Alors c’est l’histoire d’un Space Marine, d’une sorcière, d’une belette à lunettes, d’un cuistot devenu combattant, d’un survivaliste et d’un mec sans visage, ils sont dans un bar et…non mais attendez partez pas c’est pas une blague c’est The Hex.
Comment bien choisir le jeu de son premier test ? C’est la question que je me suis posée en arrivant chez The Pixel Post. Est-ce que je devais choisir un jeu de sport plutôt classique, un RPG aux mécanismes complexes, un remake qui ne prend pas trop de risques ou bien encore un jeu d’horreur à faire seul dans le noir pendant une nuit d’orage ? Et ce choix ne risquait-il pas de me voir catégorisé dans un style qui n’est pas forcément mon préféré? C’est alors que Daniel Mullins de chez…Daniel Mullins Games (à qui l’on doit déjà le réussi Pony Island) est arrivé avec The Hex et qu’il a eu la gentillesse de me retirer une belle épine du pied.
Les Sinister Six… + 1
Tout commence donc dans un bar-hôtel, le Six Pint Inn, où nous retrouvons les 6 personnages jouables de l’aventure, accompagnés d’un vieux Barman en fauteuil roulant. Vous avez déjà joué à un jeu dans votre vie ? Vous ne devriez pas avoir trop de mal à reconnaître les différents stéréotypes représentés par chaque protagoniste : vous trouverez ainsi dans le désordre un héros de jeu de plateforme, une sorcière de RPG, un Space Marine, un vieillard sénile et survivaliste de jeu de rôle tactique, un combattant lambda et enfin un héros silencieux de jeu à la première personne, dont seules les mains sont modélisées.
Tout ce beau monde passe une nuit morose de plus quand le téléphone sonne, indiquant au barman que l’un de ses clients est sur le point de commettre un meurtre le soir-même. L’occasion parfaite pour le joueur de prendre tour à tour le contrôle de chacun de ces personnages pour enquêter, mais surtout découvrir la raison de leur présence dans ce bar-hôtel où l’on n’aimerait pas avoir à passer ses vacances.
Parlons tout de suite de l’éléphant dans la pièce : ce n’est pas très beau…bon d’accord c’est moche. Mais précisons dès maintenant que Daniel Mullins est seul à faire son jeu (Jonah Senzel ne s’occupant que de la musique et du sound design) et que le jeu a assez de qualités (et quelques défauts) pour que les graphismes simplistes passent au second plan. Je rajouterais même que je n’ai pas rencontré un seul bug (tout du moins involontaire…) lors de ma partie, ce qui est assez rare aujourd’hui pour que je me permette de le souligner. Dernière précision, le jeu est exclusivement en anglais, même s’il s’agit d’un anglais assez simple pour que même Google Traduction arrive à vous aider (mais ne l’utilisez pas quand même c’est le mal).
Mais revenons à nos personnages… et autant vous prévenir tout de suite, vous n’aurez aucune marge de manœuvre concernant lequel vous allez pouvoir contrôler. C’est le jeu qui va vous proposer une belle ligne droite avec une structure semblable d’un personnage à l’autre : on se balade dans l’hôtel, on déclenche un événement qui va provoquer un flashback permettant de découvrir de quel jeu vient le personnage en question et ce qui a pu lui arriver pour qu’il se retrouve au Six Pint Inn, on joue à son jeu ce qui permet de faire avancer au passage l’histoire principale et on passe au personnage suivant.
A vouloir trop en faire…
Rassurez-vous cependant, la monotonie ne s’installe pas pour autant et heureusement, ça serait embêtant pour un jeu qui se boucle en un peu plus de 5 heures. En effet, si chaque personnage a sa propre et sombre histoire (j’y reviendrai), il a aussi son propre jeu et donc son propre gameplay : plates-formes, Versus Fighting, RPG au tour par tour, Walking Simulator, Puzzle Game, Shooter en vue du dessus et j’en passe. J’espère que vous aimez toucher à tout.
J’en profite pour faire une mention spéciale aux contrôles du jeu puisque vous n’utiliserez en tout et pour tout que les flèches directionnelles et le clic gauche de votre souris et ce, peu importe le style de jeu auquel vous allez devoir vous confronter.
Mais si cette diversité est l’une des forces de ce jeu, il en est aussi sa principale faiblesse. En effet, difficile d’intégrer des mécanismes complexes à un fighting game ou un tactique quand le joueur ne va y jouer que 45 min au maximum avant de passer au suivant. En résulte un jeu extrêmement facile qui rebutera toute personne qui aime être maltraitée (je ne juge pas, on a tous nos petits péchés mignons). Le problème est d’ailleurs encore plus visible dans sa partie RPG où on peut réussir facilement à ne prendre aucun dégât jusqu’au Boss et où il suffit de cliquer sur la même attaque encore et encore… ce qui rend cette partie du jeu répétitive et légèrement ennuyeuse il faut bien l’avouer.
Sa place est dans un musée
Cette faiblesse due à la trop grande simplicité du jeu dans son ensemble est cependant contrebalancée par une histoire qui va bien plus loin qu’un simple Cluedo entre personnages de jeux vidéo. Encore mieux, l’histoire va même jusqu’à justifier parfois cette simplicité : prenons l’exemple de Super Weasel Kid, mélange du physique d’un Crash Bandicoot, de la mentalité d’un Sonic, le tout dans le monde d’un Mario, et surtout le premier personnage que vous allez contrôler. Ce héros dans son premier jeu ne peut pas mourir, son sidekick ajoutant de la terre sur les pics pour qu’il ne s’empale pas malencontreusement dessus. Il en va de même pour notre héros de jeu tactique dans un univers post apocalyptique (que je redoutais très fortement… j’y peux rien, je suis mauvais dans ce type de jeu) : le joueur va pouvoir bénéficier de cheat codes pour l’aider à avancer. Et ces cheats codes sont justifiés par l’utilisation de mods par la communauté des joueurs.
Et c’est là que The Hex dépasse le simple cadre du jeu pour devenir beaucoup plus méta. Tous ces personnages ont plus ou moins conscience de faire partie d’un même écosystème et d’être le fruit de l’imagination d’un même développeur qui va devenir de plus en plus central à l’intrigue. Et c’est en découvrant plus sur ce mystérieux personnage que l’on va comprendre l’évolution des jeux qu’il a pu réaliser. Ainsi Super Weasel Kid, héros d’une trilogie de jeux de plates-formes va connaître une évolution plus portée sur l’action (et pas vraiment désirée par le personnage) dans son second jeu en raison des critiques des joueurs du premier jeu à sa sortie (critiques qui vont devenir des plates-formes sur lesquelles notre héros va pouvoir sauter… je vous avais dit que c’était méta). De même, on va pouvoir suivre la détresse de Bryce, le combattant qui n’a jamais demandé à intégrer ce jeu violent et souhaite juste revenir à son jeu de cuisine où il aidait sa grand-mère à faire des tartes. Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise mais sachez que chaque personnage a ses propres motivations et que celles-ci vont souvent à l’encontre de ce qu’on attend du stéréotype qu’il est censé représenter.
Au delà des aventures de ses protagonistes, The Hex est aussi une vraie déclaration d’amour aux jeux vidéo et à leur évolution. A l’image d’un Evoland (1 et 2), on suit la transformation du médium, du jeu de plates-formes classique jusqu’au récent mode battle royale. On remonte le temps pour redécouvrir les genres avec lesquels on a pu grandir. Et si le gameplay est souvent trop simpliste, faute de temps, chaque type de jeu que l’on est amené à faire permet de se rappeler des bons souvenirs de moments passés devant un écran à tube cathodique, un paquet de bonbons à portée de main.
The Hex a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
The Hex n’est pas un jeu beau mais c’est un beau jeu. Derrière son gameplay simpliste à l’extrême se cache une bonne histoire, cassant le 4ème mur sans le faire avec un pied de biche et qui permet de s’attacher à des personnes avec lesquels on ne va jouer pourtant qu’une heure tout au plus. En plus de ça, il vous offre un joli paquet de madeleines de Proust bien fraîches et quand on est gourmand, ça ne se refuse pas.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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