Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift s'est promené dans le Zelda-like rempli à ras-bord d'activités Ogu and the Secret Forest et dans la ville britannique absurde de Thank Goodness You're Here!.
Ogu and the Secret Forest
Après un peu plus d’un an d’accès anticipé, l’adorable jeu d’aventure Ogu and the Secret Forest arrive en V1.0. Une early access qui aura globalement consisté à ajouter beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP de contenu et de briques de gameplay (probablement un peu trop, si on demande mon avis), tout en parvenant presque miraculeusement à conserver une certaine forme d’épure et de simplicité.
L'arbre qui cache la forêt
En commençant une partie d’Ogu and the Secret Forest, rien, je pense, ne prépare au déferlement de mécaniques et de types de gameplay auquel le titre de Moonlab Studio s’apprête à nous exposer. Les premières minutes sont claires et simples : on est face à un pur Zelda-like, où notre Baby Ogu, muni de son filet à papillons et de son petit chapeau, va devoir écumer les différentes régions d’un nouveau monde à la recherche de fragments divins, habilement cachés dans des donjons derrière des boss. Zelda, Zelda et re-Zelda.
Mais, par-dessus cette structure extrêmement classique, vont s’ajouter des tonnes de briques. Quand je dis des tonnes, promis, je n’exagère pas. Loin de se contenter de cet aspect exploration, énigmes et combats que l’on attend de la formule du Zelda-like, Ogu and the Secret Forest va aller piocher dans environ tout ce qui se fait dans les autres jeux vidéo et va en ajouter un bout environ toutes les vingt minutes. J’espère que vous êtes prêt·es pour : la pêche, les combats de mécha, les énigmes avec des lasers, des tuyaux, des couleurs (heureusement daltonien friendly grâce à un système de symboles), des glissades sur la glace, du Sokoban, du craft, de la cuisine, de l’infiltration, du tower defense, des mini-jeux de raffinement de minéraux, de la collecte d’insectes, de la gestion de magasin, de la poterie, du tennis et WOW, est-ce qu’il fallait vraiment mettre TOUT ça ?
Bizarrement, ma réponse est : oui et non. Non, car clairement, ça fait beaucoup de choses à faire, beaucoup de tutos, beaucoup de trucs très différents qui cohabitent dans le même jeu, beaucoup d’objectifs de la quête principale qui se mettent à ressembler à des missions de MMO, beaucoup de tâches et distractions pas toujours intéressantes qui viennent se mettre en travers d’une quête principale qui aurait clairement gagné à être plus ramassée et moins polluée par cette abondance incontrôlée de mécaniques. D’autant que même en V1.0, le titre souffre à côté de quelques soucis assez gênants, notamment dans l’équilibrage des combats de boss et les bugs de collision. Je me dis qu’après 1 an et 4 mois d’accès anticipé, peut-être que les affrontements majeurs auraient pu passer en priorité devant les mini-jeux de pêche ou de minage.
Et en même temps, cette quantité absurde de trucs à faire dans Ogu and the Secret Forest donne une saveur assez particulière au titre, dans le sens où un grand nombre de ces séquences n’apparaissent généralement qu’une ou deux fois durant la campagne, donnant à la quête principale un sentiment de menu maxi best of du jeu vidéo d’aventure, tout en empêchant toute forme de monotonie de s’installer. On finit ainsi par se laisser porter par cet enchainement insolite d’activités rarement bien difficiles ni poussées très loin. Si l’ensemble aurait mérité un poil de curation pour les séquences les moins inspirées (l’infiltration bon sang), cette structure de pot-pourri simpliste colle finalement assez bien avec ce que montre Ogu and the Secret Forest : l’après-midi d’un gamin qui se raconte des histoires en allant jouer dehors.
Ogu and the Secret Forest a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Joli, mignon, divertissant, varié à un niveau qui confine à l'absurde : Ogu and the Secret Forest est à la fois excessivement classique et simple dans ce qu'il propose et déroutant de par la quantité presque épuisante de contenu qu'il déverse à un rythme effréné. Si cette course à l'échalote du renouvellement à tout prix peut sembler un peu vaine et fatigante, elle finit par donner un certain charme au titre de Moonlab Studio, tout en étant cohérent avec son propos. Dommage que tout ce temps passé en early access n'ait pas également servi à corriger quelques bugs et soucis d'équilibrage.
Thank Goodness You're Here!
Fin 2022, je replongeais avec délice dans la stupidité infinie et assumée de la licence McPixel, cette parodie absurde à la fois de McGyver et du genre du point&click. Le titre assurait un créneau qui manque toujours un peu de représentants solides : celui du jeu vidéo humoristique absurde. Aux côtés de Sos Sosowski et de ses McPixel, on pouvait notamment compter sur Joe Richardson et ses jeux bizarres, et l’on peut désormais ajouter à la liste le duo derrière Coal Supper, qui, après leur très étrange The Good Time Garden, confirment leur talent pour l’absurde et le shitpost avec Thank Goodness You’re Here!.
Dieu merci, c’est drôle
Le titre nous met aux commandes d’un minuscule (sa tête dépasse difficilement les genoux de ses interlocuteurs) commercial itinérant arrivé trop tôt pour son rendez-vous dans une petite ville du nord de l’Angleterre, et qui va donc tuer le temps en réglant les soucis des habitants. N’attendez cependant pas vraiment de puzzles à résoudre ou de mécaniques de point&click : Thank Goodness You’re Here! est entièrement conçu dans le but de développer ses nombreuses blagues et situations stupides. Gameplay minimaliste (on ne peut que sauter et donner de petits coups de pied), absence d’interface ou de journal de quête, faible quantité de tableaux à visiter : le message est clair dès le début, tout ce qu’on attend de vous, c’est vous promener dans la ville et laisser la magie de l’humour débile opérer.
La structure peut surprendre au premier abord, puisque l’on a d’abord l’impression que la succession de tableaux nous empêche de retourner en arrière et donc nous prive de contenu que l’on aurait raté, puis on se rend compte que l’on va retraverser les mêmes lieux à de nombreuses reprises, au rythme des différents arcs narratifs. Un aspect qui fait craindre une certaine répétitivité ou lassitude lors de la première boucle, mais qui est en fait là pour mettre en place l'un des effets humoristiques préférés du titre : le comique de répétition.
Comme McPixel 3, Thank Goodness You’re Here! est un jeu assez radical dans ce qu’il propose. L’humour repose essentiellement sur de l’absurde parfois assez abstrait et expérimental, mais également sur des registres plus potaches, graveleux ou volontairement cringe et dégoûtants, qui pervertissent de manière souvent amusante et surprenante son esthétique cartoonesque et colorée. On regrettera toutefois que certaines vannes flirtent de manière un peu ambigüe avec la grossophobie : ce ne sont jamais des attaques frontales, mais certaines situations ont pu me faire froncer les sourcils. On n’a rien contre l’humour bête et méchant, au contraire, mais des séries comme McPixel et Sam & Max ont su montrer dans leurs meilleurs moments qu’on peut rire et pratiquer la violence gratuite sans être offensant envers des personnes qui subissent déjà bien trop de formes d’agressions dans leur vie quotidienne.
Cet aspect contrariant mis à part, il faut tout de même reconnaître que Thank Goodness You’re Here! réussit à merveille son entreprise. Là où trop de jeux du genre finissent par s’essouffler en recyclant leurs vannes ou en allongeant la sauce, le titre de Coal Supper réussit parfaitement à tenir son rythme et ramasser son expérience. En moins de trois heures, l’affaire est pliée sans jamais avoir vu deux fois le même procédé, quand bien même l’intégralité du jeu consiste à donner des coups de pied dans tout ce qui passe à portée.
Thank Goodness You’re Here! a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur PlayStation 4 et 5 et sur Nintendo Switch.
À l’exception d’une ou deux blagues qui auraient pu (dû) laisser les gros tranquilles, Thank Goodness You’re Here! reste l’expérience drôle et absurde que l’on espérait. Le minimalisme du gameplay et de la structure permet une expérience radicale et parfaitement rythmée, comme une sorte d’anti Untitled Goose Game où le but serait d’aider au lieu de nuire, avec cependant la même dose de chaos dans la ville, de destruction et de dommages collatéraux. C’est hautement crétin, c’est pour ça qu’on l'aime et qu’on attend avec impatience de voir ce que fera Coal Supper à l'avenir.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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