Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray regrette ses choix de vie dans Surmount et Shift a fait pousser des fleurs magiques dans Botany Manor.
Surmount
À la fois charmé et déçu fin 2023 par Jusant, j'ai su, à ma première vision de son trailer, que je voulais jouer à Surmount. De l'escalade, mais façon cartoon débile, tout en s'amusant avec les lois de la physique, c'était parfait pour se détendre après ma découverte des Souls-like avec Another Crab's Treasure. Le résultat ? Je me sens bien mieux au fond de l'eau qu'en haut de la montagne…
La montagne, ça vous gave
Bienvenue au Mont Om, une montagne qui tutoie les étoiles et dont le sommet est l'objectif de nombreux grimpeurs. Mais si nombreux soient celles et ceux qui ont tenté leur chance, personne n'a réussi à grimper au sommet. Enfin ça, c'était avant l'arrivée de Papy la Grimpette (oui, le jeu vous permet de personnaliser votre avatar, de ses traits jusqu'à ses vêtements, et j'ai choisi l'option vieux roublard qui veut vivre un dernier frisson).
Mon objectif : planter un drapeau tout en haut de cette montagne divisée en 4 zones, elles-mêmes séparées en 3 niveaux. S'il est possible de ne pas grimper en haut de la montagne en une fois, s'engager dans une zone implique de finir ses 3 niveaux, sous peine de devoir recommencer la fois d'après. Mais en plus de cet objectif premier, Surmount comprend plusieurs dizaines d'objectifs secondaires. Des sous-quêtes impliquant les demandes loufoques des habitants de la ville de New Tully (à la base de la montagne) ou des autres grimpeurs. Des sous-quêtes qui permettent de se familiariser avec les particularités des nouvelles zones et les techniques de grimpe.
Mais l'escalade dans tout ça ? Disons que cela va du début divertissant façon jeu flash à la physique rigolote à, très rapidement, une suite cauchemardesque et impardonnable façon Getting Over It with Bennett Foddy. Le gameplay est assez simple : une gâchette par main pour s'accrocher et on passe de l'une à l'autre. On peut sauter et surtout, on peut aussi se balancer, telle l'aiguille d'une horloge devenue folle, jusqu'à tout lâcher et s'envoyer au loin (en espérant avoir lâché au bon moment… ce qui est rarement le cas).
S'ajoute à cela une jauge de stamina vous demandant de trouver rapidement un endroit où vous poser lors de votre ascension. Une jauge qui sert aussi de santé puisqu'une chute trop lourde (ça va arriver souvent) vous fera baisser votre stamina maximum, vous compliquant grandement la vie. Enfin, vous pourrez bénéficier de différents objets allant du classique grappin aux moins conventionnels jetpack ou téléporteur pour faciliter votre ascension.
Le problème, c'est que Surmount, qui aurait pu être amusant, même sur la durée, devient rapidement beaucoup trop dur. La faute déjà à un mauvais équilibrage de la difficulté qui vous fait passer d'une première zone amusante à une deuxième de glace qui multiplie les nouveautés (personnage qui gèle sur certaines surfaces, hélices de l'enfer, murs enneigés qui se détruisent…). J'ai trouvé personnellement la troisième zone plus facile (la quatrième… disons qu'elle est dans une autre catégorie encore).
L'autre problème, c'est que les niveaux (ceux de la montagne, pas les quêtes annexes) sont générés aléatoirement. Et que, trop de fois, j'ai eu l'impression que ma réussite tenait plus à la chance de l'agencement du niveau qu'à mon talent. À l'inverse, certains niveaux semblent juste impossibles, d'autant plus quand certains morceaux se détruisent après notre première ascension et qu'une mauvaise chute nous fait redémarrer plus bas. Ajoutez à cela de nombreux bugs (je ne compte plus les chutes parce que mon personnage a lâché le mur pendant une animation d'histoire, me forçant à tout recommencer) et des niveaux BEAUCOUP trop longs pour un jeu qui vous demande d'être crispé sur les gâchettes de votre manette par peur de lâcher le mur et de tomber, et vous vous retrouverez avec un jeu qui n'est plus que frustrant. Et ce ne sont pas les pouvoirs déblocables ou les options d'accessibilités (stamina et santé infinie ou même gravité réduite au point de pouvoir voler jusqu'au sommet) qui rendent le jeu moins frustrant tant certaines mécaniques semblent être faites juste pour énerver le joueur.
Surmount a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch.
Je pensais sincèrement m'amuser avec Surmount et son univers délirant, mais le jeu m'est rapidement tombé des mains. La faute à une difficulté mal dosée, de nombreux bugs et une génération aléatoire des niveaux qui aurait dû être cantonnée aux défis journaliers. Je crois qu'il est temps pour Papy la Grimpette de se mettre à la marche, ça sera mieux pour tout le monde.
Botany Manor
Des fois, on part sur de mauvaises bases avec un jeu : à peine l’avais-je lancé que j’étais déjà un peu ronchon envers Botany Manor. Car, voyez-vous, le titre de Balloon Studios est un puzzle game à la première personne, impliquant de trouver des informations dans un manoir et son immense jardin pour résoudre les énigmes. Que le jeu nous met à disposition un carnet pour recenser toutes ces infos, sauf qu’il ne le fait pas, et indique seulement que l’on a lu tel document, à tel endroit, sans en consigner le contenu, forçant à effectuer de nombreux allers-retours puzzle après puzzle.
Changer les choses avec des bouquets de roses
Bon, ma contrariété partagée, il faut maintenant que je l’admette : c’est bien l’unique reproche que je peux adresser à Botany Manor. Reproche en plus largement atténué par la structure et le level design : tout est suffisamment bien fichu pour que les indices soient tous relativement proches géographiquement, que des raccourcis s’ouvrent au fur et à mesure de la progression, et que l’architecture du manoir et de ses jardins ait assez de personnalité pour qu’on ne s’y perde pas. Oui, c’est contrariant, et un peu incompréhensible comme choix de game design, mais ce n’est finalement qu’un détail, surtout en comparaison avec les grandes qualités du titre.
Dans Botany Manor, on joue une botaniste à la retraite dont le but est de faire pousser des plantes légendaires afin de les ajouter à l’herbier qu’elle souhaite faire éditer pour conclure sa carrière. Chaque énigme consiste donc à relier un certain nombre de documents entre eux pour comprendre comment faire pousser la plante suivante. Et c’est extrêmement réussi. Botany Manor dure pile le temps nécessaire (environ 4 heures, même si j’avoue que maintenant le jeu terminé, je ne dirais pas non à quelques chapitres bonus pour y retourner), et surtout, il a pile la bonne difficulté : assez facile pour qu’on ne bloque jamais vraiment dessus, mais pas au point de deviner la solution immédiatement ou sans trouver tous les documents. À la manière d’un bon escape game, chaque pièce du puzzle est indispensable pour comprendre ce que l’on attend de nous.
Mais, pour être honnête, la difficulté des énigmes n’est pas le plus important dans l’affaire. La véritable élégance de Botany Manor réside dans sa manière de raconter des histoires, de créer du lore et du contexte avec ses énigmes. Chaque plante étant complètement fictive et possédant des propriétés très légèrement surnaturelles – ajoutant une légère et bienvenue touche de réalisme magique à l’ensemble – les documents donnant des indices sur la manière de les faire pousser racontent tous à leur manière une histoire. Lettres, extraits de journaux, contes, recettes de cuisine, pétitions, productions scientifiques : les indices ne sont jamais uniquement des indices, ils donnent du relief à cet univers légèrement alternatif et inscrivent les plantes dans un écosystème.
Via le thème de la botanique, le titre aborde en filigrane les sujets de l’écologie, du folklore, de la cuisine, du tourisme, de la science, de la politique, de la médecine, ou de la zoologie : ces plantes font partie d’un tout, interagissent fatalement avec ses autres éléments et c’est ça, finalement, le plus intéressant à raconter. Il en est de même pour le parcours d’Arabella Greene, notre protagoniste, dont la carrière est résumée au fil de lettres disséminées dans le manoir, et rappelle à quel point le monde scientifique et académique peut être violent et cruel – via les tournures de phrases les plus polies et affables du monde – envers les femmes qui tentent de l’intégrer. Un discours subtil, qui réussit à être suffisamment discret pour ne pas prendre le pas sur l’attraction principale que sont les énigmes du jeu, sans pour autant être optionnel ou implicite : il fait sans aucun doute partie intégrante du propos et de l’intention de Botany Manor.
Ce fichu carnet de quêtes est entièrement pardonné : Botany Manor est un formidable puzzle game. Certes, le titre est assez simple et assez court, mais rien n’est en trop dans ces quatre heures de jeu, qui réussissent à ne jamais proposer deux fois le même type d’énigmes ou de logique, tout en déroulant un discours à la fois sur la place des femmes dans les sphères académiques et sur celle des plantes dans nos sociétés et cultures, dans une ambiance reposante et onirique. Une grande réussite pour ce premier jeu du studio, qui, j’espère, en sortira d’autres de cet acabit.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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