C’est assez difficile de juger le genre de triple A qu’est Shadow of War. A la fois open world d’une banalité exemplaire, mais également générateur de petites histoires de haine contre des orcs, j’ai bien galéré pour vous écrire ce test.
Comme vous le savez Shadow of War est la suite d’un autre Shadow qui lui aussi proposait une recette banale entre Assassin’s Creed et Batman, mais qui tenait uniquement sur le génie du système Némésis, avec ses orcs tenaces qui vous poursuivaient. D’avance je vous préviens : War ne change que très peu de chose à la recette de Mordor. Plutôt conservateur il se contente de bâtir sur les solides fondations d’un système Némésis déjà excellent pour en faire le cœur du jeu, plutôt qu’une feature amusante. On va y aller doucement, suivez-moi dans les profondeurs du Mordor, où les orcs ont tous plus de personnalité que votre personnage.
« Un orc ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes »
Shadow of War commence mal. Mal dans le genre 4/5h d’un tuto dirigiste, qui ne fait aucunement honneur à l’ouverture de la suite de l’aventure. Vous commencerez donc par faire des allers/retours entre Minas Ithil (futur Minas Morgul) et l’antre d’Arachne (qui est passée du statut d’araignée dégueulasse à celui de femme fatale très charmante mam’zelle, cherchez pas) pour vous apprendre les bases du jeu. Alors bien sûr, vous aurez un semblant d’open world, et vous passerez la majeure partie du temps à tuer des orcs en pensant que ça servira à quelque chose. Que nenni, tuer les généraux de Sauron dans ce premier acte ne sert strictement à rien, puisque de toute façon vous allez perdre la forteresse et que vous finirez par vous retrouver à l’autre bout du royaume de Sauron. Exemple typique de la difficulté de faire un tuto efficace dans un open world. Le premier réflexe du joueur sera de se balader, d’explorer, et d’ignorer les tutoriels, surtout s’il est expérimenté dans le genre. Mais non ici vous DEVREZ faire les missions relou qui sont là pour vous apprendre des bases que vous avez si vous avez déjà touché un jeu vidéo de ce type une fois dans votre vie. C’est très frustrant, et on attend pendant toute cette partie que le jeu nous lâche la main et nous laisse ENFIN l’opportunité de faire ce que la promo nous a promis : bâtir notre armée, botter le cul de Sauron, et jouer au petit soldat avec des orcs hauts en couleur.
Après cette phase douloureuse, j’ai passé les 15 prochaines heures à prendre les 3 forteresses principales du Mordor en ignorant complètement les quêtes qu’on me demandait de faire. Quand Shadow of War te lâche la main, tu es enfin libre et là il brille. A partir du moment où l’on récupère l’anneau de pouvoir pour convertir les orcs, on est encore un petit peu accompagné, mais de manière bien plus organique. Basiquement un orc, votre premier converti, sortira de nulle part pour vous donner des conseils et vous orienter vers ce qu’il faut faire. Une fois la première forteresse prise vous êtes sans filets et libre à vous de faire ce que vous voulez. C’est comme ça que je me suis retrouvé à conquérir la moitié du Mordor, avant de me retrouver face à un chef de Forteresse bien trop puissant pour moi. C’est à ce moment que j’ai enfin compris que ces quêtes qui traînaient depuis 15 heures dans mon journal n’étaient pas secondaires, et étaient censées être faites au fur et à mesure du jeu et accompagner mes conquêtes. Qu’importe. De toute façon je m’amusais bien trop avec ces idiots d’orcs, et je n’avais aucune envie de m’embêter avec des cinématiques mal écrites, et pas très intéressantes. Franchement : le scénario de Shadow of War on s’en fiche, mais tellement.
Pokemon mais avec des orcs
Car soyons clair : le cœur du jeu ce n’est pas son histoire, qui s’assoit allègrement sur l’univers de Tolkien, et qui, même sans ça, est affligeante de banalité et d’inutilité. Non, le cœur ce sont ces orcs, ces tarés, crades, perturbés, rigolos, parfois touchants, d’orcs. Hélas pour moi je n’ai pas pu profiter au maximum du nouveau système Némésis, n’ayant eu aucune difficulté à tuer ou convertir tous les capitaines que je croisais. Jusqu’à Ur-Lasu le Masochiste, ce fameux capitaine de forteresse qui m’a tué au moins trois fois, et contre qui j’ai développé une haine tenace, avant de le convertir de force à ma cause à la fin du jeu. Je vous conseillerais donc de ne pas hésiter à pousser la difficulté, surtout si vous êtes habitué à la recette des jeux Warner, afin d’avoir deux trois orcs qui vous poursuivront et contre qui vous pourrez bâtir une vraie petite histoire de rivalité et de haine. Et tant que nous y sommes, parlons-en de ces orcs. On est bien obligé de saluer le travail de character design des gens de chez Monolith : tous les capitaines ont une personnalité, brossée en quelques lignes de dialogues, mais surtout grâce à leur tronche. Sadique, fourbe, maso, fou, rigolo, même barde, vous saurez immédiatement ce qu’est cet orc, qui il est, et ce qu’il aime dans la vie (généralement : tuer et torturer, mais parfois la musique). Alors oui au bout d’un moment la courte cinématique de chaque capitaine qui vous provoque finit par lasser, et l’envie de la passer est présente mais hélas ce n’est pas possible. En particulier quand vous attaquez un capitaine, puis qu’un copain arrive, puis qu’un de vos orcs débarque, puis qu’UN AUTRE ARRIVE, et votre baston se retrouvera coupée par trois cinématiques.
On va passer vite sur le combat, qui est identique au premier, mais aussi à l’intégralité des autres jeux de la Warner. Construit sur les bases du système de baston des Batman Arkham, vous aurez ici des pouvoirs elfiques plutôt que des gadgets. Si vous avez aimé vous taper dans Mad Max ou Batman, vous aimerez vous fritter dans Shadow of War. Talion est peut-être un petit peu plus vif que Batou ou Max, mais il s’agira toujours de faire monter sa barre de combo pour balancer des finishers de plus en plus puissants au fil de votre montée de niveau. Le reste du jeu est un wargame simplifié où vous convertirez les orcs d’une région, avant de prendre d’assaut sa forteresse. Il y en a quatre à conquérir avant de déclencher la fin du jeu. Vous aurez plusieurs stratégies à votre disposition : foncer comme un bourrin sans s’occuper des capitaines qui apportent des capacités spéciales aux forteresses (par exemple des murs renforcés). Ou alors vous pouvez les tuer, ce qui désactivera le bonus. Mais le plus fun restera de les convertir à votre cause, et de les renvoyer à leur poste, ce qui aura le mérite d’avoir jusqu’à 4 capitaines de haut niveau derrière les lignes ennemies lors des batailles. Ajoutez à ça le plaisir de convertir les gardes du corps des capitaines pour les voir trahir leur chef, et vous comprendrez très vite qu’il est bien plus fun d’être un petit peu fourbe plutôt que bourrin. Ah oui : techniquement y’a de l’infiltration, mais franchement qui s’en préoccupe quand il est si rigolo de se battre. Une fois le jeu fini vous avez une quatrième partie, qui n’est pas scénarisée : il s’agira de tenir des forteresses, et d’en prendre, pour débloquer la « vraie fin ». C’est ici que les loot boxs peuvent poser un problème, servant de cheat codes payants pour accélérer le grind de cette partie. Notons que durant les trois autres parties, vous n’avez aucun besoin de dépenser le moindre argent réel pour des coffres virtuels, le jeu étant très bien équilibré. Donc au pire si vous n’avez aucune patience, et que vous ne voulez pas soutenir ce système à la limite des paris en ligne, il y a Youtube.
Shadow of War est un bon jeu. Mais c’est aussi un jeu banal. Je n’ai pas décrit en détail l’open world, mais c’est parce qu’il est identique à tous les autres jeux du genre avec ses icônes partout, et ses collectibles inutiles. Très franchement, le jeu est uniquement sauvé grâce à ce système Némésis qui brille au firmament des idées qui devraient être partout dans les jeux vidéo. Plutôt que réinventer la roue, Monolith a amélioré un système amusant pour le transformer en petite merveille de générateur d’histoire procédurale. Et rien que pour ça on pourrait (presque) oublier la politique commerciale de Warner à base de loot box et des season pass à 30 balles.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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