Presque quatre ans après la sortie du premier opus, Little Nightmares revient avec un préquel, Little Nightmares II, toujours porté par Tarsier Studio. On laissera temporairement derrière nous Six, l’héroïne du premier jeu, pour incarner Mono, un petit garçon avec un sac en papier sur la tête, perdu dans un monde apocalyptique.
Bien loin de vouloir essayer le premier volet de Little Nightmares à sa sortie en 2017 (surtout par peur d’avoir peur, j’avoue), j’ai rattrapé le jeu pendant le premier confinement (donc il y a quasiment un an, oui oui…) et il faut dire que j’avais été plutôt déçue. Tout comme notre ami Zali, je l’avais trouvé intéressant dans sa direction artistique et dans ses idées quelques fois originales, mais déçue et irritée par son gameplay imprécis ainsi que ses énigmes parfois un peu tirées par les cheveux. La dernière partie du jeu était tout de même remarquable, en offrant une fin sublime et plein d’espoirs pour la licence. C’est donc avec enthousiasme que j’ai pu lancer ce deuxième opus. Et qu’en est-il ? Encore loin d’être parfait, Little Nightmares II surpasse en tous points le premier opus.
Si le loup y était, il nous mangerait…
Venez donc, approchez doucement… Les enfants, l’heure est venue de vous raconter une histoire qui fait peur. Venez donc autour du feu. La présence de lumière dans cette forêt lugubre se résume à ces flammes, parfois vives, parfois un peu timides… mais n’ayez pas peur, non… pas maintenant. Vous allez incarner Mono. Mono est un petit garçon avec un masque en papier qui recouvre son visage et qui se réveille dans une forêt. Vous ignorez pourquoi vous êtes là, mais quelques pas suffisent pour comprendre que le monde autour de vous n’est plus comme avant. Des cadavres d’enfants jonchent le sol, on peut voir des jouets, des chaussures éparpillées. Des masses organiques avancent péniblement dans ce monde apocalyptique. Les adultes sont devenus des monstres, des zombies, prêts à tout pour dévorer le peu d’enfants qu’il reste. Ils semblent avoir développé une fascination, une dépendance aux écrans de télévision, qu’ils regardent bêtement toute la journée. Mais attention, les enfants, à ne pas les déranger. Sans quoi ils vous mangeraient.
C’est dans cette forêt funèbre que vous progressez doucement. Il faut être calme et réfléchi pour passer les quelques obstacles présentés sous forme d’énigme ou de casse-tête. C’est une atmosphère étrange qui règne dans cette forêt. Elle est sombre, mais la lumière est belle. Elle est angoissante, mais la musique que vous entendez est jolie, mélancolique, presque attirante. Reprenez vos esprits, car tout cela pourrait vous jouer des tours, et ce chasseur pourrait bien vous attraper.
1,2,3 so… HAAAA !
Avancer. Il faut absolument avancer. Encore, et encore. Traverser la forêt, puis la ville abandonnée, pour rejoindre l’école, puis l’hôpital, puis de nouveau la ville… avancez, marchez, courez, ne vous arrêtez pas.
Eh oui les enfants, il faut retourner à l’école. Même dans ce monde étrange, même si vous avez peur, même si vous vous sentez prisonnier de ce cauchemar qui ne vous lâche pas. Mais heureusement, vous ne serez pas seul.e. Car en chemin, une petite fille vous a rejoint. Elle vous protège, elle vous aide, et en retour, vous la protégez et vous l’aidez également. Elle s’appelle Six. Elle a des vieux vêtements déchirés, comme vous. Alors vous rentrez tous les deux dans cette école, vide de joie et de rires. Les seuls enfants encore présents vous veulent du mal, à tel point qu’il vous faut utiliser des outils pour les neutraliser : une hache, un bâton… Ces outils sont lourds, ils sont difficiles à manier, tout est imprécis, et il vous faut plusieurs essais avant de pouvoir vous débarrasser d’eux. Vous avez ainsi presque oublié ce qui se passait avant, et ce qui vous attend plus tard. À cause de ce combat, vous avez même oublié où vous étiez, à quel point tout ce qui vous entoure fait peur, ce que les lieux essaient de vous raconter. Les armes ne sont pas les seules à être bien trop imprécises pour vos petits bras, parce que les décors sont mouvants. Il faut sauter, courir, beaucoup de fois. Et il vous arrive de tomber, encore et encore. Votre cauchemar se prolonge, il ne s’arrête pas, il dure. C’est long. Vous pensez que vous ne vous en sortirez jamais.
Mais revenons à cette fameuse école. Probablement l’endroit le plus morne et glaçant que vous aurez à traverser. Ces enfants qui veulent votre peau ne sont qu’un avant-goût de ce qui vous attend, puisque vous rencontrerez bientôt la maîtresse. Il faudra éviter de se faire repérer, vous pourrez même jouer à cache-cache, à 1 2 3 soleil, mais pour votre propre survie. Elle vous poursuit, elle vous traque. Fuyez, fuyez, qu’elle ne vous retrouve pas.
Vite, vite, sauvons-nous !
Il fait froid. Mais il faut avancer. Vous vous rendez vite compte que tous ces monstres autour de vous ne font qu’accentuer votre solitude. Peut-être que le but de cette épreuve, c’est finalement de vous retrouver avec vous-même. De remettre en question le monde qui nous entoure. De se demander qui on est vraiment, ce qu’on veut. Quelles sont nos motivations. Vous savez qu’il faut continuer d’avancer, mais il est parfois compliqué de savoir pourquoi. L’univers a l’air de vous poser des questions, mais il a aussi l’air de vouloir vous raconter une histoire. Histoire que vous ne comprenez pas tout le temps. Une histoire qui semble parfois être motivée par des idées un peu archaïques, comme avec cette histoire de télévision qui hypnotise les adultes.
Le chemin est encore long, surtout vers la fin. Après avoir poussé des cris de surprise, de peur et de désespoir dans l’école et dans l’hôpital, c’est l’heure des soupirs de découragement. Parce que tout est plus approximatif autour de vous, comme si le monde dans lequel vous avancez était bugué. Vous rencontrez également souvent des pièges, ce qui vous oblige à revenir en arrière, pour tenter, plusieurs fois, de passer un obstacle. Pour arriver à ce que vous pensez être la liberté. La musique, lointaine, vous transporte. Qu’elle est belle, cette musique, vous vous souvenez avoir vaguement pu jouer du piano, une fois, durant votre périple, avec Six. C’est un sentiment doux et plaisant qui ne dure pas. Parce que la musique accélère, cette berceuse lugubre devient de plus en plus rapide, vous prenez peur. Il faut avancer plus vite. Mais le couloir dans lequel vous vous trouvez n’en finit pas. La porte vers la fin de ce cauchemar est inaccessible, vous n’arrivez pas à vous réveiller. Au lieu de sentir l’odeur du chocolat chaud le matin et des tartines qui sont en train de griller, c’est l’odeur de putréfaction des corps qui vous hante. Elle ne vous lâche pas, cette odeur.
L’histoire touche à sa fin. La musique et les couleurs sont plus importantes que jamais. C’est beau et poétique. Je vous laisse courir une dernière fois, un dernier petit effort… ouvrir la porte, et voir ce qui vous attend. En espérant que ce que vous trouverez sera à la hauteur de vos espérances.
Little Nightmares II s’inscrit dans la lignée du premier avec une direction artistique et une bande-son tout à fait remarquables. Il essaie de réparer les erreurs du premier opus en corrigeant les problèmes de gameplay et de physique durant la première partie du jeu, puis redevient globalement très approximatif dans sa deuxième phase. On relèvera également, tout comme pour Little Nightmares, une histoire assez incohérente et bancale. Little Nightmares II est cependant bien plus intéressant et bien mieux rythmé que son prédécesseur, ce qui fait finalement du jeu une jolie surprise. Un conseil : jouez directement au deuxième, bien plus complet que le premier, qui lui est parfaitement dispensable.
Chloé
Gameuse padawan depuis que j'ai découvert Céleste, j'espère un jour avoir le titre de maître Jedi grâce à TPP.
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