Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift a parcouru le joli metroidvania Momodora: Moonlit Farewell et Zali nous parle de sa découverte tardive d'Alan Wake Remastered.
Momodora: Moonlit Farewell
Épisode conclusif de l’arc Momodora mené par rdein et son studio Bombservice (après la parenthèse réussie de Minoria), Moonlit Farewell nous arrive en ce début d’année 2024, quelque huit ans après l’épisode 4 (Reverie Under the Moonlight, qui était en fait un préquel de Momodora I) et dix ans après Momodora III, dont il est la suite directe. Un background qui pourrait effrayer d’éventuel·le·s nouveaux et nouvelles arrivant·e·s dans la série, mais il n’en est rien : Moonlit Farewell est à la fois conçu pour apporter un final satisfaisant aux fans de la série et faire office de porte d’entrée pour qui prendrait la saga en cours de route.
Metroid, Bouleau, Momo
Il faut dire que si l’épisode précédent, Reverie Under the Moonlight, a eu son petit succès (un bon 9000 avis positifs sur Steam et une sortie sur consoles, pas mal pour une série de niche) en gonflant ses ambitions et son contenu avec l’aide de Dangen Entertainment et Playism, le reste de la saga demeure assez confidentiel, cantonné à trois titres en prix libre sur itch.io. Et s’ils ne sont absolument pas nécessaires pour se lancer dans Moonlit Farewell (c’est heureux, il faut avouer que c’est un peu raide à appréhender 14 ans plus tard), ils sont un très bon indicateur d’un studio qui a su conserver l’esprit de sa saga tout en faisant évoluer son gameplay. Et avec une bonne compréhension des genres auxquels il emprunte, s’il vous plait.
Ne vous attendez tout de même pas à une révolution de la formule : les productions de Bombservice se caractérisent avant tout par une continuité rigoureuse de l’esthétique et de la base de gameplay d’un épisode à l’autre. On reconnaît dès le premier coup d’œil un épisode de Momodora, avec sa palette de couleurs, son cast intégralement féminin et son pixel art tout en finesse – Bombservice est toujours bien entouré, que ce soit pour les artworks signés Temmie Chang (Undertale, Super Meat Boy Forever) ou les sprites et animations de Paul Veer (Nuclear Throne, Cadence of Hyrule, Hyper Light Drifter), et Moonlit Farewell ne déroge pas à la règle : c’est joli, coloré et parfaitement fluide. Il en sera de même pour la palette de mouvements et de coups de base : les sauts, doubles sauts, attaques au corps à corps, tirs à l’arc sont globalement les mêmes depuis huit ans, avec le même game feel un poil flottant, mais pas déplaisant.
Ce qui constitue une véritable innovation, en revanche, c’est la façon dont ce cinquième volet aborde le metroidvania. La saga s’est longtemps cherchée, alternant entre des titres très linéaires et orientés vers l’arcade, et des cartes un peu plus labyrinthiques, avant de réellement se tourner vers une structure et une philosophie de metroidvania avec Reverie Under the Moonlight et Minoria. Si Moonlit Farewell reste une expérience assez ramassée (l’intégralité de la carte s’explore en à peine 7h) selon les standards du genre, il s’agit tout de même du terrain de jeu le plus étendu de la licence.
Un paramètre que Bombservice a heureusement pris en compte, en appliquant avec sérieux les codes du metroidvania. Les checkpoints sont très proches les uns des autres, la téléportation se débloque pile quand la carte commence à être trop grande pour un backtrack confortable, et, surtout, les secrets encore non trouvés sont automatiquement marqués d’un point d’interrogation sur la carte. Un ajout bienvenu en termes de confort de jeu, qui se retrouve dans une grande partie du game design, Moonlit Farewell offrant un mode facile (que l’on recommande, les combats ne sont pas le point fort du titre), mais surtout une grande flexibilité dans la construction de build, à base de sceaux et familiers aussi optionnels que très utiles. Des ajouts qui pourraient sembler anecdotiques, mais qui font toute la différence entre un jeu certes modeste, mais plaisant à parcourir, et une horrible purge.
Momodora: Moonlit Farewell a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Paradoxalement, Moonlit Farewell est à la fois un très bon épisode conclusif pour cette saga initiée il y a de ça quatorze ans, et une très bonne porte d'entrée à la série, en proposant un metroidvania accueillant, bien conçu et de taille tout à fait raisonnable. On recommandera d'user et abuser des aides fournies par le jeu pour ne pas s'encombrer de combats pas très intéressants, et se concentrer sur une exploration très agréable, au sein de tableaux et biomes toujours aussi jolis, variés et colorés.
Alan Wake Remastered
Janvier étant un mois (relativement) calme, je me suis autorisé quelques heures pour lancer un jeu qui traînait dans mon backlog depuis des mois. Plutôt que de jouer au formidable Alan Wake 2, c'est donc au remaster de son prédécesseur, Alan Wake, que je me suis intéressé. Une version sortie dans une relative discrétion en octobre 2021 et qui a depuis été refourguée un peu partout par Remedy Entertainment. Vous achetez le 2 ? Vous avez le premier en cadeau bonus. Vous êtes abonné au PlayStation Plus ? Il est là et il vous attend ! Très bien, mais au fait, qu'est-ce qu'il vaut, ce remaster ?
Stephen Couine
Paru en 2010, Alan Wake est une sorte de simulateur de Stephen King avec un flingue. Vous êtes un écrivain en panne d'inspiration, et vous vous rendez avec votre femme dans un chalet dans une petite ville qui n'est pas du tout Twin Peaks avec une fausse moustache. Environ un dixième de seconde plus tard, vous basculez dans la folie et vous vous retrouvez poursuivi à la fois par le FBI et par des pommes volantes comme dans un mauvais épisode de Mystères en 1995.
Très impressionnant pour son époque, ce TPS narratif accusait tout de même le poids des ans, sachant qu'il était déjà tout sauf un jeu d'avant-garde à l'époque de sa sortie. Et c'est avec une légère, mais tout de même désagréable surprise que j'ai découvert ce en quoi consistait exactement cette version 2021 : une (modeste) refonte graphique accompagnée des deux DLC du jeu (c'est appréciable), le tout fourni avec un niveau de finition assez faible, et même assez scandaleux par moments.
Il y a des éléments de ce remaster qui fonctionnent bien, il faut quand même le reconnaître. Ça tourne nickel à 60 FPS, ça gère bien les résolutions des écrans modernes, et le travail accompli sur la gestion de la lumière et des ombres est assez exemplaire. Et puis, il y a ce qui fonctionne nettement moins.
Déjà, outre quelques vilains (très vilains) bugs de collision et d'affichage, on note des aberrations de gameplay et d'accessibilité consistant par exemple sur PS5 à proposer un doublage d'origine en anglais… Excepté pour les nombreuses cinématiques du jeu, repassant inexplicablement en français, ce qui donne un côté grotesque quand on entend, sous ces moments assez nanardesques de doublage vintage, des sons d'ambiance étouffés et doublés en anglais. Une bizarrerie digne d'un DVD de bac à solde.
Et puis, il y a le jeu en lui-même, dont la structure et le gameplay n'ont pas été modifiés d'un pouce. Près de quinze ans plus tard, Alan Wake apparaît surtout comme un très (trop) long tunnel dans lequel presque toutes les situations peuvent être surmontées en courant tout droit jusqu'au checkpoint suivant. Tunnel dans lequel des personnages vous expliquent encore et encore la même chose, dans de longs monologues d'autant plus étranges que leurs modèles graphiques n'ayant été que peu modifiés, ils donnent tous l'impression d'être des animatroniques en 4k vaguement inquiétants.
De plus, il apparaît comme assez évident, et notamment après tout ce qu'a proposé Remedy par la suite, que le scénario d'Alan Wake n'a pas bien vécu le passage des années. C'est gauche, c'est faiblard, les dialogues et les situations présentées n'ont pas beaucoup de sens, et ça se termine en queue de poisson après de longues séquences très répétitives. Il faudra attendre la magnifique extension AWE de Control, dix ans plus tard, pour que tout ceci prenne enfin sens dans ce qui constitue aujourd'hui un univers partagé entre tous les jeux de l'éditeur finlandais. Mais écoutez, il faut bien commencer quelque part. À l'époque, on n'avait que Alan Wake Remastered, une orange et un bâton et on n'était pas plus malheureux, allez.
Alan Wake Remastered a été testé sur PS5 via une clé acquise par nos soins.
Simple lifting d'un jeu vieux de deux générations, Alan Wake Remastered reste une expérience sympathique, surtout au regard de tout ce qu'a proposé son éditeur après lui. Une sorte d'origin story maladroite dans un écrin un peu cabossé, mais qui a le mérite de rendre facile d'accès ce titre culte. Mon seul regret, au fond, est l'absence du spin-off American Nightmare qui apportait un peu de variation et d'audace à ce TPS un peu guindé. Mais je chipote.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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