Battle Chasers : Nightwar est un jeu créé par Airship Syndicate, un jeune studio composé d’anciens de chez Vigil Games, connus pour les Darksiders. Inspiré par le comics du même nom, le jeu se veut un hommage aux JRPG « à l’ancienne » par des occidentaux. Parmi leurs inspirations, les créateurs citent Final Fantasy, Chrono Trigger ou Phantasy Star. Mais si vous cherchiez dans ce jeu une suite à l’histoire du comics brusquement arrêtée en 2001, vous allez être déçus. Ce récit se veut être une aventure à part, accessible aux novices et satisfaisante pour les connaisseurs.
Une aventure classique
Dans Battle Chasers : Nightwar, vous jouerez avec une petite équipe de 3 personnages tous tirés des comics, à choisir parmi les suivants : Gully une jeune fille équipée de gantelets magiques donnant de grands pouvoirs, Calibretto un golem de guerre au grand coeur, Garrison un guerrier plus ou moins classique, Knolan un vieux mage puissant, Red Monika une chasseuse de primes aux formes, hum, généreuses ainsi qu’un sixième personnage bonus, Alumon qui semble être un Van Helsing du pauvre. Bon ok je ne suis pas très sympathique mais n’ayant pas lu le comics, je n’avais aucun attachement à ces personnages et je n’en ai toujours pas après avoir joué au jeu. Comme promis, l’histoire est en effet accessible aux novices de par sa simplicité et son côté aussi caricatural que son titre : ils se dirigent vers une île censée renfermer un grand pouvoir, ça tourne mal, ils doivent taper du méchant. Peu de choses nous rapprochent des personnages que l’on incarne à part de petites séquences sympathiques lors du repos à l’auberge. Alors on zappe vite le récit pour l’efficacité et l’optimisation du groupe. Peu importe que Knolan soit celui qui voulait explorer l’île, il n’a pas mis les pieds dehors avec moi, je préférais les autres soigneurs.
D’autres parties de l’histoire sont également éparpillées au gré des donjons, avec de petits textes. Mais malheureusement ce côté-là est aussi gâché par quelque chose qui m’avait énervée dans d’autres jeux comme Pillars of Eternity : les récits écrits par les contributeurs Kickstarter. Si des développeurs lisent ça, je vous en supplie, promettez tout ce vous voulez en échange d’argent sauf ça. Ce n’est pas qu’ils soient spécialement mal écrits dans Battle Chasers, comme ils avaient pu l’être dans Pillars of Eternity, c’est juste que c’est un bon moyen de se sortir de l’immersion car ils ne sont pas « authentiques ». J’adore fouiller tout ce qu’il est possible de fouiller dans les RPG et c’est juste agaçant de tomber sur des fanfics au milieu du lore.
Le dur exercice de l’équilibrage
Faire un tour sur le Kickstarter des jeux est toujours une expérience intéressante. Dans le cas de Battle Chasers : Nightwar, on y trouve une explication à l’un des plus gros problèmes du jeu : l’équilibrage. A vrai dire, de ce côté-là, rien n’est encore vraiment au point. Les combats sont bien trop faciles jusqu’au niveau 13 où plus rien ne va, les objets et améliorations des vendeurs/fabricants coûtent beaucoup trop chers et il devient à un moment compliqué d’améliorer ses personnages convenablement. Pour les donjons, un élément de réponse est donc présent : il semblerait qu’au début, le jeu soit prévu pour être beaucoup plus dur. En effet, on peut lire que chaque donjon devait être impardonnable, les morts entraînant une perte de tous les objets sauf ceux équipés, avec la possibilité de sauvegarder à un endroit précis où l’on pouvait également conserver des objets. Si jamais vous avez déjà croisé un feu de camp dans l’un des donjons du titre en vous demandant quelle pouvait être son utilité, c’était l’endroit précis en question.
Pourtant rien de tout ça dans la version finale. La mort de votre groupe ne vous fera que retourner à l’auberge avec une pénalité financière assez conséquente. La progression ne sera pas perdue (sauf en légendaire mais on y reviendra) et tous vos loots seront bien au chaud dans votre sac. Est-ce à cause d’un changement de dernière minute que l’équilibrage est dans tous les sens ? Jusqu’à un certain point, j’ai fait tous mes donjons en héroïque jusqu’à La Fosse, où, humiliée, j’ai dû retourner en normal car mes personnages se faisaient one-shot en permanence. Les ennemis n’avaient pourtant qu’un niveau de plus, ce qui ne changeait pas trop de tout ce que j’avais rencontré auparavant. L’équilibrage semble juste avoir été fait dans la précipitation, sans vérification rigoureuse et on passe de la promenade de santé à l’ascension de l’Everest sans préavis et dans la douleur et la frustration.
Se battre dans le jeu et contre le jeu
Bon, évacuons un dernier point négatif avant d’aller vers ce que Battle Chasers fait de bien : les bugs. Ils sont nombreux, ils sont agaçants et ils m’ont fait arrêter ma partie plusieurs jours contre mon gré. J’ai rencontré mon tout premier bug en allant me reposer à l’auberge. Le titre a décidé de ne pas me faire sortir de la phase « nuit » qui accompagne brièvement le repos. Bon un petit Alt + F4 et on relance, ça arrive. Ah tiens un combat, oh j’ai gagné de l’expérience, ah mince le jeu est bloqué sur cette page. Plusieurs fois. Bon encore un Alt + F4 et c’est réglé.
Par contre il y a un problème que je n’ai pas pu régler avec le fameux raccourci : en sortant de l’Arène, une zone qui permet de se battre contre des vagues d’ennemis pour la gloire, l’expérience et le loot facile, mes personnages ont refusé de répondre à mes commandes. Impossible de les bouger sur la carte du monde. Je redémarre le jeu mais rien à faire, ils restent bloqués en un petit tas disgracieux. J’ai fini par envoyer un mail au service technique d’Airship Syndicate, qui ne m’a jamais répondu mais en même temps c’était un vendredi. Quelques jours plus tard, la mort dans l’âme, j’étais prête à recommencer une partie mais tout s’est remis à fonctionner comme si rien ne s’était passé. Le jeu est plein de petits soucis de ce genre terriblement irritants mis bout à bout.
Mais comme dit au début de ce paragraphe, tout n’est pas négatif. Le combat par exemple, est l’un des bons points du jeu. Pour expliquer brièvement, le jeu se divise en deux phases : une phase sur la carte du monde, où l’on déplace ses personnages, avec quelques combats et objets à récolter sur le chemin. La deuxième phase est celle dite d’exploration, dans les donjons ou les lieux d’intérêt, où l’on incarne un personnage (on peut facilement alterner entre tous ceux qui composent le groupe), avec une capacité utilisable qui peut influer sur l’environnement ou les ennemis. Par exemple Gully a la possibilité d’assommer les monstres avant le combat lorsqu’ils se dirigent vers elle pour l’engager. L’affrontement se passe au tour par tour, avec une barre de vie, de mana et de surpuissance. La surpuissance est une ressource créée en lançant des attaques rapides, qui ne se conserve que pendant la durée du combat et qui peut être utilisée pour lancer des sorts plus puissants sans utiliser de mana. L’intérêt principal de cette ressource réside dans le fait que le joueur sera plus enclin à utiliser des capacités spéciales et à jouer la synergie entre les membres de son groupe sans craindre de dépenser son précieux mana et de se retrouver démuni devant les boss.
Ce système a l’avantage de personnellement moins me lasser que de l’action RPG et heureusement, vu que Battle Chasers a aussi emprunté aux JRPG la notion de grind. Les personnages que vous n’utilisez pas restent au niveau où vous les avez abandonnés et il faudra donc faire un tour dans des donjons déjà terminés pour pouvoir les monter au niveau désiré. L’avantage étant qu’à chaque donjon nettoyé, un troisième niveau de difficulté se débloque, le niveau « légendaire ». Dans ce mode, la mort est pénalisante puisque le donjon se réinitialise. Mais il donne également plus d’expérience, du meilleur loot et il est facilement faisable avec deux personnages de plus haut niveau pour en monter un troisième à la traîne.
Un jeu soigné dans ses activités
Malgré tous ses petits défauts, on voit qu’un certain soin a été apporté dans la réalisation. Rien d’étonnant puisque le directeur créatif du studio est l’auteur des comics, qui avait abandonné son oeuvre pour se lancer dans le monde vidéo-ludique. Et l’on voit à travers les activités annexes qu’Airship Syndicate a réellement essayé de donner un monde complet à découvrir au joueur. Un bestiaire détaillé, des récompenses lorsque l’on trouve des éléments d’histoire dans les donjons, de la pêche, une Arène, du craft… Si les activités ne sont pas nombreuses ni très originales (quelqu’un pour m’expliquer cette obsession de la pêche ?), elles permettent de faire une petite pause dans l’éternelle rotation carte du monde/donjon. Le jeu s’essaie même parfois à l’humour, comme avec les pierres tombales d’une zone, dont les épitaphes m’ont fait penser à celles que l’on peut trouver dans Divinity : Original Sin.
Mais malheureusement, ce qui devait être des activités annexes finissent par être obligatoires. Le bestiaire se remplit de lui-même au fur et à mesure et permet d’avoir des informations importantes sur les ennemis, comme les sorts qu’ils vont lancer. Alors il est très fortement conseillé de se battre contre tout ce qu’on trouve afin d’éviter les mauvaises surprises et de compléter son petit carnet. La pêche peut permettre de récupérer des poissons rares, échangeables contre une monnaie qui sert à acheter de l’équipement puissant et des cosmétiques. L’Arène est essentielle pour au moins un personnage, pour débloquer une capacité. Le craft est mal équilibré, les fioles pour faire des potions coûtent encore beaucoup trop cher. Les éléments d’histoire permettent de gagner des points de talent, qui donnent différents bonus à vos personnages, etc etc. Et si j’aime la plupart du temps finir mes jeux à 100%, je n’aime pas m’y sentir obligée.
Critique réalisée à partir d’une version PC fournie par l’éditeur.
En bref, Battle Chasers : Nightwar est un bon jeu qui aurait mérité encore quelques semaines de polissage. La plupart des bugs et soucis d’équilibrage, surtout au niveau des marchands, devraient être réglés dans les semaines qui suivent. Si j’ai pu sembler négative, on y passe quand même un très bon moment et il mérite qu’on lui donne une chance lorsque les mises à jour seront sorties.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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