Dans cette partie rapide, BatVador identifie des plantes magiques dans Strange Horticulture et Seastrom plonge tête la première dans Below The Ocean.
Strange Horticulture
Dans la petite bourgade d’Undermere, caractérisée par son climat pluvieux et ses habitants excentriques, Strange Horticulture propose d’identifier des plantes étranges aux propriétés magiques et d’aider vos clients à dormir la nuit, effrayer des enfants ou bien à résoudre une série de meurtres brutaux qui touchent la congrégation de sorcières du coin. Strange Horticulture livre exactement ce qu’il promet, un jeu relativement simple, mais prenant, qui ne révolutionne pas grand-chose ni au niveau narratif ni des puzzles, mais dont on reprendrait bien une dose… ou deux.
La petite boutique des plantes magiques
Le principe est simple, les clients viennent vous voir pour vous demander une plante pour les aider ou les soigner et à vous d’identifier la plante dans votre magasin à l’aide de votre grimoire. Chaque minute passée et chaque tâche effectuée font monter la jauge d’exploration. Une fois pleine, elle permet d’explorer la carte. L’exploration est guidée par différents courriers, indices, cartes qui vous indiquent où chercher.
Au fur et à mesure, votre grimoire s’étoffe de nouvelles pages et vos étagères se remplissent de nouvelles plantes tandis que la pluie et l’orage ne cessent de gronder dehors. Entre deux tâches, vous prenez le temps de grattouiller Hellebore le chat noir, qui ronronne sur le comptoir et sursaute à chaque coup de sonnette. Chaque nouvelle visite de client vous permet d’en apprendre plus sur les habitants du village et sur ce qui se trame dans la forêt. Sans en dévoiler les tenants et les aboutissants, l’histoire est très classique et ne propose pas beaucoup de choix pour influencer les événements. La rejouabilité est donc limitée, car si les quelques choix à faire peuvent changer sensiblement la vie de certains personnages et la fin du jeu, la trame reste globalement inchangée de même que les puzzles et les plantes, limitant un peu l’intérêt d’y revenir.
Prendre le temps d’écouter pousser les fleurs
Malgré son fond très classique et sa rejouabilité limitée, Strange Horticulture est diablement efficace. Cela tient d’abord à son ambiance et à sa thématique extrêmement raccord avec l’air du temps. La sorcellerie, le cottagecore et plus généralement le retour à la nature sont des thèmes qui ont le vent en poupe en ce moment et, vu le contexte actuel, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Avec son atmosphère reposante, son absence de timer et d’objectifs chiffrés, Strange Horticulture appelle à prendre le temps. Prendre le temps de regarder les plantes, de lire les demandes des clients et ranger sa boutique tout en profitant des ronronnements bienheureux d’Hellebore.
Quelques mécanismes évitent que le joueur ne fasse trop appel au hasard et limitent les déplacements sur la carte, ce qui est compréhensible, mais peut se révéler un peu frustrant lorsqu’on clique par mégarde à côté de la case où on voulait aller. L’absence de game-over, la durée assez courte du jeu (env. 5-6 h) et le système d’indices participent à rendre le jeu accessible et non stressant, sans en amoindrir l’intérêt. En parlant d’accessibilité, le jeu n’est pour le moment pas disponible en français et nécessite tout de même un niveau correct d’anglais (ou d’allemand ou de russe) pour être apprécié. Le menu propose également une police avec des caractères simplifiés pour rendre le jeu plus lisible et même si l’intention est bonne, on peut se demander pourquoi privilégier une police jolie, mais à moitié illisible plutôt que de tout rendre accessible dès le départ. On pourra noter aussi l’interface un peu brouillonne qui lui donne un point commun avec les jeux comme Not Tonight et Papers Please où les objets se superposent et s’entasse sans avoir vraiment suffisamment de place pour fonctionner tous ensemble. Malgré ses défauts mineurs, ma principale critique à Strange Horticulture n’est pas vraiment une critique, mais un regret, celui de ne pas pouvoir passer plus de temps dans cette adorable boutique à identifier des plantes et à écouter la pluie tomber.
Strange Horticulture a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Strange Horticulture propose une ambiance reposante, mais très prenante qui fait facilement oublier sa trame très classique et ses quelques défauts.
Below The Ocean
Ce n’est pas dans nos habitudes mais, à l’instar de notre voisine du dessus, on va (se) jeter quelques fleurs pour une fois. Dans l’Indé matin, il y a pas mal de jeux qui font de la figuration et on n’a pas souvent l’occasion d’en parler plus longuement ; c’est que ça ferait un budget d’acquérir tout ce beau monde. Mais pour une fois, on s’est laissé tenter et c’est avec fierté qu’on fera désormais un peu plus confiance à notre flair : Below The Ocean est une perle.
Je dirais même plus : nous pompons
Petite, la perle, entendons-nous bien. Le platformer de Retro Casual, studio derrière lequel officie seul Ismael Rodriguez, coûte 5 euros et occupe entre 1h30 et 2 h. On parle bien d’un projet modeste, qui s’est monté bout par bout sur itch.io avant de sortir en décembre dernier dans sa version complète sur Steam, depuis une idée originale née à l’occasion de la 48ᵉ édition de la game jam Ludum Dare. Mais à chacun de ses quatre chapitres, Below The Ocean étonne par sa capacité à se réinventer et à aller au bout de ses idées, se permettant de le faire avec style, en plus de ça.
Notre scaphandrier va ainsi traverser une suite de tableaux ayant comme point commun de se trouver au fond de l’eau. La maniabilité s’en ressent évidemment, et si nager n’est pas une option, l’ampleur de nos mouvements est suffisamment affectée pour faire ressentir la particularité de l’environnement. On se croirait presque en apesanteur vu la longueur de nos sauts. Mais qui dit casque dit oxygène, et il faudra naviguer d’un point d’attache à l’autre pour progresser sans arriver au bout de notre laisse à air, dont le balancier sera utile à plusieurs occasions.
Des fonds marins, Below The Ocean joue avec malice en imaginant quelles mécaniques de gameplay pourraient naître de cet environnement singulier et fait preuve de créativité. On n’échappe pas à la bulle d’air qui permet de flotter grâce au courant, d’ailleurs pas toujours simple à prendre en main, mais d’autres situations, comme la perte de la source d’oxygène, nécessitant de se presser jusqu’au prochain ravitaillement, ou l’utilisation de l’électricité via le narguilé (le tube amenant l’air) pour se débarrasser de quelques ennemis, renouvellent avec efficacité les épreuves rencontrées. Même s’il arrive d’hésiter sur la marche à suivre dans une poignée de tableaux, avancer n’est jamais très compliqué et on se concentre davantage sur le plaisir pris à découvrir ce qui suit. Et pour celles et ceux qui rechercheraient du défi, des collectibles sont à ramasser et nul doute qu’il faudra s’y prendre à plusieurs fois avant d’atteindre les 100 %.
Ismael Rodriguez a vraiment pris soin de son jeu en le dotant d’une direction artistique aussi minimaliste que charmante, avec des touches de couleur pour les éléments interactifs, mais aussi en apportant le minimum d’ambiance qui permet à Below The Ocean de se forger sa propre identité. Cette attention passe par une légère couche narrative à l’introduction de chaque niveau, ramassée en cinq ou six lignes écrites avec tact, et dans un semblant de narration environnementale à laquelle on doit le sentiment d’étrangeté dans lequel baigne les fins de niveaux. On est à deux doigts de développer un lore de fan. Mention, enfin, à la soundtrack qui accompagne nos péripéties, dont on attend la mise en ligne avec impatience. L’électro ronde et planante fait des merveilles, sans parler du thème de fin de niveau, sur lequel se trémousse, et nous avec, ce décidément charmant scaphandrier.
Below The Ocean a été testé sur PC. N’hésitez pas à tanner son développeur pour qu’il mette en ligne la musique du jeu.
À la réflexion, Below The Ocean représente ce qu’on aimerait voir amplifié, en prenant un peu de hauteur, sur la dynamique de sortie et de développement de jeu vidéo. Une production modeste mais solide, à la proposition quasi irréprochable et à la personnalité certaine. Le temps des AAA(A) est révolu, celui des titres comme Below The Ocean doit advenir.
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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