Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali s'émerveille devant le walking sim québécois Two Falls (Nishu Takuatshina) et glau tente de faire s'émerveiller sa fille devant la ferme de Mirthwood, mais avec moins de succès.
Two Falls (Nishu Takuatshina)
Two Falls (Nishu Takuatshina) est le premier jeu majeur du petit studio Unreliable Narrators, qui souhaite créer des œuvres donnant la parole à des communautés l'ayant habituellement assez peu dans le monde de la culture vidéoludique. Et pour cause, ce petit walking sim (non, le genre n'est pas tout à fait mort) a été codéveloppé avec des membres du peuple autochtone du Canada, particulièrement les Innus, que l'intrigue met en scène. Cela se sent, et donne à cette chouette petite aventure teintée de fantastique une couleur documentaire absolument passionnante.
Ils ont vu le loup
Two Falls (Nishu Takuatshina) prend la forme d'un récit croisé entre deux personnages réunis par un même évènement, en Nouvelle-France, dans la seconde moitié du XVIIᵉ siècle. La narration alterne entre les mésaventures de Jeanne, une "Fille du Roy" (c'est moins glorieux que ça en a l'air) rescapée d'un naufrage, et Maikan, un jeune chasseur Innu pistant des voleurs ayant commis un sacrilège. Leur aventure déjà périlleuse est vite perturbée par des éléments fantastiques, de plus en plus dangereux et de plus en plus rapprochés. Apparitions, fantômes, courants d'air glaciaux et meurtres inexpliqués vont rendre leur long périple vers la ville de Québec de plus en plus mortel.
Il est difficile de présenter le jeu plus avant sans dévoiler l'essentiel de l'intrigue : Two Falls (Nishu Takuatshina) est une toute petite aventure qui se boucle en à peine trois heures, pile le temps de dérouler d'un récit axé autour de la découverte d'un mystère. Le périple de Jeanne et Maikan est riche en rencontres et en observations sur la faune, la flore et la population du Québec d'alors, qui viennent enrichir un codex absolument passionnant, que l'on connaisse ou non le sujet. Et comme le scénario est assez haletant et mené tambour battant, à coup d'ellipses fort bien placées, cet aspect documentaire n'est jamais lénifiant ni pénible.
Les deux protagonistes ont d'ailleurs un regard qui se prête particulièrement bien à la découverte : Jeanne ne sait strictement rien du pays dans lequel elle s'est échouée, et Maikan n'a jamais croisé le moindre Européen, ignorant tout de leurs coutumes et de leurs usages. C'est sans doute la grande force du jeu que de nous faire une véritable leçon de choses sur la période, sans jamais s'éparpiller ou sembler hors de propos. Et sans donner l'impression de faire un cours magistral fastidieux sur la vie des Innus. Au contraire, tout est très fluide et organique.
Il faut tout de même signaler que cette expérience passionnante est plutôt dans le bas du panier en matière d'agentivité et d'interactivité. On se situe ici dans les pas d'un jeu narratif coincé dans des couloirs étroits, sans aucune forme d'exploration et dans lequel nos décisions et notre manière de progresser ont un impact extrêmement limité sur l'intrigue. Les divers choix et objets ramassés ou non en chemin teintent simplement les dialogues de manière un peu différente, en modifiant à la marge la philosophie et la mentalité des deux personnages principaux. Two Falls (Nishu Takuatshina) ne ment pas sur la marchandise, et ne vous promet jamais autre chose. Néanmoins, cette quasi-absence d'interactivité le réserve à un certain public de fans du genre.
Two Falls (Nishu Takuatshina) a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Si vous lisez régulièrement ma prose sur ce site, vous savez que ce genre de jeu axé documentaire est plus que ma came : c'est une de mes grandes passions. J'ai donc vraiment adoré Two Falls (Nishu Takuatshina) et son regard affûté sur ce moment de l'histoire nord-américaine. La passion du studio pour son sujet est visible et le soin apporté à l'authenticité fait de la représentation des Innus une vraie réussite, et j'ai particulièrement hâte de savoir quelles seront les prochaines productions de l'équipe d'Unreliable Narrators.
Mirthwood
"C'est ta maison, ça, papa ?" Oui, c'est même une ferme, tu vois là, bon, il faudrait que je tonde la pelouse, mais j'ai planté quelques oignons et des petits pois qui poussent sur des tuteurs, c'est joli non ? Bon, j'ai oublié de les arroser aujourd'hui, tiens, on va le faire maintenant. "Pourquoi tu as oublié ?" Parce que tu vois, c'est long et pas très pratique. Et surtout ça va beaucoup plus vite de chasser des daims et des tilapins pour se nourrir, en plus on se promène en même temps. Tu veux qu'on aille zigouiller des tilapins ? "OUIIIII !" Allez hop, je prends mon arc et on y va.
Dans la ligne de mirth
"C'est un méchant, lui ?" Tiens, oui, il en reste un. "Attention papa ! Bouge !" Oui, ben, c'est pas très facile non plus à diriger, tu sais. Mon bonhomme, c'est comme un Playmobil, il ne bouge pas très bien. Heureusement, j'ai une belle épée, que j'ai eue… euh… en faisant des trucs. "En faisant quoi ?" Bon d'accord, j'ai oublié. Mais ça n'est pas très clair aussi… il y a un mystérieux personnage qui nous envoie à droite à gauche, sans rien nous dire… Et maintenant, il faut que je ramasse une chose de chaque et que je la mette sur un autel pour ouvrir des portes. Ça te rappelle un truc ? "Ah oui comme le centre communautaire dans Stardiouvali ?" Oui, c'est ça. Donc si tu vois du muguet, j'en cherche…
Ah ! Du fer, on va le prendre, je sors ma pioche. Ouvre bien les yeux, on en a vraiment besoin, j'ai déjà dû récolter tout le fer de la carte rien que pour faire une seule pioche, maintenant, il me faut la hache. "Attends, là, il y a un autre caillou aussi." Oui, mais celui-là, on ne peut rien en faire. Tu vois, c'est joli, mais le problème, c'est qu'il faut apprendre par cœur les cailloux qui servent à quelque chose et ceux qui ne sont là que pour le décor. Pareil pour le bois, il y a les arbres qu'on peut couper et les autres.
"Et eux aussi ce sont des méchants ?" Ah, mais non, eux ce sont les villageois. On peut leur parler, enfin, on leur parle, mais sans texte, on appuie juste là pour dire une blague, mais on ne sait pas laquelle, ou alors on leur fait un compliment, par exemple. Ou on les insulte. Si tu devines ce qui leur plaît, tu peux être copain avec eux et même te marier, mais j'ai jamais réussi.
Et là, c'est le forgeron, on va lui acheter… "Hmm." Eh, tu m'écoutes ? "Hm-mm." Non mais si ne ça t'intéresse pas… "Si si. Bon et sinon tu arrêtes quand ?" Ah tu veux y jouer ? "Non ça va. Mais tu me laisses l'ordi pour que je continue Stardiouvali ?"
Mirthwood a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Une ferme, un village, des plantations, un peu de leveling et beaucoup de personnages avec qui faire ami-ami : Mirthwood ne laisse pas trop planer le doute sur ses inspirations. Malgré ses jolies couleurs pastel, il s'avère toutefois être un tantinet plus sombre que Stardew Valley. Une tonalité issue d'une narration qui voudrait être plus ambitieuse… mais qui ne parvient pas à s'imposer face à la foule de petites imperfections.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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