Cette fois-ci dans Partie Rapide, Veltar fait une croix sur une carrière de cheminot avec Trackline Express et Seastrom dérape-rape-rape, c'est sa façon de freiner, dans Yellow Taxi Goes Vroom.
Trackline Express
Avec sa DA crayonnée et ses couleurs vives, Trackline Express a de quoi laisser penser qu’il est là pour nous offrir un petit moment mignon et tranquille à juste faire avancer notre train. Rien n’est moins vrai, et en vérité, quelques secondes de visionnage du trailer suffisent à le comprendre. Il y a du ramassage de ressources, de la construction, mais surtout une certaine nervosité, et une gestion plutôt stratégique. Un petit indé surprenant qui trouvera sans aucun doute son public et cela malgré un effet "mur de difficulté" sur le mode campagne.
Pas de train-train
Commençons par parler de la base, la gestion des ressources et du train. Vous connaissez le truc : on ramasse des branches, des cailloux, ça fait des outils, les outils permettent de construire des trucs plus évolués, qui facilitent la récolte ou permettent d’obtenir des ressources plus rares, etc. Tout ça, c’est bien gentil, sauf qu’on a aussi un train à gérer et que, bien évidemment, les ressources sont limitées. On doit aussi débloquer des plans, nécessaires à la découverte de nouveaux objets ou de nouvelles machines, objets ou machines dont on connaît l’utilité à l’avance, mais pas les ressources requises pour les concevoir. Là encore, il faudra tester et pour savoir quoi faire, un cadre en haut à gauche nous donne quelques indications. C’est une mécanique qui m’a un peu rappelé celle de Stacklands, avec d’ailleurs une esthétique qui s'en approche.
On arrive ensuite à la principale difficulté : le fait que tout se déroule en l'absence de véritables temps morts. Si la campagne commence doucement afin de prendre nos marques, on est vite rattrapés par un impératif plutôt motivant : l’avancée d’un gigantesque incendie qui menace d’engloutir notre train et les passagers qui sont dedans. On doit gérer cette menace imminente, mais également l’alimentation de la locomotive et la survie de nos personnages. Le découpage de ce mode histoire en différents chapitres, avec à chaque fois l’objectif d’atteindre la prochaine gare, permet toutefois un peu de respiration. Cela n’empêche que la difficulté est assez relevée si on n'assimile pas assez vite les priorités de gestion et l’organisation de la locomotive, mais d'après certains avis, les joueurs et joueuses d’Unrailed s’y sentiront à l’aise. Personnellement, je n’ai toujours pas bouclé la campagne parce que j’ai mal sauvegardé et mes personnages meurent de soif en boucle, ce qui semble correspondre au fameux "mur de difficulté" dont je vous parlais en introduction. Je jure donc solennellement de soit persévérer, soit recommencer à zéro. À noter également qu'on a la possibilité d'aller chercher d'autres modes de jeu solo : affronter des défis journaliers, générer une carte aléatoire, ou aller se tester sur des cartes déjà existantes. Car oui, il est possible de personnaliser sa propre expérience.
Voilà de quoi conclure avec la personnalisation et le multijoueur. À mon avis, c’est là où Trackline Express a de quoi aller chercher du public, un peu comme Don’t Starve Together est venu supplanter dans les têtes le Don’t Starve solo. Cela passe par de la personnalisation. On peut créer ses propres cartes, décider des ressources disponibles, son environnement, bref, il y a de quoi se fabriquer une expérience clef en main. Le tout est ensuite partageable en ligne, en privé ou directement à la vue de tous les joueurs et joueuses si vous avez envie de tenter le truc avec des inconnus (je parle toujours des cartes). Vous l’avez compris, le pendant de cette personnalisation, c’est le multijoueur. Je n’ai pas testé l’expérience multi parce que je n'en ai pas eu la possibilité, mais de ce que j'ai pu en voir, la création de parties est simple, les défis assez relevés et la pression toujours plus grande.
Trackline Express a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Trackline Express est un bon petit indé pour qui aime jouer sous pression. Les multiples paramètres à considérer, au-delà de la pure gestion de ressources pour l'alimentation de la locomotive, créent un vrai défi, peut-être un peu trop relevé d'ailleurs. À cela s'ajoute une expérience "à la carte" via pas mal de personnalisation, et du multijoueur pour s'amuser (et s'énerver) à plusieurs. Bien joué Bubblebird Studio, pour ce qui est leur deuxième création.
Yellow Taxi Goes Vroom
Découvert au détour d’un trailer qui a su mettre en avant son énergie bizarre, Yellow Taxi Goes Vroom appuie à fond sur la pédale, direction générosité, humour foutraque et précision moyennement calibrée, en digne représentant des platformers 3D du début des années 2000 qu’il veut convoquer.
Jaune le taxi
Dans la liste des jeux partis pour revitaliser le genre du platformer 3D, Yellow Taxi Goes Vroom s’inscrit dans deux niches, à savoir celle des titres qui se réapproprient une esthétique rappelant les graphismes de la Nintendo 64, et celle de ceux qui entendent détourner le genre même en y enlevant une de ces caractéristiques phares : le bouton de saut. Les premiers sont encore assez neufs, la mode étant encore à revisiter l’évocation visuelle de la PlayStation et moins les mondes aux sprites à peu près ronds et aux couleurs saturées. Les seconds sont également assez rares et pourtant reviennent aussi à intervalles réguliers sur la scène indépendante, depuis VVVVVV à Bomb Chicken et sa poule dopée à la nitroglycérine. Défi conceptuel tout autant que pari de sale gosse, le duo italien de Panik Arcade, qui a choisi un petit taxi à ressort comme héros, seul rempart à la folie de l’entreprise Tosla, dirigée par l’infâme Alien Mosk.
Dans une enfilade de mondes connectés depuis l’atelier de son constructeur, le mécanicien à moustache Morio, on file le plus souvent à toute berzingue en tâchant d’atteindre le nombre de rouages nécessaires à débloquer le monde suivant. Chaque niveau est organisé autour d’un objectif principal, mais multiplie les objectifs secondaires, le plus souvent résumé à « Comment atteindre tel endroit ? ». Afin d’atteindre les endroits les plus en hauteur, il va falloir utiliser le boost pour rebondir contre les pentes et s’en servir comme de tremplins. La vitesse de déplacement de base est assez rapide et brusque pour donner l’impression d’être sous perfusion de café et on se cogne sans cesse un peu partout, mais ça sert directement à l’énergie voulue par le jeu. La subtilité de la plateforme intervient au moment où l’on comprend l’importance d’interrompre le boost, ce qui a pour effet de faire se retourner en l’air le petit bolide. Une manière détournée de faire un saut, donc, mais pas spécialement facile à prendre en main, ce qui va de pair avec le léger manque de précision induit par l’effet tremplin. Malgré un contrôle de la voiture en l’air assez large, ces choix de design se révèlent parfois frustrants, ce qui est contrebalancé par une abondance bienvenue en checkpoints.
Yellow Taxi Goes Vroom aurait pu se contenter d’un pitch crétin, mais a tout de même à cœur de renouveler son gameplay régulièrement, à défaut d’être toujours réussi – les phases de boss sont généralement nulles, par exemple, mais il y en a peu. Les niveaux ouverts et tortueux incitent à l’exploration et sont assez nombreux pour qu’on ne soit jamais bloqué longtemps dans la progression, mais on sent tout de même que certains ont reçu plus d’attention que d’autres, tant visuellement que dans le level design. Le jeu n’est de toute façon jamais meilleur que lorsqu’il cherche à aller vite et jouer avec son ambiance dessin animé Cartoon Network de fin de race. Une des premières notes prises en jouant a été « Qu’il est con », et c’était plutôt une bonne remarque. Si l’humour référencé n’est pas toujours des plus fins ou efficaces, l’approche résolument memesque touche régulièrement la cible, comme l’omniprésence des pouets du klaxon (très réussi), notamment dans les choses les plus simples : aider une mamie à traverser la rue, ce qui nécessite d’atteindre le trottoir d’en face, ça fonctionne à tous les coups.
Yellow Taxi Goes Vroom a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Au-delà de son esthétique nourrie à la culture meme Internet et à la nostalgie du platformer 3D d'il y a 25 ans, Yellow Taxi Goes Vroom trouve son ton propre. D'une débilité le plus souvent réjouissante, il tire son épingle du jeu en associant son énergie débordante à un gameplay nerveux, complexe pour qui le veut, mais assez peu prise de tête. Un beau premier essai qui ne demande qu'à être raffiné dans une possible suite, avec encore plus de bip bip.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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