Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali s'attaque aux aliens de Megacopter: Blades of the Goddess avec son hélicoptère qui parle et Shift retourne dans le passé pour constater qu'il ne comprend toujours rien à Riven.
Megacopter: Blades of the Goddess
Avant de vous parler de Megacopter: Blades of the Goddess, la dernière production du studio américain Pizza Bear Games, autant vous dire d'où je parle. Je n'ai rien contre les jeux extrêmement bêtes. Beaucoup de jeux sont extrêmement bêtes et sont d'immenses bangers (je suis jeune). Mega Man, par exemple, c'est très bête : on court dans tous les sens en tuant des robots dont certains sont faits en bois, en bulles ou en ciseaux. En un sens, la plupart des jeux vidéo sont complètement concons. Mais ça n'empêche pas d'être agréable à jouer, d'avoir des propositions satisfaisantes ou d'être de joyeux défouloirs à, mettons, la dureté de la vie ou la sinistrose du quotidien. Mon problème avec Megacopter: Blades of the Goddess, c'est que passé ses premières heures qui promettent exactement cette dose de fun décérébré, on se retrouve assez vite face à un mur d'ennui dû à une expérience globalement mal équilibrée et terriblement répétitive.
Moi je veux jouer de l'héli-con
Le scénario de Megacopter, un jeu revendiquant l'héritage des classiques des jeux d'hélico des années 1990 à la Desert Strike, a le mérite de ne pas faire dans la subtilité. C'est tellement crétin, ça m'a arraché quelques vrais fous rires. Bienvenue dans la peau de Jack Copter (sic), un pilote d'hélico tête brûlée transféré dans une unité disciplinaire, en réalité base de défense de l'Humanité contre des menaces occultes. À bord d'un aéroplane qui parle, possédé par une déesse mésoaméricaine, vous allez devoir repousser des hordes de monstres lézards illuminatis. Je ne suis pas en train d'inventer au fur et à mesure, promis.
C'est donc bas du front, bourrin et trempé dans un humour de collégien au beau milieu de sa première cuite. Mais est-ce que là-dessous, Megacopter cache un véritable jeu ? Oui, tout de même. Est-ce que c'est un bon jeu ? J'aimerais vous répondre de manière aussi affirmative. Hélas, il m'a davantage semblé que nous sommes dans cette catégorie de propositions qui se contentent de faire un peu illusion sur leur premier tiers, avant de voir leur dispositif lentement plier sous une foule de défauts irritants.
Au début, c'est marrant. On pilote l'hélico dans tous les sens, on utilise ses superpouvoirs, on dégomme vague d'aliens sur vague d'aliens en esquivant des projectiles qui saturent l'écran. Et on retrouve un peu cette sensation très arcade, simple et rétro, des ancêtres du genre. Un vrai feeling pas ressenti pour ma part depuis le vénérable Nuclear Strike en 1997 (je suis vieux). Et puis les premières missions sont assez variées, allant du boss fight au tower defense en passant par les frappes ciblées sur des bâtiments à détruire. Et le système d'upgrade progressif de l'hélico est plutôt bien fichu et pousse à enchaîner les missions. Mais, hélas, cela ne dure qu'un temps.
Assez vite, Megacopter: Blades of the Goddess se retrouve coincé dans une boucle de gameplay répétitive, la sensation de variété s'estompant dès le deuxième acte du jeu. Les nouveautés et le renouvellement du game feel font alors place à un mur de difficulté proprement absurde. Tous les adversaires deviennent des sacs à PV grotesques qui obligent plus ou moins à refaire en boucle les missions précédentes pour farmer de l'XP. Sauf que les missions, qui prennent au début du jeu quelques minutes intenses, s'allongent de manière absurde. Il faut parfois trente, quarante, cinquante minutes pour arriver à la fin d'une bataille, le tout avec un système de checkpoints bizarre et peu permissif. Il m'est arrivé de perdre près de trente minutes de dégommage de mobs juste sur une fausse manœuvre et de devoir recommencer toutes les étapes cruciales d'une mission déjà quasiment achevée. Quelle galère.
Megacopter: Blades of the Goddess a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Je n'ai rien à reprocher au concept ni même à l'exécution technique de Megacopter: Blades of the Goddess. C'est bête, rétro, ça le sait, ça assume, et ça le fait en ayant plutôt bien digéré ses influences. Mais le titre de Pizza Bear Games aurait sans doute pu piocher AUSSI quelques éléments de gameplay plus modernes. Par exemple, une courbe de difficulté plus harmonieuse, des points de sauvegardes plus réguliers, ou une structure plus fluide et moins répétitive pour sa quinzaine de grosses missions.
Riven
Chez TPP, on a souvent des discussions passionnantes, qui traitent de sujets de fond. Par exemple, l’autre jour, on parlait de l’expression "baigner dans son jus", que Chibi trouve absolument répugnante, ce qui, quand on y réfléchit, est assez vrai. Fort heureusement, Chibi ne lit pas les articles, je vais donc pouvoir l’utiliser sans risquer de le mettre mal à l’aise. Car, vous m’avez vu venir : Riven, remake de la suite de Myst par Cyan Worlds, ça baigne sacrément dans son jus.
Mystral Gagnant
Myst, ça fait un peu partie des légendes du point & click et du puzzle game, tout le monde s’accorde à dire que la série appartient au patrimoine vidéoludique, sans même forcément y avoir joué, d’ailleurs. Et, pour le dire poliment, sa place est effectivement dans un musée. Je racontais récemment cette histoire de tante qui inonde la ludothèque familiale de RPG, 4X et tacticals, mais côté oncles, la tendance était plutôt aux point & click et puzzle games, et quelques épisodes de Myst se sont ainsi retrouvés entre mes mains, avec cependant beaucoup moins de succès qu’un Morrowind ou Baldur’s Gate auprès de l’ado que j’étais.
Il faut dire que ce jeu d’énigmes à la première personne, aux déplacements laborieux et aux puzzles cryptiques n’était pas des plus sexy et, en l’absence de guide et surtout d’internet à la maison, je me suis rapidement retrouvé bloqué et lassé. Plusieurs décennies ont passé, Cyan Worlds existe toujours et a même sorti deux suites spirituelles nommées Obduction et Firmament, tout en s’attelant aux remakes de leurs premiers succès. Sortait ainsi la refonte totale de Myst en 2020, avec des déplacements en temps réel, de nouveaux puzzles et un support VR, suivi cette année de Riven, deuxième épisode de la série et bénéficiant du même traitement.
Et donc : ça baigne dans son jus de 1997, comme le remake de Myst baignait dans son jus de 1993. Ce n’est, à vrai dire, ni une qualité ni un défaut, mais c’est un fait, dont il faut avoir connaissance avant de s’y lancer. Alors, certes, les déplacements en temps réel sont infiniment plus agréables que les enchainements de tableaux en point & click, et la refonte graphique est de bonne facture. Si l’interface est toujours restée bloquée dans les années 1990, on peut au moins reconnaitre des environnements plutôt beaux et quelques designs intéressants, voire impressionnants, qui modernisent le jeu sans trahir son ambiance.
Mais si l’enveloppe a effectivement été entièrement retapée, sous le capot, c'est toujours peu ou prou la même machinerie. Ce Riven 2024 ajoute, comme le Myst de 2020, de nouveaux puzzles et des propositions un peu alternatives de puzzles existants, et change un peu la structure, ce qui permettra aux vétérans des jeux d’origine de ne pas refaire l’exacte même aventure (car c’est surtout à elleux que s’adresse le jeu, on ne va pas tourner autour du pot). Mais d’un point de vue logique, construction des tableaux, progression et énigmes, et surtout du côté de l’accessibilité, force est de constater que ce Riven sent fort la naphtaline.
Si vous n’avez jamais touché à la série auparavant ou si, comme moi, l’avez trouvée à l’époque trop hermétique et nébuleuse, j’ai le regret de vous annoncer que ce n’est pas avec ce remake que la rencontre ou réconciliation aura lieu. Hormis une option bienvenue permettant de stocker dans son inventaire des screenshots des tableaux précédents, épargnant mine de rien un nombre conséquent d’allers-retours, il faut admettre que Riven est terriblement aride et chiche en aide et accessibilité. N’espérez aucun indice, aucune assistance : le salut viendra d’un guide sur les genoux en cas de blocage. Une approche très archaïque du game design, qui détonne un peu avec ce ravalement de façade moderne et réussi.
Riven a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Tout est question de perspective et d’attentes avec ce Riven 2024. C’est probablement la porte d’entrée la plus confortable si vous souhaitez vous lancer dans une session de rattrapage de culture générale vidéoludique, mais soyez prévenu·e·s : malgré la belle façade et la version VR, c’est bien un puzzle game de 1997 qui se cache sous le capot. Les nostalgiques seront probablement heureux, c’est en tout cas ce que les critiques positives du Myst 2020 laissent entendre, mais, si vous n’êtes ni dans une démarche d'historien·ne du jv, ni dans un trip régressif, il y a de gros risques pour que le titre de Cyan Worlds vous laisse de marbre. Ce qui n’est finalement pas si grave : cette première moitié de 2024 regorge d’excellents puzzle games résolument plus modernes.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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