Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray redécouvre les musiques du monde dans Rytmos et BatVador navigue entre des relations de famille compliquées dans The Wreck.
Rytmos
Parfois dans la vie, on fait des erreurs et pourtant les conséquences sont bonnes. Prenez Rytmos : la première fois que j'ai vu son trailer, j'ai cru qu'il s'agissait d'un puzzle game basé sur le rythme, autant vous dire que j'étais chaud bouillant (comme disent les jeunes qui ne le sont plus depuis 20 ans... oui bon ok moi). Mais ce n'était pas du tout le cas, ce qui ne m'a pas empêché de prendre un pied monstre à découvrir ce jeu.
Sa place est dans un musée
Rytmos est un puzzle game simple, mais efficace. Vous êtes dans une sorte de système solaire composé de planètes qui symbolisent chacune un style de musique (mais je vais y revenir plus tard). Chaque planète a 3 satellites à 6 faces. Chacune des faces de ces satellites va constituer un puzzle qu'il vous faudra résoudre. Ces puzzles fonctionnent de la même manière : vous commencez à un endroit de la face et votre but est de faire une boucle pour revenir à votre point de départ, sachant que vous avancez d'un bord à un autre (ou à un obstacle s'il y en a un) sans pouvoir vous arrêter et que le jeu vous demande de passer par un certain nombre de points précis (des sortes de mini haut-parleurs).
Bien évidement, vous trouverez tout au long des 1h30 à 2h du jeu des variantes sur les satellites, comme un bloc que vous pourrez contrôler pour vous en servir comme d'un obstacle, ou encore des portails ou des endroits sur lesquels passer pour faire apparaitre des éléments supplémentaires sur le puzzle. Mais Rytmos reste un puzzle game assez basique, où l'on n'est jamais bloqué plus de quelques minutes. Si cela peut gêner les joueurs qui aiment le plaisir de la découverte de la solution, cela permet de mettre en valeur le vrai élément central du jeu : la musique.
Parce que sous couvert de puzzles, Rytmos est avant tout une découverte musicale. Je ne parle pas des répertoires connus que vous écoutez tous les jours, mais plutôt de styles et instruments plus oubliés. Ainsi une planète va-t-elle vous emmener à la découverte du jazz éthiopien, une autre de la musique hawaïenne ou encore de l'électro allemande des années 70 avec leurs instruments emblématiques.
Et comment la partie puzzle game arrive à mettre en valeur ces styles musicaux ? Tout simplement parce que chaque puzzle résolu sur la face d'un satellite est l'occasion de rajouter des notes à une boucle musicale, une boucle que l'on enrichit jusqu'à finir le 6ᵉ puzzle du satellite. Mais cette résolution finale est aussi l'occasion de débloquer un instrument dont on peut jouer pour ajouter quelques notes supplémentaires à une boucle que l'on connait maintenant par cœur.
On peut même enregistrer ses propres créations. Est-ce que j'ai eu l'impression de devenir le nouveau meilleur compositeur français en jouant à Rytmos ? Pas toujours, parce que je n'ai pas une bonne oreille musicale, mais quand même, je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter parfois en boucle mes créations en me disant qu'avec le bon agent, peut-être que...
Et on sent l'amour des Danois de Floppy Club pour la musique, puisque chaque planète est accompagnée d'un petit texte explicatif sur l'histoire de la musique que l'on est en train de découvrir, mais aussi une invitation à aller plus loin avec un lien vers leur site internet regroupant explications supplémentaires, vidéos des instruments que l'on peut entendre dans le jeu et de quoi aller plus loin en écoutant certains des artistes emblématiques du genre (je ne vais pas vous mentir, je me suis découvert une passion pour la musique environnementale japonaise).
Rytmos a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch.
Rytmos, venez pour le puzzle game minimaliste, restez pour la découverte musicale. J'ai clairement passé plus de temps à créer mes propres boucles musicales qu'à me prendre la tête sur ses puzzles, mais pourtant je ne regrette pas une minute passée sur ce jeu.
The Wreck
Nouveau titre du studio The Pixel Hunt auquel on doit le très touchant Enterre-moi, mon Amour, The Wreck explore les thèmes du deuil, du traumatisme et des relations familiales difficiles en nous faisant revivre inlassablement le même accident de voiture. Puisant son inspiration dans les jeux narratifs comme Life is Strange, il propose un mécanisme qui s’apparente au retour dans le temps pour faire avancer le récit et le voyage intérieur de l'héroïne. Malheureusement, malgré les meilleures intentions du monde, le résultat tombe un peu à plat.
Les bonnes intentions ne suffisent pas toujours
The Wreck nous met dans la peau de Junon, une trentenaire fatiguée qui apprend que sa mère est à l’hôpital à cause d’une rupture d’anévrisme et que, comble du désastre, elle a été désignée par celle-ci, sans son accord, pour prendre les décisions médicales en cas d’urgence. Junon est furieuse et on comprend bien vite que ses relations avec sa mère sont pour le moins compliquées. Au cours des scènes qui vont suivre, et chaque fois que Junon se retrouve en difficulté, elle va s’en aller, prendre sa voiture et revivre sans arrêt le même accident. Pendant que la voiture fait des tonneaux, les objets qui volent dans la voiture vont nous permettre de découvrir des scènes importantes du passé de Junon qui va les raconter à une interlocutrice invisible. Au fil de son récit, Junon examine ces souvenirs avec un œil nouveau et ces découvertes vont débloquer de nouvelles options de dialogue qui vont permettre d’avancer en revivant l’interaction que l’on avait fuie. Pendant les trois à cinq heures de jeu, Junon va ainsi revivre plusieurs de ses souvenirs et parfois y revenir pour creuser plus profond et analyser ce qui l’empêche d’avancer.
The Wreck est plein de bonnes intentions et déterminé à nous faire vivre des émotions et ça marche, mais parfois davantage parce que l’histoire elle-même est émouvante que par son écriture. Dans sa volonté d’être inclusif tant sur les thèmes que sur les représentations (personnages LGBT, racisés, deuil, famille abusive, hommes qui ont du mal à se confronter à leur sentiment, femmes fortes, maternité, féminisme), il pèche par moment en voulant bien faire. Qu’on soit bien clair avant toute chose, il faut plus de représentativité, plus de diversité de personnes et de thématiques dans les jeux vidéo et les médias en général. Il en faut même au point que ça soit partout, tout le temps, et qu’on ne s’en rende même plus compte tellement c’est devenu normal. Simplement dans The Wreck, certains de ces éléments ne s’intègrent pas de manière fluide au récit ou ne participent pas vraiment à la construction de l’univers, ce qui confère à certaines scènes un aspect un peu artificiel. Peut-être qu’en réduisant le nombre de choses qu’il voulait aborder et en développant plus certains aspects, l’ensemble aurait été plus percutant.
Si le gameplay est textuel, il est possible de cliquer sur certains mots pour obtenir plus de contexte. Ça ne nécessite donc pas forcément d’entendre les personnages, bien que The Wreck soit entièrement doublé, ce qui ajoute un élément immersif incontestable. Mais, alors que le studio The Pixel Hunt est basé en France, de même que l’intrigue du jeu et que les personnages ont tous des noms français, le jeu, lui, est doublé en anglais par des comédiens et comédiennes (francophones) avec de forts accents français. Même si les comédien·ne·s parlent tous bien anglais et y mettent du cœur, les dialogues et les intonations manquent de naturel, ajoutant encore au côté un peu artificiel créé par les tropes et clichés utilisés et parfois renforcé par les mouvements pas très naturels des visages des personnages. Malgré ces éléments, The Wreck propose une histoire à la fois ordinaire et extraordinaire, touchante si l’on est sensible aux thématiques abordées et pas trop dérangé par l'écriture manquant par moment de subtilité.
The Wreck a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 4 et 5, Nintendo Switch et Xbox One et Series.
The Wreck est plein de bonnes intentions, mais manque de subtilité et entre une écriture un peu clichée et un scénario dont on devine assez facilement la trajectoire, il donne un peu une impression de déjà-vu. Néanmoins, avec sa durée bien équilibrée et son histoire bien structurée, il touchera certainement ceux et celles intéressés par ces thématiques.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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