Aujourd'hui, dans Partie Rapide, Pegase claque des disquettes dans MainFrames et Murray sauve le monde marin dans Spilled!.
MainFrames
Si la vie m'a conduit à jouer des centaines d'heures à des roguelites plus ou moins pipi-caca et à courir derrière les weeberies les plus nichées, il n'en reste pas moins que peu de perspectives me réjouissent autant qu'un bon petit jeu de plates-formes bien léché. Et, coup de bol pour cette introduction, c'est précisément ce que semble venir proposer le jeu du studio rochelais Assoupi. Ça, et un commentaire sur l'importance du syndicalisme chez des Shadoks numériques.
Octet beau
Fier d'un concept efficace et d'un délicieux pixel art aussi richement animé que coloré, MainFrames prend pour cadre très littéral un moniteur d'ordinateur, où l'on découvre notre protagoniste, Floppy. Floppy est issu d'une disquette, et pas une disquette du genre « eh mademoiselle t'es tellement jolie que j'ai envie qu'on fasse un Monopoly ». Non, Floppy vivait littéralement dans une trois pouces et demi, jusqu'à ce que celle-ci soit un beau jour introduite dans un ordinateur. Et si vous vous dites que ça doit être un très vieux PC, rassurez-vous, c'est juste un Linux.
Là, il va faire la rencontre de tout un tas de daemons, des petites créatures faisant fonctionner les programmes du système. Problème, Floppy, lui, n'a pas vraiment de programme à faire tourner, alors il va devoir se trouver une utilité. À partir de là se lance sa quête, et se déroule devant vous la micro-histoire du rapport de ces petites créatures à leur harassant travail, tandis qu'en fond, vous découvrirez la macro-histoire des problèmes de l'équipe qui travaille sur ces ordinateurs. Le sujet est évidemment pertinent, et si l'histoire rigolarde et un tantinet abstraite des daemons n'a pas complètement retenu mon intérêt, celle de leurs créateurs m'a accroché par sa capacité à déjouer subtilement mes attentes et traiter ça plus concrètement.

Manette en main, MainFrames part de l'idée intéressante de transformer un écran d'ordinateur en niveau de plates-formes. Ainsi, il introduit petit à petit des éléments d'interface familiers qui seront autant d'éléments de gameplay : le curseur qui permet de déplacer certaines fenêtres (et les plates-formes qui vont avec), les onglets à alterner pour changer la géographie du niveau, les fenêtres Excel qui, en plantant, servent de trampoline, et ainsi de suite. Visuellement très plaisant et riche en petites idées, le jeu parvient plutôt bien à se renouveler et s'arrête assez rapidement une fois qu'il les a toutes exploitées, après trois heures d'un jeu où vous risquez de mourir un paquet de fois.
Le réseau plie, mais ne rompt pas
Mais plus que le die-and-retry pur et dur, le jeu prend ses inspirations du côté du puzzle platformer. Notamment, il y a dans chaque monde tout un tas de salles optionnelles (à la Celeste) où vous pouvez accomplir des objectifs secondaires, dont celui de sauver des daemons, chacun avec une astuce de gameplay particulière. C'est là que cet aspect puzzle du jeu brille le plus, et trouver comment mener un daemon en sécurité peut vous offrir un vrai moment eurêka.

Au contraire, certains moments demandant de l'habilité peuvent se montrer un peu agaçants, la faute entre autres à un manque de finition notable. Principal écueil, des collisions pas toujours fiables, qui font que certains rebonds peuvent être des calvaires ou, au contraire, qui peuvent vous faire sauter un tableau entier juste parce que vous avez touché un checkpoint de façon un peu frauduleuse. Pendant ma partie, le moment qui illustre ça de la façon la plus spectaculaire, c'est ce boss que j'ai littéralement ignoré grâce à des éléments d'interface qui n'étaient a priori pas censés être palpables… mais qui l'étaient et m'ont donc permis d'avancer sans demander mon reste.
Et plus on avance, plus on commence à trouver des bugs, des éléments qui ne respawnent pas, notamment. Bien sûr, étant donné le thème du jeu, on pourrait penser que c'est volontaire et méta et tout ce que vous voulez, mais non, revenir au menu principal permet généralement de réparer ces soucis-là. Un manque de polish dommageable pour une expérience condensée qui est sinon plutôt recommandable.

MainFrames a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch.
Avec sa direction artistique très réussie, son scénario à deux dimensions et ses idées souvent amusantes, MainFrames a tout du jeu de plates-formes à concept réussi. Malheureusement entaché pour l'heure par un manque de finition certain, il n'en reste pas moins une expérience courte et charmante à laquelle vous pouvez laisser sa chance si, comme moi, vous appréciez le genre.
Spilled!
J'adore jouer à des grosses productions. Des jeux avec des univers développés, de l'action à ne plus savoir qu'en faire, des heures à chercher des trésors, des tenues différentes ou des documents qui ne méritent pas tout ce temps passé. Mais je crois qu'avec les années, j'aime encore plus trouver les petits jeux. Ceux qui ne durent pas longtemps et qui permettent de respirer entre deux plus gros titres. La bonne petite surprise qui ne révolutionne pas le monde du jeu vidéo, mais qu'on est content d'avoir pu faire, le temps d'une après-midi ou d'une soirée.
Éloge de la Lente heure
C'est ici qu'arrive Spilled!, petit jeu indé développé par Lente, une développeuse néerlandaise de 23 ans qui vit sur un petit bateau. Et ça vous fera un point commun, puisque dans Spilled!, vous allez contrôler un bateau pas plus grand que le sien, avec pour but de nettoyer différents biomes de leur pollution, redonnant ainsi à la faune et à la flore locale toutes ses couleurs.

Et… c'est à peu près tout ! Dans l'heure que va vous occuper le titre, vous allez aspirer des petites nappes d'hydrocarbures, ramasser des bouteilles en plastique, en profiter pour sauver quelques animaux pris au piège et éteindre des débuts d'incendies à l'aide de votre canon à eau. Chacune de vos bonnes actions, en plus de sauver le climat local (le jeu se divise en huit biomes), vous permet de gagner un peu d'argent pour améliorer votre navire. Vous pourrez ainsi au choix améliorer la vitesse de ce dernier, augmenter la taille de votre cuve pour ramasser plus d'hydrocarbures sans multiplier les allers-retours jusqu'aux usines de recyclage, et enfin agrandir la taille de votre pince permettant de ramener les bouteilles plus facilement jusqu'aux mêmes usines.
Si le jeu rajoute au fil des biomes quelques activités annexes (incendies à éteindre, trésors à sortir du fond de l'eau, etc.), comme je vous le disais plus tôt, on en fait quand même vite le tour. Est-ce bien grave ? Pas du tout ! Spilled!, malgré son message écologique important, est une ode à la détente. Tout est calme, rien ne nous presse sinon l'envie d'aide la faune locale. La musique du titre est apaisante, mais j'ai rapidement décidé de l'enlever pour profiter du son de mon bateau, voguant tranquillement sur les eaux. Bon d'accord, un reproche tout de même :
parfois, le bruit d'aspiration des hydrocarbures me fait penser à quelqu'un qui tire un peu trop sur la paille de son verre... J'en aurais quand même bien repris pour quelques biomes supplémentaires, mais le jeu permet de revenir à la zone de son choix pour reprendre son nettoyage de zéro. De quoi refaire durer un peu le plaisir.

Spilled! a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Spilled! est court, très court même. Mais il était ce petit moment de détente dont j'avais besoin à la fin d'une longue semaine. Ces jolis décors colorés, couplés aux sons de notre bateau voguant sur les eaux, étaient la petite dose de dopamine qu'il me fallait. Avec, en plus, son prix modeste (dont une partie revient à la WDC qui protège dauphins et baleines), je ne peux que vous conseiller d'y aller si vous cherchez un moment de détente, loin des malheurs du monde réel de la réalité véritable. En espérant que Lente puisse vendre assez d'exemplaires pour se payer un yacht bien pollu... ah attendez, j'ai peut-être mal compris le message du jeu.
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