Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift a fait des trucs drôles et stupides dans McPixel 3, avant de faire d'autres trucs drôles et stupides mais en VR dans What the Bat?
McPixel 3
Dix ans après la sortie du génial et débilissime McPixel - et sans passer par la case épisode 2, faisant entrer le titre dans cet étrange club constitué de Brice de Nice et Goat Simulator - le Polonais Mikołaj Kamiński, alias Sos Sosowski, revient avec McPixel 3, cette fois-ci en compagnie de Devolver Digital. Le premier titre étant culte au sein d'une assez petite niche, ce McPixel 3 est l'occasion parfaite pour faire découvrir ce monument de stupidité à un plus large public, et d'en reprendre une bonne dose pour les initié·es.
Gagner au jeu du plus con
Si vous ne connaissez pas le concept et la philosophie de McPixel, soyez prévenu·e : la plus grande force de la licence se trouve dans la bêtise toujours plus spectaculaire et extravagante de son personnage et des situations dans lesquelles il se retrouve. Pensé comme une parodie du célèbre McGyver et du un peu moins célèbre McGruber, le titre de Sos repose sur une série de scénettes de quelques secondes, dans lesquelles il sera question de "sauver vos miches" (hé oui, Michel Pimpant, notre gars sûr de la traduction française de titres Devolver, est de retour), le plus souvent d'une bombe prête à exploser.
McPixel 3 fait ainsi partie de ces jeux à but humoristique, et s'en sort d'une des plus belles - et radicales - des manières. Car l'humour de McPixel n'est pas tant basé sur son écriture ou sa mise en scène : McPixel est surtout hilarant grâce à son gameplay, qui nous incite, séquence après séquence, à être encore plus stupide que lui. Ce gameplay est simpliste : il suffit de cliquer sur les objets avec lesquels vous souhaitez faire interagir McPixel ou sur les flèches pour le faire changer de tableau. Le titre ne tentera jamais de vous mettre des bâtons dans les roues (il est possible, d'une pression sur un bouton, de faire apparaître toutes les actions possibles à l'écran), et ira toujours à l'essentiel (saynètes d'une vingtaine de secondes, possibilité de passer cinématiques et animations). McPixel 3 est frénétique, mais surtout extrêmement simple d'accès et se met tout entier au service de la blague.
Une fois les scènes résolues, il est possible (et recommandé) de refaire les niveaux, pour en extraire un maximum de blagues. Chaque clic, chaque interaction est à l'origine d'un gag idiot, et surtout inattendu. C'est là tout le génie de Sos et l'intérêt de McPixel : ce dernier est certes une parodie de McGyver, mais c'est également une parodie de point & click et de puzzle game, en cela que rien, jamais, ne réagit comme il le devrait, et la solution aux énigmes est souvent aux antipodes de la logique et de la raison. Je ne donnerai aucun exemple pour ne pas spoiler le principal intérêt du titre, mais vous constaterez qu'il faut vite arrêter de réfléchir face aux multiples scénettes et se laisser porter par les réactions stupides de notre protagoniste et de son environnement pour en apprécier les vannes, et éventuellement la résolution de la séquence.
C'est peut-être sa seule limite - exacerbée pour ma part par le besoin de finir rapidement le jeu afin d'écrire dessus, et donc de le parcourir de manière un peu intensive - : McPixel 3 en fait parfois un peu trop. Un peu trop de gags dans certaines séquences, un peu trop de niveaux, un peu trop long ; le titre montre ainsi un léger ventre mou aux alentours de l'acte 3, dans lequel les situations et les gags accusent une petite baisse de régime dans la créativité (à moins que ce ne soit la lassitude et la routine qui s'installent), avant de repartir à fond pour l'acte 4 et son tunnel final aussi con qu'inventif. On n'en ressort certes pas plus intelligent, mais heureux d'avoir assisté à un tel déluge d'idiotie décomplexée et de créativité humoristique.
McPixel 3 a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch, Xbox One et Xbox Series.
Grands dieux que c'était bête. McPixel 3 est une ode à la bêtise la plus crasse (mais jamais offensante) et à l'absurdité la plus folle. Allergiques à l'humour potache décérébré et à l'absurde sans limites allant parfois très loin dans l'abstrait et l'expérimental : passez votre chemin, l'overdose sera atteinte en deux minutes. Pour les autres, le titre de Sos Sosowski est un grand huit de stupidité de haute volée, atteignant souvent des sommets de créativité dont il serait fort dommage de se passer.
What the Bat?
Il y a trois ans, Murray nous parlait, non sans enthousiasme, de ce jeu-blague qu'était What the Golf?, ce jeu de golf qui n'en était pas vraiment un. Son développeur et éditeur, Triband, remet le couvert avec What the Bat?, qui n'est cette fois-ci pas un jeu de baseball, mais introduit la formule à la VR, pour le meilleur et pour le pire.
Nananananana Batteman
Tout comme son grand frère, What the Bat? n'est pas tant là pour être un jeu de baseball ou même de sport, mais pour exploiter à fond son concept stupide, ce concept étant : faire tout et n'importe quoi, mais avec des battes à la place des mains. Et en VR, donc. La crainte de se retrouver face à un shitpost injouable à la Surgeon Simulator est très vite écartée : What the Bat? est bien plus malin que ça, et base son gameplay et son humour sur autre chose que "tout est galère à faire car la physique est merdique". Je déteste Surgeon Simulator, je ne sais pas si ça se voit.
Non, ici, l'intérêt du titre repose à la fois sur son humour absurde - que l'on retrouvait déjà dans What the Golf? - et sur l'exploitation de la réalité virtuelle. Côté absurde, on retrouve tout ce qui faisait la réussite du titre précédent de Triland : règles qui changent tout le temps (vous n'êtes pas à l'abri qu'un mouvement de poignet propulse parfois votre batte à l'autre bout du niveau au lieu de frapper), références vidéoludiques bien trouvées et surtout bien dosées et réinterprétées, running gags, irruption d'éléments absurdes ou inattendus dans les niveaux... What the Bat? est encore une fois une collection de scénettes regroupées de façon thématique - les battes à la campagne, les battes dans l'espace, les battes sur une île déserte, etc. - à picorer par petites sessions et dont l'intérêt principal repose plus dans la découverte d'une nouvelle exploitation inventive de ce concept crétin, mais généreux, que dans l'exécution des mécaniques en elles-mêmes.
Et ça fonctionne encore très bien, encore plus grâce à la VR, qui permet de tourner la tête dans tous les sens pour chercher où se cache l'éléphant du niveau ou le trophée à frapper, de peindre (mal) des fresques, de taper tout ce qui bouge, de caresser un chien ou de se prendre en selfie. Si le concept de mains-battes est utilisé jusqu'au bout, c'est également le cas du choix de la VR, qui, loin d'être un gadget, prend une place centrale dans le game design - dont un des ressorts principaux est de nous faire prendre des positions ridicules - et dans la conception des niveaux.
Malheureusement, What the Bat? ne semble pas assumer jusqu'au bout d'être un jeu humoristique et nous parachute régulièrement dans des niveaux un peu trop exigeants pour la précision dont il fait preuve et pour son ton léger. Le décor de ces séquences reste tout aussi drôle et absurde que dans le reste du titre, mais le gameplay, habituellement axé sur du puzzle game léger et des mécaniques - très permissives - de visée afin de laisser exister ses blagues, dévie sur des épreuves chronométrées ou munies de Game Over.
Et si un petit peu de stress peut s'avérer rigolo (quand il s'agit de balancer des balles à la figure de requins ou de loups qui s'approchent, par exemple), l'imprécision de la visée ou des mouvements finit par un peu agacer, et atténuer le plaisir de la découverte. Le jeu étant plutôt court (environ 2h30, mais le studio prévoit d'ajouter des niveaux au fur et à mesure, il faut dire qu'il y a de quoi faire), il est d'autant plus dommage de voir se reproduire ce genre de séquences un peu hors-sujet qui font sortir malgré elles de cette ambiance autrement chill et amusante. Rien qui nous empêcherait de le recommander aux possesseurs de casques VR (c'est-à-dire pas grand monde), mais ça nous aura fait froncer les sourcils à plusieurs reprises.
What the Bat? a été testé sur PC et Meta Quest 2 via une clé fournie par l'éditeur.
Si le passage à la VR est globalement une réussite en termes de mise en scène et d'humour pour Triband avec What the Bat?, on regrettera tout de même quelques errements dans le game design, qui a parfois tendance à surestimer sa physique et sa précision. Le titre reste un digne successeur de What the Golf?, et parvient à exploiter avec le même jusqu'au-boutisme son nouveau concept, et promet encore de bons moments avec les niveaux supplémentaires à venir.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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