Dans cette Partie Rapide, Seastrom joue à la maison de poupée chill dans Summerhouse, tandis que glau tente vainement de trouver quelque chose à sauver de Zoria: Age of Shattering.
Summerhouse
Voir des formes toujours différentes de jeux vidéo être créées est vraiment un plaisir en soi. Ces derniers temps, on voit de plus en plus d’exemples qui considèrent le jeu comme un outil de création par lequel exprimer sa créativité, sans objectifs de réussite autre que la satisfaction d’avoir fait quelque chose dont on est content. Zali s’est jusqu’à maintenant spécialisé dans les simulateurs de dioramas centrés sur les plantes, qu’elles soient sauvages comme dans Cloud Gardens ou d’intérieur comme dans Garden In!. Je me frotte à ce genre particulier pour la première fois avec Summerhouse, lequel entreprend de nous laisser créer des bâtisses au charme pittoresque.
Les constructeurs de l’extrêmement doux
Il y a peu de genres de jeux qui m’attirent moins que les city builders. Tenter de rendre fonctionnelle une ville qui ne voit y vivre que de toutes petites personnes occupées à faire tourner la grande machine capitaliste, la flemme. Summerhouse, lui, se contente d’être un house builder, ce qui est plus à mon échelle. Un façade builder, même, pourrait-on dire, puisqu’on y monte une bâtisse que depuis un unique point de vue. C’est toute une batterie de murs différents, de fenêtres, de portes, de toits, entre autres éléments de décor. Pour naviguer parmi tout cela : une souris, son clic gauche, et deux touches pour gérer la profondeur de pose. À quelques anicroches près, proches du sol, tout se déroule avec fluidité, et on peut même revoir en accéléré l’installation de tout ce beau monde en quelques secondes le temps d’une mini-vidéo en temps réel.
La ville des city builders, elle se trouve en arrière-plan d’un des quatre environnements à disposition, qui chacun joue agréablement avec la profondeur de champ. Une plaine, un terrain montagneux, les abords d’une grande métropole et un désert : autant de paysages vivants, balayés par le vent et plein de détails joliment animés. Tant qu’on n’est pas allergique aux pixels grossièrement taillés, comme c’est à la mode chez une partie des indés depuis quelque temps, difficile de ne pas succomber au charme ambiant. Le calme qui anime les maisons et immeubles que l’on assemble, un bloc après l’autre, se sent également dans le soin apporté au design sonore, jamais avare en discrète brise habillée par des touches de musique éparses, de jour comme de nuit ou par temps pluvieux.
L’attention est ici portée au niveau micro, tant dans l’environnement que dans le bâtiment qui s’y tient. Tout semble avoir vécu, ici, comme si on ne faisait que révéler sa présence et celle, pas tout à fait fantôme, de celles et ceux qui y habitent. Pour marquer un semblant de progression tout de même, certains éléments enrichis d’humains et d’animaux sont à débloquer par l’association de blocs prédéfinis. Une jolie manière d’apporter de la vie à l’écran. On apprécie, enfin, la possibilité que nous laisse Summerhouse de poser nos blocs n’importe où, les airs compris, afin de laisser libre cours à nos fièvres de magrittes aigües.
Summerhouse a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Joli comme tout et souple d’utilisation, Summerhouse est un jeu-outil de construction aussi bien pensé que fignolé avec soin. Il s’inscrit dans la lignée de ces productions resserrées qui savent ce qu’elles veulent. Ici, proposer un temps de calme pour construire un décor plein de sa personne. Idéalement, il proposerait encore plus d’éléments à poser, mais les mods ça existe (s’il s’y ouvre, c’est jackpot) et puis pour 5 euros, on ne va pas quand même pas râler. Une bien belle pioche.
Zoria: Age of Shattering
La richesse du médium vidéoludique est une joie toujours renouvelée. Quel que soit le jeu, même si l'expérience n'est au final pas formidable, il y a toujours un petit quelque chose à sauver, une idée, un style, un effort. Il arrive toutefois que les étoiles soient parfaitement alignées. Ces moments de grâce où l'on met à jour une œuvre parfaitement et impitoyablement ratée. Vous la voyez venir, ma critique de Zoria ? Non, ça ne sent pas très bon.
En mille morceaux
Par où commencer ? C'est bien simple, on dirait que tout a été pensé comme une parodie du RPG tactique. En fermant les yeux, j'entends déjà la voix stridente du Joueur du Grenier. L'arbre de compétences ? Famélique et absurde. Le loot ? Il pleut tellement de bidules verts et bleus que Météo France m'a mis en vigilance orange. Même Diablo rougirait du tri incessant à faire entre une "Blazefury Demonic Blade" et une "War Short Spear of Causality" (je n'invente rien). Les graphismes rappellent Warcraft 3 (version 2002 hein, pas le remaster), ce qui le rendrait presque sympathique, s'il n'y avait pas tout le reste.
La narration est un poème. Mon dernier exemple : je termine un combat difficile en tuant un mage. Cutscene 100 m plus loin : le mage réapparaît (il n'est finalement "pas mort", c'est "un truc de mage"). L'un de mes personnages se jette sur lui, grosse fumée moche, les deux ont disparu, je peux passer. Faites-en ce que vous voulez, moi, je n'ai rien compris.
Cerise sur le gâteau à l'arsenic : Zoria est également horriblement difficile. Il va falloir serrer les dents : le groupe risque de se faire anéantir dès le tutoriel, voire sur le tout premier combat. Ça tape dur, et ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup d'options au début. Les sorts à distance reposent sur une ligne de vue arbitraire, impossible à deviner à l'avance — je te vois, je ne te vois plus. Idem pour les attaques d'opportunité, qui se déclenchent quand on passe trop près d'un ennemi. Ou pas. Le tout sur des kilomètres de trash mobs tous identiques.
Afin de survivre au premier niveau, même en mode facile, il a donc fallu poser un campement plusieurs fois pour dormir et récupérer des points de vie. Oui, nous sommes censés fuir le château au beau milieu d'un assaut, mais laissez-moi cuire quelques carottes. Vous me direz, même les plus grands comme Pathfinder ont recours à cette méthode, mais ils y mettent un peu plus les formes. J'aurais aimé vous parler plus longuement de la suite, mais un bug m'a empêché de lancer un quelconque combat dans le deuxième niveau. Je n'ai pas beaucoup insisté. Parfois, il faut écouter les signes.
Zoria: Age of Shattering a heureusement été testé sur PC via une clef fournie par l'éditeur.
Seule explication possible, Zoria: Age of Shattering est un projet étudiant un peu trop enthousiaste qui s'est senti pousser des ailes. Reste à comprendre comment un éditeur a pu se laisser embarquer dans une telle aventure. Quoi qu'il en soit, le marché du RPG tactique est suffisamment vaste pour trouver autre chose à se mettre sous la dent pour ce prix-là. Faites-vous un Wildermyth, un Wartales, ou même Dark Envoy si vous avez vraiment faim.
glau
Se perd dans des mondes ouverts, dans les rouages de sa propre usine ou dans le fracas des chars, mais trouve toujours un petit chemin de fer pour rentrer.
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