Cette fois-ci dans Partie Rapide, Veltar vient nous parler de Legendary Hoplite, un tower defense qui puise dans la mythologie grecque, et Zali s'est penché sur le très étrange metroidvania Ultros.
Legendary Hoplite
Sorti le 2 février 2024, Legendary Hoplite se présente comme un mélange de RPG et de tower defense. Le titre, développé par TripleBricksGames et édité par Ravenage Games, choisit de prendre le contexte mythologique grec. On y joue Dio, gardien d’Ithaque, île de la mer Ionienne dirigée par le légendaire Ulysse. Ce dernier meurt et cet événement déclenche l’arrivée massive d’armées de créatures, et voilà que notre personnage doit assurer la défense de l’île, zone après zone.
Plus Sisyphe qu'incisif
Qui dit tower defense dit… tours. Ici, ce sont des unités inspirées par l’histoire et la mythologie grecques : compagnies d’hoplites, archers, bardes, etc. Pas de chemin serpentant à suivre pour les ennemis comme c'est souvent le cas, ceux-ci avancent en suivant les mêmes colonnes sur lesquelles on pose nos lignes de défense. Mais, vous vous en doutez, on ne les place pas à l'infini et comme on veut. On dispose d’une réserve d’énergie à dépenser, chaque moyen de défense en coûte un certain nombre et il est possible d’en récupérer après chaque vague. On peut même en récupérer plus rapidement si on décide de faire démarrer une vague alors que la précédente est encore en cours (avec ce que ça comporte comme risques en termes de difficulté). Quant au placement lui-même, il se fait sur une petite grille de 4 lignes sur 7 colonnes, et il faut donc faire des choix. Choix essentiels aussi dans la composition même des troupes, puisque selon les types d’ennemis, certaines compositions prendront de l’importance. L’amélioration des unités choisies prendra du temps, avec parfois un farming de ressources en relançant des batailles déjà remportées. L’ajout de techniques de guerre est bienvenu, mais ici encore, cela demande beaucoup d’investissement.
Jusque-là, on reste quand même dans du très classique, mais Legendary Hoplite souhaite innover avec une autre forme de gameplay qu’ils qualifient de Action-RPG. On contrôle un personnage (Dio) aux mouvements certes limités à une seule ligne, mais qu’on peut déplacer le long des colonnes afin de profiter de ses attaques à distance et venir compléter les dégâts des tours de défense. Justement, notre héros est améliorable de plusieurs manières. D’une part avec l’équipement. On en récupère après chaque bataille, casque, lances, épées et boucliers. Cela permet de débloquer des compétences sur les touches A, Z, E et R, ce qui offre de nouveaux moyens de dézinguer les vagues d’ennemis.
D’autre part, les caractéristiques. Après chaque bataille, on gagne un point à placer entre la force, l’agilité, l’endurance et l’énergie, et j’aurais tendance à dire qu’il est intéressant au départ de maximiser une seule statistique. En effet, au bout de 5 points, on débloque un pouvoir, et si celui-ci n’est pas satisfaisant, il est possible à tout moment dans ce menu de remettre à 0 les points pour les réattribuer. Quoi qu’il en soit, c’est un peu trompeur d’aller qualifier ça de véritablement Action-RPG, là où, à la rigueur, on s’approche plus d’un hack’n’slash, surtout si on ajoute à cela le vaste bestiaire à annihiler. Mais le fun de l'exploration en moins.
Dernier point, l’esthétique, ainsi qu'un détail intéressant. Legendary Hoplite se distingue avec un habillage dans les cutscenes et les menus qui rappelle un peu les dessins sur les amphores et mosaïques de la Grèce antique, avec des formes très géométriques. Hélas, la partie combat s’éloigne radicalement de cela, avec des designs d’unités et de monstres bien plus communs. Ce n’est pas moche, loin de là, mais c’est dommage de ne pas avoir appliqué le parti pris de design original à l’ensemble du jeu. À noter, côté sonore, la BO est agréable sans être à mes yeux exceptionnelle, mais si vous souhaitez l’acquérir, l’équipe derrière le jeu a collaboré avec la Société culturelle grecque de Birmingham "Ithaca", pour qu’une partie des ventes soutiennent leur mission, à savoir "éduquer le public sur la culture grecque, la langue, l'histoire et les arts".
Au final, Legendary Hoplite est un titre sympathique, avec une bonne durée de vie et une touche de dynamisme qui repose pas mal sur la montée en puissance du héros. Toutefois, le jeu souffre de quelques défauts : une certaine redondance au-delà du principe même du tower defense, causée par des ressources souvent manquantes pour les améliorations, un manque de diversité dans les choix de troupes qui se ressent sur le long terme, et une difficulté mal dosée. À voir si le contenu supplémentaire et le suivi régulier du studio changeront la donne.
Ultros
Si la direction artistique d'Ultros vous évoque quelque chose, c'est bien normal : on doit ce délire psychédélique à El Huervo, artiste bien connu pour avoir défini l'identité visuelle et sonore d'Hotline Miami. Le voici ici acoquiné au jeune studio Hadoque pour un metroidvania à la structure originale, mais au propos parfaitement nébuleux, desservi par une approche un peu bancale et dysfonctionnelle du gameplay.
Prends-en d'la graine
Je ne vais pas m'attarder longtemps sur la question du scénario proposé par Ultros, puisqu'il me faudrait prononcer très vite les mots "utérus cosmique". Disons qu'à l'image de beaucoup de metroidvania, tout ce que vous ferez ici est fort cryptique, allusif, nébuleux, et, disons-le, davantage bizarre qu'intéressant. Mais au moins, ce contexte est une bonne occasion de déployer une direction artistique assez sublime que je qualifierais de joyeux dégueulis de couleurs mêlé d'horreurs ineffables. Au moins de ce point de vue, pas de souci, Ultros vous en met plein les mirettes.
Tout juste pourrait-on regretter que, souvent, on ne sache pas bien ce qui constitue dans cette jungle foisonnante un allié, un ennemi, un élément du décor ou un objet interactif. Ce n'est pas grave, on s'y fait après quelques heures. J'ai plus de problèmes avec la structure fondamentale du jeu, qui multiplie les idées intéressantes sans jamais arriver à un niveau de maîtrise très satisfaisant.
Les combats ? Parfaitement approximatifs et englués dans une inertie parfois déplaisante. L'exploration ? Fastidieuse et mal rythmée. Le système d'expérience ? Original (notre personnage est un genre de Pacman qui stocke de l'xp en bouffant ses ennemis), mais fastidieux en pratique. On a trop fréquemment l'impression que le titre perd de vue ce qui fait qu'un jeu d'action-aventure peut être fun. Il nous livre plutôt une copie dans laquelle un personnage lourd erre en vain et lutte pour farmer des bonus.
Et surtout, il y a cette mécanique centrale au scénario consistant à planter des graines un peu partout sur la carte. Intrigante au début, cette idée s'avère rapidement être pour l'essentiel un prétexte à vous faire faire beaucoup, je dis bien beaucoup de backtracking. Ce n'est pas le pire jeu à mettre au cœur de son expérience le fait de refaire encore et encore la même épreuve pour des raisons diégétiques. Mais Ultros le fait de manière assez poussive, diluant un peu trop son propos pour son propre bien. Vous avez intérêt à aimer le labyrinthe qui constitue son terrain de jeu, parce que vous allez le parcourir encore, et encore, et encore.
Ultros a été testé sur PlayStation 5 via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 4 et sur PC.
Pour un premier essai, ce n'est pas si mal. Le studio Hadoque prouve qu'il a de bonnes intuitions et délivre un jeu à la beauté assez magistrale. Je n'ai hélas pas trouvé cela très agréable à jouer, la faute à une maîtrise des codes du metroidvania pas encore tout à fait assimilée. Mais je suis persuadé qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que cette expérience frustrante se transforme en quelque chose de beaucoup plus abouti à l'occasion d'un second jeu.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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