénario en possèdent.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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