Premier projet d’un jeune studio parisien, Sloclap, Absolver a intrigué dès son annonce, aussi bien par son style graphique que son genre difficile à définir. Un action-RPG comme ils le clament sur leur site ? Un jeu de combat multijoueur ? Il est vrai que l’on ne savait pas trop à quoi s’attendre, jusqu’à sa sortie, le 29 août dernier. Ce qui s’est présenté à nous est un jeu de combat, dans un style très direct et qui ne s’embarrasse pas de détails.
Dans Absolver, il n’y a pas vraiment d’histoire. Votre personnage est un aspirant combattant, choisi par son maître pour mettre un masque enchanté qui le transporte dans un monde en ruines où il devra battre les autres aspirants pour espérer devenir un Absolver. Avare en paroles, rien ne sera vraiment présent pour assouvir votre curiosité sur cette ville détruite, avec ses statues de pierre semblant être des personnes figées dans leurs activités. Mais rien de plus normal après tout, car le but du jeu ne se trouve pas là.
Zen mais pas trop
Le plus frappant dans Absolver est son ambiance générale. Les polygones s’assemblent pour former des paysages magnifiques et verdoyants, donnant un sentiment de paix au milieu d’habitations en ruines. Tout est très minimaliste, même au niveau de la musique qui accompagne doucement vos explorations, sans s’imposer ni se métamorphoser dès qu’un combat démarre. Une ambiance très zen donc, propice à la concentration et à l’apprentissage, deux notions au cœur du titre. En effet le jeu possède trois classes (ainsi qu’une quatrième à débloquer) : Forsaken, Kahlt, Windfall et la dernière, Stagger. Chacune commencera avec des capacités de combat différentes ainsi qu’une capacité défensive propre. L’une pourra absorber les dégâts, une autre pourra esquiver et enfin la dernière peut parer. Il est possible d’apprendre toutes les techniques de combat, en se battant contre des ennemis qui ont celles qui nous manquent et en ressortant vainqueur de l’affrontement, sans quoi l’apprentissage sera perdu. Le jeu demande donc une double concentration : il faut savoir reconnaître les mouvements des autres aspirants afin de pouvoir les bloquer ou les esquiver mais également pour pouvoir les battre par la suite. Les combats longs sont par conséquent encouragés pour ceux qui souhaiteraient remplir leur deck de combat.
Pourtant, malgré un game design qui encourage une ambiance zen typique des arts martiaux, je n’ai jamais joué à un jeu aussi stressant. Il n’y a pas vraiment de montée graduelle de la difficulté, tout dépend des ennemis que vous avez à battre et de votre propre niveau. On reconnaît les ennemis les plus coriaces par leur armure et il est frustrant de sortir victorieux d’un combat contre trois personnages faibles pour finir par se faire annihiler la seconde d’après par un combattant solitaire mais expérimenté. Mais en même temps, on ne peut en vouloir au jeu de nous sacrifier de la sorte puisque c’est le but : un apprentissage long, fastidieux, dans la douleur mais qui finit par porter ses fruits au bout de plusieurs heures.
Le Dark Souls des jeux de… non rien
Énormément de gens ont comparé ce jeu à Dark Souls. Est-ce l’appellation d’action-RPG qui a réveillé leurs instincts les plus bas ? Ou est-ce juste le nouveau réflexe de tout joueur qui consiste à considérer que difficulté = Dark Souls ? Car les deux jeux n’ont que peu de choses en commun : là où le combat est lent et pesant chez l’un, chez Absolver, les attaques s’enchaînent rapidement même si de bons réflexes sont aussi demandés et que l’on ressent l’impact des coups. Même le genre n’a rien à voir, Absolver se rapproche plus du jeu de combat version arts martiaux que de l’action-RPG auquel il n’emprunte que le fait d’avoir de l’équipement et de pouvoir monter des statistiques. Et la composante multijoueur du titre change tout, en incluant un obstacle ou une aide supplémentaire, selon les joueurs que l’on rencontrera. Mais surtout, la difficulté du titre se rapproche parfois plus d’un roguelike que d’un Dark Souls dans sa façon d’être.
Je ne nierai pas qu’une grosse partie des problèmes que peuvent rencontrer les joueurs seront dus à leur manque de skill. Mais il y a également une part d’artificiel dans les obstacles que le jeu met dans notre chemin. Dès le début, le tutoriel est très léger, il faut un peu fouiller pour se rendre compte que des mini-guides sont disponibles dans l’écran de modification des decks de combat. Il n’y a pas de carte, seulement un schéma un peu abstrait lorsque l’on arrive à un autel, les seuls endroits où l’on est vraiment en sécurité pour changer son équipement et modifier ses aptitudes. Et surtout, dès que vous mourrez, vous retournez à l’autel que vous avez visité précédemment. Deux problèmes se posent alors : déjà, sans carte dans un monde où tout semble identique, il est très dur de retrouver son chemin et de continuer son exploration (d’autant plus quand on a un sens de l’orientation absent, comme moi). Mais surtout, les ennemis reviendront de façon aléatoire. Là où lors de votre première exploration vous n’avez rencontré aucune difficulté face à de faibles adeptes, la deuxième fois, ils pourront être remplacés par un groupe d’ennemis d’une puissance supérieure qui ne vous laisseront aucune chance de reprendre votre chemin. Tout devient long et frustrant très rapidement.
Des problèmes techniques gênants
Si je peux facilement pardonner le manque de contenu à la sortie (le jeu ne possède que du 1v1 niveau PvP pour le moment), je ne peux pas accepter des problèmes techniques assez handicapants. Déjà, commençons par les serveurs, qui voudront bien vous connecter au jeu de façon assez aléatoire. Sans compter qu’une fois que j’avais réussi à me connecter, ma caméra connaissait des lags à chaque fois qu’un joueur arrivait dans ma zone ou dès que le jeu sauvegardait. D’ailleurs la caméra, parlons-en. Si vous avez le malheur de tomber sur des ennemis dans un escalier ou dans un endroit un peu étroit, faites bien attention à ne pas être trop repoussé contre le mur sinon la caméra ne saura pas comment se positionner et vous finirez par ne même plus voir une partie de vos adversaires. Compliqué dans un jeu où le but est de pouvoir anticiper les attaques de chacun pour pouvoir y répondre efficacement. J’ai aussi connu un bug où mon personnage est passé à travers un pont mais heureusement, le jeu m’a débugué de lui-même en attendant quelques secondes.
Il semblerait que la plupart des bugs soient déjà corrigés au moment de la publication de cet article ou le soient très prochainement, ce que je ne peux que saluer. Mais il est dommage d’avoir sorti un jeu dans cet état, qui n’a pu que lui porter préjudice, comme on peut le voir facilement sur Steam. Sans oublier qu’il est très dur voire impossible de jouer avec un clavier français, vu que les touches utilisées pour se déplacer sont liées aux postures, qu’on ne peut pas modifier (sauf erreur de ma part mais ce qui ne pardonnera rien vu que si après de nombreuses minutes dans le menu, je n’ai pas trouvé comment faire, c’est qu’il y a quand même un problème). Un comble de la part d’un studio français. L’utilisation de la manette est donc vivement encouragée mais pour les gens plus habitués aux claviers qu’aux manettes comme moi, la difficulté sera d’autant plus grande.
Critique réalisée sur PC avec une version du jeu fournie par l’éditeur.
Au final, Absolver conviendra parfaitement aux adeptes de PvP et de jeux où l’apprentissage peut être très long et difficile. Mais on se retrouve vite à tourner en rond, le monde étant petit et sans trop de personnalité et la partie PVE n’étant qu’un long tutoriel pour apprendre à maîtriser son personnage avant de se lancer dans ce qui fait vraiment le cœur du jeu. A garder de côté et à revisiter dans plusieurs mois, lorsque les modes de jeux se seront un peu étoffés. Malheureusement, pour l’instant, Absolver risque de faire une For Honor et de tomber rapidement dans l’oubli.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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