Dragon Quest XI est le dernier opus en date de la très vieille franchise de JRPG développé et édité par Square Enix. D’abord sorti en 2017 sur 3DS et PS4, j’ai testé pour vous (et pour moi aussi un peu) cet épisode sur son portage Switch. Eh ben je suis surpris, mais aussi complètement en terrain connu.
Alors avant de commencer, j’ai encore une fois démarré une série de jeu par l’épisode le plus récent. C’était déjà le cas avec Etrian Odyssey et avec RAGE, cependant contrairement à ces deux-là, Dragon Quest XI ne m’a pas dépaysé, bien au contraire. J’ai eu l’impression de goûter un plat qui est la reproduction parfaite d’une recette dont j’ai l’habitude de manger des versions retravaillées. Ce jeu est au RPG ce que la Margarita est à la pizza : une très bonne application des bases fondamentales de son genre.
« Bonjour tu es l’élu et tu dois sauver le monde »
Il faut savoir que ce jeu m’est un peu tombé dessus par hasard. Mais j’étais curieux de m’essayer enfin à la fameuse série des Dragon Quest que ma moitié aime tant, et qui enflamme le Japon à chaque sortie. Malheureusement pour lui, il est arrivé alors que mes précédents jeux de chevet étaient un certain Yakuza 0 et un jeu pas très connu appelé Hotel Dusk (j’en parlerai un jour surement). Non pas que je n’étais pas dans le mood pour un bon gros JRPG, mais me retrouver devant une intrigue générique au possible m’a refroidi instantanément.
« Mais dis-moi Un Rieur, c’est quoi donc l’intrigue qui te gêne tant que ça ? » me demanderez-vous. En un mot comme en 100 : vous connaissez l’idée du monomythe ? Ou plus simplement, vous avez joué à un RPG et plus particulièrement un JRPG entre 2000 et aujourd’hui ? Si c’est pas le cas, vous avez regardé un animé japonais, un film un peu épique ou une série épique dernièrement ? Alors vous avez l’histoire et connaissez déjà tous les rebondissements qui vont arriver. Vous incarnez un héros non nommé (je l’ai appelé Bohémond parce que je trouve ça joli et désuet) qui vit dans un village paumé (comme Luke Skywalker, San Goku dans une moindre mesure, et Link) avec sa mère adoptive (se référer à la liste précédente), et qui se trouve être en fait l’élu d’une prophétie vachement bien tombée (Skyrim, Zelda, Fallout 2, et la moitié du cinéma d’aventure). Vous passez votre rituel de passage à l’âge adulte, votre daronne qui en a marre de vous vous dit que vous êtes « l’éclairé », un héros légendaire désigné par l’arbre divin qui est au centre du monde (et qui s’appelle Yggdrasil pour être vachement original) pour chasser le mal et apporter la paix. Vous devez aller voir le roi du coin pour lui faire savoir que vous devez sauver son royaume pourri, mais plot twist, celui-ci vous accuse d’être le héraut du mal qui va apporter le malheur (ça me rappelle un type avec un bouclier…) et il envoie promptement l’un de ses fidèles chevaliers massacrer votre village.
Bon je m’arrête là, mais vous avez l’idée générale. C’est encore un jeu où vous êtes le héros juste parce qu’une saleté de prophétie l’a décidé, et où vous devez sauver le monde, ben parce que ce sera vous et pas le type qui est combattant de métier et qui en plus dirige une armée bien formée et équipée. Autant de classicisme est-il un mal ? Non pas en soi. Mais j’en ai ma claque des scénars bateaux comme ça. Yakuza m’a prouvé qu’on peut écrire des histoires plaisantes à jouer et épiques sans avoir besoin de sauver le monde de l’apocalypse. Bon on est pas dans l’abus de Skyrim où l’on peut sauver le monde 5 fois de suite si l’on parcourt la plupart des quêtes principales et secondaires (à croire que cet univers ne devrait pas exister), mais DQXI a été la goutte d’eau de trop pour moi.
Digressions et réflexions sur l’intrigue
Bon je ne suis pas scénariste, et je n’ai pas la prétention de me prétendre meilleur que ceux qui en ont fait leur métier, mais faut qu’on regarde la vérité en face : le scénar des jeux vidéo, en général, c’est pas ouf. Entre ceux qui comme ce Dragon Quest utilisent le bon vieux coup de l’élu des dieux ; ceux qui s’en foutent (et c’est pas un mal parfois) et s’en moquent comme le dernier DOOM ou les Mario qui en gros se résument à : eux = méchants, toi = gentil ; et ceux qui se font mousser pour pas grand-chose juste pour avoir tenté un trope vaguement différent, comme toute la production d’un certain monsieur De Gruttola ou même Bioshock Infinite, on se retrouve avec un paysage vidéoludique pauvre scénaristiquement. Ça me désole un peu de le dire, car c’est d’une part un problème d’écriture des intrigues, et d’autre part un énorme problème de narration.
Sans vouloir paraitre professoral, la narration est en fait la manière de raconter une histoire. Dans le cinéma ça passe par les dialogues, le jeu d’acteur, la caméra et par la musique entre autres. Dans le jeu vidéo, ça passe par un peu tout ça mais surtout par le gameplay. J’en avais parlé vaguement dans mon papier sur Obra Dinn, mais un gameplay bien pensé peut complètement changer la manière d’appréhender une histoire et de l’apprécier. Au final, le scénario d’Obra Dinn aurait pu être raconté du point de vue de l’équipage en en faisant un jeu de gestion un peu RPG. De même, Yakuza 0 aurait un tout autre impact s’il était plutôt un jeu de shoot à la Uncharted.
Fondamentalement je n’ai aucun problème avec le plot du héros prophétique qui doit sauver le monde, pour peu qu’il soit bien raconté (et encore je commence sincèrement à trouver ça un peu facile comme truc). Mais là Dragon Quest coche toutes les cases du cliché, et ne s’en cache même pas. Alors qu’il aurait pu être intéressant au contraire de jouer l’acolyte du héros qui essaie de lui garder les pieds sur terre. Ou alors d’incarner le héros certes, mais qu’il n’ait rien à voir avec la prophétie et que ce soit quelqu’un qui fait juste son taf.
Bon comment on joue à ça ?
Encore une fois DQXI ne fait pas vraiment dans l’originalité, on est face à un JRPG avec tout ce que ça implique de combats au tour par tour, de statistiques, de farming et de quêtes. À part râler sur l’ergonomie des menus car c’est ma grande passion, j’ai pas grand-chose à en dire. Si vous avez joué à un jeu comme Pokemon, un autre Dragon Quest ou bien à Bravely Default, vous ne serez pas dépaysé. Pour les nouveaux par contre, le jeu est très didactique. Je trouve même que c’est une super porte d’entrée en fait. Un enfant n’ayant pas l’habitude de ce type de jeu pourrait franchement le trouver très cool. D’une part grâce à l’appeal graphique du titre, et d’autre part, parce qu’il sait prendre par la main les joueurs sans forcément les prendre pour des débiles.
D’ailleurs vu que je parle du gameplay, j’aimerais préciser que tout ce que je dis dans cette partie concerne la version 3D du jeu. En effet, sur la version Switch de DQXI (je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres), il est possible de passer du mode de jeu classique en 3D, à un mode de jeu en 2D reprenant le gameplay des vieux opus. Par manque de temps je n’ai pas trop pu toucher l’aspect 2D donc. Ceci étant dit, j’aimerais revenir sur le côté nouveau friendly du titre. En soi la difficulté est plutôt bien dosée, ce qui le rend moins frustrant que peuvent l’être certains JRPG classiques demandant de grinder des niveaux par dizaines avant de pouvoir espérer faire mal à un boss. De même, les niveaux sont construits pour bien récompenser l’exploration et on ne se sent pas perdu en les parcourant.
Une dernière chose sur laquelle je voulais revenir c’est la musique. Je ne sais pas trop ce que ça donne dans les autres opus, mais dans celui-ci elle est très jolie. Elle est jouée par un orchestre philharmonique qui fait beaucoup plaisir à mes oreilles en jeu. À un détail près. Les compositions, bien que très jolies sont absurdement épiques. Donc vous pouvez être dans un village en train de péter les pots d’une pauvre petite vieille et avoir en fond une musique qui donne envie de partir à l’aventure avec une grande équipe d’aventuriers. C’est un problème plus de ressenti qu’autre chose, donc il est dur d’en parler à l’écrit, mais franchement la musique est assez déplacée par moment. Le dernier point de la musique c’est son mixage. Il se trouve que le jeu permet de régler les différents volumes sonores (musique, voix, effets sonores) séparément. Comme je trouvais la musique forte, je l’ai réduite à 1 sur l’échelle de volume, Et pourtant elle couvre encore parfois les effets sonores, et me semble toujours trop forte. Peut-être que ça vient des enceintes de mon écran, mais au bout d’une heure et demie de jeu c’est un peu soulant d’avoir un opéra à fond dans le salon.
Dragon Quest XI a été testé sur Switch via une clé fournie par l’éditeur.
Même si j’ai pas mal cassé de sucre sur son dos, Dragon Quest XI reste un bon jeu. Il est complet, classique, plutôt joli et il tourne bien. C’est juste qu’il a souffert de la comparaison avec les jeux auxquels j’ai joué récemment, mais je ne lui en tiens pas rigueur. Franchement c’est un bon petit JRPG, très bon pour débuter avec le genre ou pour y initier un enfant/ado.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
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