« Plus vite, plus haut, plus fort », c’est la devise des jeux olympiques… D’accord j’ai remplacé Altius par Atlus mais uniquement parce que c’est ce même studio qui vient de nous livrer une relecture de son Catherine, sorti en 2012 (en Europe). Bon et puis aussi parce que ça résume plutôt bien mon avis sur ce remaster +++ qu’est Full Body.
Sorti donc à l’origine en 2012, découvert pour ma part en 2015 sur Xbox 360 (vous vous souvenez quand les gens avaient une Xbox ?), Catherine a plus été un succès d’estime que commercial. À l’époque, il avait su toucher ceux qui avaient osé y jouer (moi y compris) avec ses questions sur la vision que l’on peut avoir du couple, et ce, même si le tout était enrobé d’un emballage parfois/souvent complètement fou. Autant vous dire que l’annonce d’une nouvelle version avec l’ajout d’une intrigue amoureuse supplémentaire m’a donné fort envie de me replonger dans la vie de Vincent, le héros du jeu.
Well, that escalated quickly
Mais revenons aux bases pour celles et ceux qui n’ont jamais touché au jeu d’origine. Dans Catherine, vous incarnez Vincent, un jeune trentenaire un peu paumé qui passe son temps entre le boulot, le bar du coin où il retrouve ses amis et enfin sa petite amie, Katherine, avec qui il est depuis 5 ans, une femme bien plus responsable que lui. Une relation qui n’avance plus depuis un moment, Vincent n’étant visiblement pas prêt à s’engager, jusqu’au soir où, ayant un peu trop bu, il ramène chez lui sans trop savoir comment Catherine, une jeune fille qui ne semble pas lui en demander autant que sa Katherine, si ce n’est de la ramener chez lui chaque soir pour des nuits endiablées.
Pour couronner le tout, Vincent, comme un bon nombre des personnages masculins du jeu qu’il croise, souffre de cauchemars récurrents durant lesquels il doit gravir des tours de blocs sous peine de chuter dans le vide et mourir (est-il utile de vous préciser que la mort dans le rêve implique la mort dans la réalité véritable ?).
Voilà le postulat de départ du jeu dans lequel vous passerez votre temps, soit dans le bar, le Stray Sheep, à discuter avec différents personnages tout en répondant aux messages de vos dulcinées, soit dans vos rêves à monter ces tours de blocs dans un puzzle-game bien plus complexe que ses prémices ne laissent à imaginer, certains blocs étant piégés (piques, glace, bombe etc) et votre temps limité, le tout sous des musiques classiques reprises d’une main de maître par Shoji Meguro (Persona 2, Persona 3, Persona 4, Persona 5, Persona à la plage, Persona contre Fantom…). Rajoutons à cela différents choix relatifs à votre vision de la vie de couple qui auront une incidence sur votre rapprochement ou non avec l’une ou l’autre des C/Katherine.
Catherine Full Body apporte déjà ici un certain nombre d’améliorations au jeu d’origine. Outre l’ajout de nouvelles fins (en plus de celles déjà présentes précédemment), le jeu introduit des flashbacks pour notamment dévoiler un peu plus du passé de Vincent et Katherine et de leur couple. Une bonne décision puisque cela permet de se libérer un peu de la vision manichéenne du jeu d’origine où le héros se retrouvait simplement à devoir choisir entre le stéréotype d’une femme sûre d’elle et dirigiste (Katherine) et celui d’une jeune femme plus volage, passionnelle et possiblement dangereuse (Catherine). On regretterait presque juste qu’il n’y ait pas plus de ces flashbacks qui mettent plus en valeur le personnage de Katherine et cette relation de 5 ans que le joueur n’a lui, pas vécu.
Au niveau du gameplay, ce Full Body rajoute aussi deux éléments importants. Tout d’abord un mode de jeu Remix (en plus du mode Classique) qui permet dans les phases de puzzle d’avoir des blocs non plus indépendants les uns des autres mais formant parfois des groupes (à la manière de pièces de Tetris), de quoi ajouter une difficulté supplémentaire ainsi qu’une nouvelle manière d’appréhender l’ascension de certains passages.
Autre élément important qui fera plaisir à celles et ceux qui n’aiment pas les puzzles, l’ajout d’un mode « Sans risque » dans lequel vous pourrez passer toutes ces phases (ou les voir réaliser par l’ordinateur à votre place) et vous concentrer ainsi plus sur la partie « visual novel » du jeu (pratique aussi quand vous voulez juste connaître les différentes fins du jeu sans vous prendre la tête à tout refaire).
Rencontre du 3ème type… de fille
Mais l’ajout majeur de ce Catherine Full Body est bien sur l’arrivée d’une troisième protagoniste féminine en la personne de Rin (ou Qatherine, la vie est bien faite). Cette nouvelle héroïne amnésique, qui arrive dès le début de l’aventure, est sauvée par Vincent qui va rapidement la prendre sous son aile. Bien qu’ayant à priori un côté beaucoup plus « petite sœur », elle pourra, en fonction des choix du joueur, devenir un vrai choix amoureux pour ce dernier.
Ce nouveau personnage tranche une nouvelle fois avec le côté stéréotype que pouvaient avoir les deux C/Katherine originelles et permet aux joueurs de se poser de nouvelles questions sur leur vision des relations amoureuses et de leur mode de vie en général, ce qui n’empêche pas l’intrigue entourant le personnage de Rin de connaître elle aussi des passages complètement surréalistes (sans trop en dévoiler, accrochez-vous bien, le voyage ne sera pas de tout repos).
On pourra simplement regretter que Rin soit, tout du moins au début de l’aventure, vraiment mise à l’écart par rapport aux tensions qu’apporte le dilemme Catherine/Katherine. Cette nouvelle relation ne prend finalement son envol que dans la deuxième partie du jeu, ayant même droit à une branche narrative bien séparée (et encore plus barrée que l’histoire originale) du reste de l’aventure.
À noter que Rin a aussi une influence sur le gameplay des cauchemars, puisque le joueur pourra entendre la musique interprétée au piano par le personnage durant la phase de plate-forme dans les moments les plus critiques (comprendre, quand vous êtes sur le point de mourir). Une musique qui ralentira la chute inéluctable des blocs en plus d’être très agréable à l’oreille.
Et si on jouait à saute-mouton ?
Je vais passer très rapidement sur le fait que Catherine Full Body a bénéficié d’une légère amélioration de ses textures et de son jeu de lumière (c’est toujours bon à prendre mais nous ne sommes clairement pas face à une évolution majeure, pas que le jeu de base en ait vraiment besoin de toute façon), pour vous parler d’un élément souvent passé sous silence et pourtant incroyable : le mode multijoueur compétitif.
Arrivé à la fin de Catherine en 2015, je pensais avoir compris les mécaniques du jeu et me débrouillais plutôt correctement. Mais c’était sans compter sur la scène multijoueur qui a progressivement et surprenamment fait sa place jusqu’à l’EVO où l’on peut admirer des vrais artistes de l’escalade, de ceux qui peuvent se sortir de situations désespérées sans avoir la possibilité, contrairement au jeu de base, d’annuler certains coups. Rangez vos 360 no scope et vos winner winner chicken dinner, le vrai talent est ici (bon cela dit la vidéo est longue regardez peut-être juste quelques matchs pour réaliser le talent de ces joueurs et déprimer sur votre propre niveau).
Atlus semble avoir bien compris cela et a récompensé ses fans : Catherine Full Body contient donc en plus du mode multi local présent dans l’ancienne version un mode en ligne pour affronter (et se faire laminer par) des joueurs du monde entier. J’espère sincèrement que la sortie du jeu permettra de redynamiser la scène compétitive de Catherine, et ainsi pouvoir assister à ce qui s’apparente à des parties d’échecs sous cocaïne (parce qu’il n’y a pas que la bagarre dans la vie, il y aussi l’amour…et faire tomber ses adversaires dans le vide).
Catherine Full Body a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur.
Si Catherine était un immanquable de la génération précédente, Catherine Full Body est sans aucun doute un immanquable de celle-ci. Vous n’avez jamais touché au jeu d’origine ? Foncez ! Vous l’avez déjà fait ? Ce n’est pas grave, cette version garde le charme d’origine en rajoutant juste ce qu’il faut pour retomber avec plaisir dans les déboires amoureux de Vincent. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, je vais m’entrainer un peu avant de vous retrouver sur le online et vous faire tomber.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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