Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali projette son marteau en tous sens dans Tiny Thor et BatVador a exploré le concept de densification urbaine dans Pile Up!.
Tiny Thor
Voici un jeu annoncé avant même l'existence de The Pixel Post en 2017 et dont on désespérait de voir le bout du marteau un jour. Tiny Thor est un projet porté par Asylum Square, minuscule studio allemand qui n'avait jusqu'ici produit qu'un petit puzzle game passé complètement sous le radar. Il aura fallu quasiment dix ans pour que nous puissions nous essayer à leur premier projet majeur, qui prend la forme d'un puzzle platformer à l'ancienne et qui n'est pas sans rappeler un certain Donkey Kong Country mâtiné de billard à trois bandes. Avec un marteau divin en guise de boules.
Mettre des Thorgnoles
Tiny Thor n'est ni un metroidvania, ni un jeu d'exploration, et ne comporte aucune notion de jeu de rôle ou presque. Ce n'est pas non plus un rogue-like, ni un run & gun : ce simple fait le distingue beaucoup de la plupart de ses concurrents de 2023. Non, Tiny Thor est un platformer à l'ancienne, découpé en une trentaine de niveaux qui vous demandent pour l'essentiel de bondir de surfaces en surfaces, d'esquiver des pièges et de ramasser quelques bonus au passage pour débloquer des challenges bonus orientés masochisme.
Donc le petit Thor peut sauter, double-sauter, s'accrocher aux murs, rebondir sur des surfaces molles, une sorte de parfait mélange entre Mario et Sonic. Petite originalité : son marteau proverbial, qu'il peut envoyer dans tous les sens en le faisant rebondir sur les surfaces. Ce qui ajoute à l'ensemble une grosse dose de puzzle, avec des blocs à pousser, des interrupteurs à actionner au fond de grottes exiguës et autres ennemis a priori invincibles à tabasser par-dessous ou par derrière.
Dans l'ensemble, le pari d'Asylum Square de faire un jeu à la structure et au déroulé aussi classique est pleinement réussi. C'est beau, c'est fluide, les niveaux sont bourrés de secrets et le level design tient parfaitement la route. Les bonus à collecter dans chaque monde traversé rappellent Donkey Kong Country, les lettres flottantes et les bananes étant ici remplacées par des pierres plus ou moins précieuses à collecter. Tiny Thor est probablement le meilleur platformer 16 bits auquel vous n'avez pas joué en 1995.
On regrettera alors les quelques vilains défauts du jeu qui plombent tout de même un peu le tout, à commencer par des niveaux parfois invraisemblablement longs (comptez une bonne demi-heure pour arriver au bout d'un certain tableau). On regrettera aussi une physique occasionnellement bizarre de certains objets du jeu ou quelques énigmes approximatives. Plus dommage encore : le rythme assez déséquilibré de l'aventure, qui ne va commencer à vous proposer votre vraie palette de mouvements qu'après quatre ou cinq heures de jeu. Le premier biome, clairement trop long, donne l'impression d'un jeu beaucoup plus répétitif qu'il ne l'est sur la longueur. Dommage.
Tiny Thor a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch
On aurait sans doute aimé Tiny Thor un petit peu mieux équilibré, avec une courbe de difficulté mieux pensée et des mécaniques légèrement mieux calibrées. Mais dans son genre, il constitue tout de même une excellente surprise. Des décors superbes, des boss impressionnants, un level design très malin qui rappelle les plus belles heures de la Super Nintendo sans chercher à l'imiter tout à fait : c'est déjà très chouette.
Pile Up!
Les city builders, ce n’est pas ce qui manque en cette année 2023 : des remakes, des thématiques et même des à l’envers. Je ne m’en plains pas, j’aime bien ça et ce qui est plaisant ces dernières années, c’est la tendance du genre à proposer des expériences plus restreintes et lorgnant davantage plus vers le jeu de placement que le city builder à proprement parler. Pile Up! promet et propose une expérience « chill » inspirée par Townscaper, Dorfromantik et Islanders.
Les charmes de la densification urbaine
Développé par l’équipe turque de Remoob, Pile Up! ne cache pas ses inspirations et propose son propre twist sur la formule. Ici, vous disposez d’un espace restreint, une plateforme au beau milieu de la mer ou une petite île rocheuse, et une poignée de bâtiments. Ces bâtiments, il va falloir les empiler pour augmenter la population de votre ville et obtenir des points qui vous permettront, une fois la partie finie, de débloquer de nouveaux bâtiments. Le défi ici, ce n’est pas l’équilibre des bâtiments, ils s’arrangent tout seuls pour tenir en se fondant les uns aux autres et en créant de gigantesques pilotis si nécessaire. Non, le défi, c’est de fournir à votre population de l’eau, du gaz, de l’électricité et l’accès à des espaces verts et c’est tout. Tant que la population est heureuse, vous pouvez continuer, sinon c’est la crise sociale et le game over.
Sur le papier, ça paraît facile et la description n’est pas mensongère, vous pouvez prendre tout le temps du monde pour agencer vos constructions. Dans les faits, c’est un tout petit peu plus compliqué, d’abord parce que, bien sûr, les bâtiments ont des contraintes de placement : les réservoirs de gaz font exploser les générateurs électriques à proximité et inversement, les citernes d'eau détruisent les bâtiments en dessous, sauf certains, etc. À cela s’ajoutent les usines que vous recevez à chaque fois que votre ville passe une étape de son développement. Chaque usine génère un nombre limité de bâtiments qui permettent à leur tour de faire des combos. Le mécanicien permet aux usines à proximité de générer un bâtiment de plus, la prison accélère la production, le casino livre un bonus ou un malus, etc. Il faut donc composer avec ce que vous recevez et en tirer le meilleur parti.
Pour le moment en accès anticipé, Pile Up! fonctionne très bien, à l’exception du tutoriel, mais quelques minutes à tâtonner suffisent à comprendre les bases. Deux îles sont pour le moment disponibles avec deux modes de jeu (normal et bac à sable) et une dizaine de bâtiments à débloquer, ce qui suffit amplement à passer une poignée d’heures à faire des essais et à tester les différentes possibilités. Esthétiquement, c'est également une réussite. Avec des formes simples et organiques, il réussit à créer des villes à la fois étranges et fascinantes. Une fois posés, les bâtiments s’adaptent à leur environnement et se fondent avec leurs voisins, créant des passages, des terrasses formant un espace organique quasi vivant. Plus la densité augmente, plus votre ville prend des allures inquiétantes et on se demande ce que ça peut faire de vivre dans un tel endroit. Une sensation intéressante, car rien dans les formes ou le concept n’est particulièrement oppressant, c’est juste un résultat de la densification urbaine et du caractère organique des bâtiments.
On peut cependant reprocher à Pile Up! trois choses qui seront possiblement corrigées plus tard. D’abord, son manque de lisibilité : impossible de recliquer sur un bâtiment pour savoir ce que c’est et il est parfois compliqué, surtout passé un certain niveau de population, de savoir où se trouvent les usines. Ensuite, il manque un bouton pour annuler un placement, ce qui rend l’expérience légèrement moins relaxante. Pour finir, il n’est pas pour le moment possible de sauvegarder une partie et même si ces dernières ne sont pas très longues, ça reste un problème. Pour la suite du développement, l’équipe promet davantage d’îles avec possiblement des gameplays un peu différents et d’autres bâtiments. Difficile de savoir pour le moment si la suite proposera vraiment des variations du gameplay ou enrichira simplement la boucle actuelle, mais dans un cas comme dans l’autre, l’équipe promet un prix abordable pour tout le monde et s’ils tiennent leurs promesses, il n’y a pas de raison de ne pas se laisser tenter.
Pile Up! a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Basé sur des concepts très simples, Pile Up! réussit à proposer une expérience complète et astucieuse qui joue à la fois sur des combos entre bâtiments et sur l’espace restreint qu’il alloue à la création de la ville. Malgré quelques défauts de lisibilité et de logistique, Pile Up! bénéficie d’une très chouette direction artistique et d’une base très solide qui devrait être renforcée par la suite et devrait plaire aux amateurs de city builders minimalistes/jeux de placement.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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