Cette fois-ci dans Partie Rapide, BatVador jardine dans Tiny Garden et construit des villes sur des îles dans Tranquil Isle.
Tiny Garden
S’il y a bien une chose que je regrette d’avoir vendue à la grande brocante de ma ville quand j’étais ado, ce sont mes Polly Pockets. Évidemment, étant ado, je me trouvais trop cool, trop grande pour les garder alors que bon, vu mes choix vestimentaires et cosmétiques, j'ai sûrement été beaucoup de choses, mais cool certainement pas. Maintenant à mon grand âge, j'ai des regrets. Pas que j’aie jamais été douée pour raconter des histoires avec, mais parce que j’ai toujours été fascinée par ces petits écrins qui renfermaient tout un monde. Un monde de plastique, certes. Un monde parfois quasi en 2D, mais un monde plein de petits détails, de petits secrets, de petits personnages. Je me souviens surtout de l'atelier de couture qui contenait une couturière assise à une machine à coudre qui pouvait s’enlever et devenait une bague, ainsi que de la boite sous-marine qui avait au milieu un coquillage qui cachait un joyau bleu. Si on m’avait demandé à dix ans, j’aurais dit que c’était la plus belle chose que j’avais vue de ma vie. Rien de moins. Bref, si je vous ramène avec moi le long de mes regrets et de mes souvenirs, c’est parce que Tiny Garden, ce n’est ni plus ni moins que du jardinage dans une boite de Polly Pocket. Ni plus vraiment ?
Jardinage de poche
Ça commence avec un carré de quatre parcelles cultivables. On plante des graines, on tourne la manivelle et pouf, voici des légumes. Des carottes et des navets d’abord. Puis des cactus qui dessèchent la terre et des buissons qui font pousser de l’herbe. Puis on débloque une nouvelle catégorie de plantes et on a besoin de fontaines pour inonder les parcelles et puis d’un nain de jardin qui produit un sol d’automne. Et puis on débloque aussi un à un les étages de la boite où l’on va pouvoir placer des meubles. Quand on commence à aménager les étages, on reçoit des lettres qui esquissent l’histoire banale et touchante d’une mère et de sa fille qui ont du mal à communiquer. Banale n’est pas ici à prendre au négatif, rien d’extraordinaire, juste deux êtres humains qui font de leur mieux et c’est joli comme tout. Parfois les lettres s’accompagnent d’un petit dessin qu’il faut alors reproduire sur ses parcelles pour recevoir la suite. C’est en général plutôt simple, mais ça peut demander un peu de temps pour réunir toutes les graines. Seul un puzzle m’a réellement donné du fil à retordre et j’ai eu besoin d’un indice que, et c’est dommage, j’ai dû chercher à l’extérieur du jeu. Le reste demande plus de patience et d’organisation que de réflexion. On prend vite le jeu en main et bientôt, notre petit jardin fonctionne en quasi-permaculture avec des plantes qui modifient le sol plantées en permanence pour pouvoir cultiver simultanément plusieurs espèces.

Tiny Garden est, à défaut d’autres mots, un jeu adorable et comme les Polly Pockets de mon enfance, il regorge de petits détails. Oh bien sûr, les nuances de couleur sont parfois un peu kitsch, il a deux ou trois trucs qui ne sont pas très intuitifs. Des fois, les graphismes sont un peu simples et manquent un tout petit peu de caractère. Mais, comme quand j’étais petite, ça ne m’a pas tellement dérangée. J’ai trouvé rigolo d’appuyer sur les objets pour avoir des réactions, j’ai bien aimé arranger l’espace malgré mes faibles talents pour la déco d’intérieur, j’ai eu envie de débloquer toutes les graines et de lire toutes les lettres. J’ai beaucoup aimé comprendre les interactions entre les différentes plantes et comment organiser mon jardin pour que ça soit pratique. Je ne dis pas que j’y retournerai pour profiter du mode bac à sable au-delà des 6-8 heures de jeu qu’il m'a fallu pour arriver au bout de l’histoire et débloquer toutes les graines et les meubles, mais j’ai passé quelques heures très sympathiques dans un monde de poche entouré de nuages synthétiques à faire pousser des légumes et ça m’a ravie.

Tiny Garden a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
À la fois boite de Polly Pocket, farming sim et jeu de puzzle, Tiny Garden n’a ni chrono ni pression, juste une petite histoire épistolaire et des dizaines de graines à faire pousser. C’est adorable et comme une boite de Polly Pocket, ça regorge de petits détails à découvrir. Évidemment, c’est un genre de farming sim donc il faut aimer, mais si c’est votre cas, jetez-y un coup d’œil, on ne sait jamais.
Tranquil Isle
Prenez un diagramme de Venn, mettez dans les trois cercles construction de ville, minimalisme et puzzle, et au centre, vous avez : Tranquil Isle. Ainsi qu’une bonne poignée d’autres jeux auxquels j’ai joué depuis deux ans. J’en ai critiqué certains sur The Pixel Post comme Pile Up! ou River Towns et d’autres pas, comme Islanders. Si Pile Up! était un de mes GOTY de 2023, principalement pour sa DA très organique, je n’arrive toujours pas à savoir si cette niche, indépendamment de la qualité des jeux, me contente moi en tant que joueuse. D’un côté, j'admire leurs designs et mécaniques épurées, l’ingéniosité de l’utilisation de l’espace et des interactions entre les bâtiments et j’apprécie profondément la magie d’un beau placement de bâtiment. D’un autre côté, de par leur nature même, ils sont un peu limités une fois qu’on a fait le tour des cartes, des bâtiments et de leurs interactions. Même l’aspect roguelite ne parvient pas indéfiniment à repousser l’impression d’avoir tout vu. Je ne saurais pas vous dire si cette ambivalence est due au genre ou à moi, qui devrais sans doute passer mon tour la prochaine fois qu’on me promet un jeu lo-fi/sans pression. Et pourtant, j’y retourne, d’abord parce que je voudrais aimer ça complètement et aussi parce que malgré mes réserves, ce sont des expériences que j’aime bien découvrir.
Tranquillité de façade
Et Tranquil Isle ne déçoit pas. Il ne déçoit pas sur la DA et ses quatre styles et ambiances (purement esthétiques, ça ne change rien aux fondamentaux) et son animation des villes, au fur et à mesure que l’on pose des bâtiments, à coups d’habitants, de travailleurs, de loupiottes et de fanions, et c’est adorable et vraiment joli. Il ne déçoit pas non plus sur la logique des interactions entre les bâtiments ni sur l’utilisation de l’espace, avec ses îles à débloquer par paliers. J’ai passé du temps à regarder les villes s’animer et à tourner mes bâtiments pour les ranger de manière satisfaisante (ce qui n’a été une réussite que la moitié du temps). J’ai réfléchi à l’organisation urbaine en songeant que Tranquil Isle reflétait bien, au moins dans sa logique, l’organisation de la société urbaine moderne. Les industries nécessaires, mais faisant perdre des points aux habitations, les quartiers résidentiels qui ne tolèrent, pour faire le maximum de points, que les commerces et les divertissements et d’autres habitations. Les demeures spacieuses qui veulent privatiser le maximum d’espace et les commerces similaires qui ne peuvent pas être trop proches les uns des autres au risque de se faire concurrence. Le tout qui doit cohabiter dans un espace réduit nécessitant également de préserver les ressources naturelles qui s’y trouvent, au risque de ne plus pouvoir placer de bâtiments et donc de limiter la croissance de votre ville. Est-ce que la croissance devrait d’ailleurs toujours être notre but ? Ah zut, ça me reprend.

Au bout d’un moment, à court d’espace ou de bâtiments, on se retrouve à devoir arrêter la partie. C’est là d’ailleurs qu’est mon seul vrai grief envers Tranquil Isle. Même quand on ne peut plus rien faire, il faut arrêter manuellement la partie. J’ignore si c’est volontaire, parce qu’il existe la possibilité d’ajouter des décorations (purement esthétiques) aux îles, ou un oubli, ou encore un réglage qui viendra plus tard, mais c’est légèrement frustrant. Un grief relativement mineur, donc. Malgré toutes les qualités que je trouve à Tranquil Isle, au bout de quatre heures, j'ai l’impression d’avoir un peu fait le tour, même si c’est vrai, j'avoue, que je pourrais tenter de battre mes propres scores. Mais vous pensez bien que si au collège, je me contentais d’une tranquille moyenne à douze par flemme de bosser, ce n’est pas pour maintenant avoir la passion de battre mes scores ou ceux des autres. Ceci étant dit, j’ai oublié de préciser, malgré son aspect super relax et décontracté, ça reste avant tout un jeu de puzzle et d’optimisation de l’espace et en mode classique, les petites erreurs de jugement lors du placement deviennent vite de gros problèmes qui présagent un game over avant même d’avoir débloqué toutes les îles disponibles.

Tranquil Isle a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Malgré son allure reposante et décontractée, Tranquil Isle est un jeu de puzzle de type casse-tête qui vous dit d’une voix fort gentille que vous auriez quand même pu mieux placer cette ferme, ça vous aurait évité de perdre. Mais comme c’est super beau et que vous pouvez toujours recommencer, vous ne lui en voulez pas trop. Il faut tout de même relever, et c’est inhérent à ce genre de jeu, qu’au bout de quelques heures, on peut avoir l’impression d’en avoir fait le tour. Ceci dit, c’est idéal quand on n'a pas énormément de temps devant soi, ce qui permet de le faire durer davantage.
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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