Bienvenue chez les Bergson ! Children of Morta, Diablo-like annoncé par Dead Mage et 11 bit studios alors que la petite dernière de la famille n’était pas encore née (et elle a désormais l’âge de faire le Naruto Run), nous place aux commandes d’une joyeuse famille idéale de sitcom, avec option défourailleur de donjons hostiles et ambiance mélancolique.
À part des darons méchants, des mamans assassinées et des demi-frères qui finissent systématiquement par choisir le mauvais camp, le petit monde des action-RPG scénarisés a souvent tendance à traiter la cellule familiale à la légère. Mais nous, chez les Bergson, on est pas comme ça. Papa est en haut, qui nettoie son fourreau, Mamie est en bas, qui psalmodie des mantras. Et les enfants ? Sans doute en train de s’entraîner à égorger tous les monstres qui passent dans le jardin. Parce que nous, les Bergson, on partage tous une même passion : descendre dans le cœur de cette fichue montagne avec ses donjons interminables, et éventrer des monstres par paquets de cent par amour de faire monter lentement, très lentement, des jauges d’XP et de pouvoirs divers. Et merci de ne pas nous dire à quel point une soirée chez les Bergson, ça présente bien sur le papier mais qu’en vrai tout le monde s’y couche à 20h30 après une bonne camomille. Tout le monde nous dit ça, et je ne vois pas pourquoi. Vous allez voir, nous ne sommes pas si ennuyeux : bienvenue dans nos aventures, bienvenue dans Children of Morta.
Chill of Morta
Nous, les Bergson, on est pas n’importe qui. Dans notre grande maison où on vit tous ensemble, on veille à ce que le Mont Morta, source de la corruption qui transforme les gens en monstres et les donjons en ensembles de salles semi-aléatoires, se tienne tranquille. Sauf qu’un beau jour, la mamie de la famille, vous savez, celle qui est toujours penchée à sa fenêtre en grommelant mais qu’on aime bien quand-même parce qu’elle est un peu la mémoire des lieux, la mamie de la famille donc, est bien obligée de constater que le Mont Morta recommence à faire des siennes.
Et puis comme on est de sacrés rigolos nous les Bergson, on décide de descendre tous ensemble dans les tunnels secrets de notre cave. Je sais, on commence à ressembler à une de ces familles objets de reportages de M6 en troisième partie de soirée. Mais rassurez-vous, nous on se contente de descendre à tour de rôle dans un ensemble de donjons nous rapprochant toujours un peu plus du cœur de la montagne où se situent nos ennemis : bref, de petites traditions familiales sans conséquences.
Vous remarquerez vite que, peu importe qu’on descende à un ou deux à la fois, un donjon dans Children of Morta, ça s’explore assez lentement, et pas mal de fois d’affilée, par chez nous. Parce que, comme nous sommes une famille soudée, et vu que chaque membre a son propre style de combat, c’est un petit peu à tout le monde de mettre sa main à la pâte. De toutes façons, une des nombreuses barres d’XP et de progression de notre famille est commune : si on laisse la petite dernière dans sa chambre à jouer à jeter des boules de feu sur ses barbies, le fils prodigue revenu en ville avec son gros marteau ne pourra pas déployer tout son potentiel. Alors on descend tous, à tour de rôle, pour devenir plus forts tous ensemble. Comment ? Vous n’avez pas envie de refaire six fois la même chose avec des Bergson différents ? Mais alors il fallait rester chez vous, mon vieux. Personne ne vous a forcé à dépenser 20€ dans Children of Morta, vous auriez très bien pu rester chez vous jouer au démineur.
Petit génie versus tonton bourré
Je vous vois venir : vous allez me dire que les six Bergson ont des styles assez inégaux, et que si celui qui se joue comme un ninja assassin à double lame est un vrai plaisir de jeu, ce bon vieux papa caché derrière son bouclier est lui une vraie plaie passé le tutoriel. Et, bon, on ne pourra pas tout à fait vous donner tort. Mais le Mont Morta a suffisamment bien pensé le système pour que chaque donjon et chaque boss soit parfaitement taillé pour l’un d’entre nous, pas vrai ? Non ? Bon, tant pis, de toutes façons, maintenant que vous êtes là, vous n’avez pas vraiment le choix.
Alors, oui, le problème est peut-être générationnel : les premiers Bergson avec lesquels vous allez jouer sont beaucoup moins intéressants que ceux que vous découvrirez après 7 ou 8 heures en notre compagnie. Mais vous savez quoi, je ne dis pas ça pour être jaloux, mais avec le ninja ou le barbare au marteau, la conquête du Mont Morta elle devient presque trop facile, et vous n’êtes pas du genre à aimer la facilité, non ? Si ? Bon, on ne peut vraiment rien pour vous ma parole.
Vous allez au moins me concéder la qualité des nombreuses quêtes annexes parsemant le jeu, et dont la résolution vient animer de plus en plus la maison familiale avec de nouveaux habitants, de nouvelles pièces et des aménagements dans le jardin. Au moins, c’est quand même un peu plus fun que dans une simple soirée chez les Diablo ? Ah, vous voyez, ça au moins, vous êtes d’accord. Comment ça « par contre le système de quêtes est opaque et on a vite fait d’en rater la moitié ? ». Vous y mettez vraiment pas de la bonne volonté.
Avec amour, mais sans flow
Bon, on est partis du mauvais pied. Concédez nous au moins que les Bergson ont une sacré belle gueule, et qu’on y passe des disques d’une grande qualité pour le bonheur de vos oreilles. Que nous sommes faciles à prendre en main, et que nos aventures bénéficient d’une narration semi-dynamique assez plaisante, et que le feeling de nos combats est quand même assez jouissif. Et que vous ne connaissez pas beaucoup de familles dans notre genre qui acceptent de se faire brancher deux manettes sur un même écran, si vous voyez ce que je veux dire.
Parce que, oui, nous les Bergson, on prend les aventures de Children of Morta au sérieux, on vous propose vingt heures de combats endiablés, d’une histoire touchante pas exempte de rebondissements assez bien sentis, d’émotion et de quelques moments de grande bravoure contre certains de nos adversaires les plus redoutables. Je suis presque sûr que malgré tout ce que vous avez dit plus tôt, vous vous êtes amusé comme un petit fou. Oui, on manque de rythme, oui, on manque d’équilibre. Mais on ne manque pas de ce qui fait que dans tout bon repas de famille, on repart à la nuit tombée après un bon feu de cheminée au lieu de se sauver après le goûter comme prévu : de cœur. Dites ce que vous voulez, je suis sûr que vous reviendrez pour nous revoir.
Children of Morta a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
On aimerait aimer mieux ce Children of Morta longtemps annoncé, longtemps attendu. Beau, bourré d’idées incroyablement audacieuses (les progrès des uns débloquant des talents chez tous les autres par exemple), plein de cœur et de détails touchants. Mais malgré son ambiance accueillante et l’attachement qu’on ressent pour les Bergson, on se retrouve face à un jeu assez répétitif, au rythme trop lent causé par une difficulté en dents de scie et aux différents personnages jouables pour des gameplays certes très différents mais aussi très déséquilibrés entre eux. On s’ennuie à faire les mêmes donjons en boucle en mode automatique, oubliant rapidement pourquoi on est là, si ce n’est pour mettre un personnage en retard d’XP au niveau des autres, juste parce qu’au lieu d’une belle affaire de famille, on finit par se retrouver à décapiter des troupeaux d’abominations juste pour faire monter des jauges. On a fait mieux, comme repas de famille. Dommage, car Children of Morta est à deux doigts d’être un excellent jeu, là ou il se contente d’être un spectacle un peu abrutissant vous récompensant toutes les deux heures d’un plan superbe ou d’une séquence émotion fort réussie.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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