Cette fois-ci dans Partie Rapide, Tritri explore la galaxie dans Exogate Initiative et Zali parcourt des donjons en tirant des cartes dans Dungeon Drafters.
Exogate Initiative
Figurez-vous que pour une licence qui connait un film, quatre séries et deux téléfilms, il n'y a eu qu'une toute petite poignée de jeux vidéo Stargate officiels, globalement des adaptations du film de 1994 sur consoles 16 bits, et des jeux mobiles. Sur la scène du modding et indépendante, il y a plus de choses, mais à peine et rien de bien récent, tandis que Slitherine est censé sortir le tactical Stargate Timekeepers cette année. Si je vous raconte ça, c'est parce que le jeu que je vais évoquer aujourd'hui n'est pas un jeu Stargate. Mais il pourrait l'être. En effet, Exogate Initiative des Français de Xeno Bits, sorti en early access récemment, vous place à la tête d'un programme établi dans une base souterraine, qui envoie des équipes explorer la galaxie au moyen d'un appareil, une sorte de gros anneau, qui crée des trous de ver stables vers d'autres planètes. Rien à voir avec Stargate, on a dit. Blague à part : oui, il est évident que les développeurs sont fans de cette licence, à tel point qu'ils sont même venus faire la promo de leur jeu sur des communautés de fans des séries.
Si vous avez joué à des jeux comme Evil Genius ou Dungeon Keeper, vous ne serez pas dépaysé. En effet, Exogate Initiative tire son inspiration principale de ces immenses classiques du jeu de gestion. Vous commencerez par construire votre base en traçant des pièces, en leur attribuant des fonctions (dortoir, cantine, générateurs, laboratoires, etc.), puis en les meublant. Premier point agréable : l'interface est claire. Votre menu de construction n'est pas encombré d'éléments inutiles, vu que les meubles de chaque pièce ne sont pas mélangés avec le reste et apparaissent dans un menu à part lorsque vous cliquez sur la pièce en question. Du coup, la construction est très simple et très rapide. La seconde étape de votre aventure, après avoir construit les basiques (dortoirs, cantine et laboratoire), sera d'engager vos premiers explorateurs, et de les envoyer en mission à travers la galaxie. Le cœur du gameplay est ici, et c'est également là que les premiers problèmes de cette early apparaissent.
Ferme la Porte en sortant
En effet, votre première année en jeu sera simple, notamment grâce aux 50 000 $ mensuels que l'on vous donne. Mais dès que cette manne disparaitra, le jeu deviendra bien plus difficile. La faute à un gros problème d'équilibrage. Vous gagnez de l'argent en déposant des brevets obtenus en faisant des recherches sur ce que vos explorateurs ramènent de mission. Au début, vous êtes noyés sous les brevets : toutes les planètes vous rapportent quelque chose et après chaque mission, vous pouvez déposer deux ou trois brevets qui vous rapporteront entre 1 000 et 5 000 $ tous les mois chacun. Le souci étant que plus vous vous développez, moins vous avez de planètes qui rapportent effectivement quelque chose. Au bout d'un moment, la majorité des endroits vers lesquels vous pouvez aller ne vous rapporteront strictement rien, alors que justement leur difficulté augmente, nécessitant donc des explorateurs aguerris, qui vous couteront plus cher en salaire, et reviendront blessés, vous bloquant pendant des semaines le temps qu'ils se rétablissent. Et en plus, vos brevets finissent par expirer, sans moyens de les renouveler, et vous êtes partis pour un cercle vicieux de non-rentabilité extrêmement frustrant.
S'il n'y avait que ça, on s'arrangerait pour licencier des gens, et se limiter à quelques équipes pour explorer la galaxie. Mais voilà : vous devez avoir plusieurs équipes, car il y a plusieurs classes de spécialistes (ingénieur, scientifique, diplomate, érudit). Si évidemment il est quand même préférable d'avoir un soldat et un médecin dans chaque équipe, il faudra aussi que vous ayez un spécialiste, et certaines planètes seront verrouillées sans la profession adéquate. Vous avez donc le choix : soit vous remaniez votre équipe à chaque mission en ajoutant le spécialiste de votre choix (très peu pratique), soit vous faites une équipe par spécialité, ce qui n'est pas envisageable parce que ça coute cher en salaire. Ajoutez à ça des adversaires qui envahiront votre base de temps en temps, détruisant vos générateurs, et blessant vos soldats, et vous êtes face à un jeu très frustrant.
Exogate Initiative a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Exogate Initiative n'est pas un mauvais jeu, il y a de bonnes choses et on a hâte que l'early avance pour gommer les divers défauts qui sont particulièrement frustrants. Contrairement à d'autres accès anticipés qui sortent buggés et injouables, ou tout simplement absolument incompréhensibles à cause d'une direction encore floue, on a ici un jeu qui sait ce qu'il veut faire, et où il veut aller, ce qui présage que du bon pour l'avenir du développement. Mais en l'état, les énormes problèmes d'équilibrage retirent tout plaisir au jeu. Dommage.
Dungeon Drafters
Dangen est un éditeur prolifique spécialisé dans l'édition de titres souvent inspirés des classiques et de l'esthétique du jeu vidéo japonais. Il est donc logique de retrouver le dernier titre des Brésiliens de Manalith Studios dans leur écurie, puisque Dungeon Drafters est un jeu dont le pixel art évoque les tactical RPG de la Super Nintendo… et le gameplay une sorte de Pokémon Donjon Mystère qui aurait rencontré un jeu de construction de decks.
Donjons et Cartons
"Un monde où les cartes sont magiques et où la magie vient des cartes", nous dit Dungeon Drafters pour nous introduire à son concept général : un monde d'heroic fantasy où les capacités spéciales que vous possédez sont déterminées par les cartes à jouer que vous avez en main. Après avoir choisi un héros ou une héroïne parmi les six archétypes de personnages disponibles, on vous envoie rapidement au casse-pipe pour vous faire éprouver le concept : une série d'arènes dans lesquels des combats au tour par tour vont vous faire jouer des cartes offensives, défensives ou de déplacement.
Dungeon Drafters commence de manière assez simple et intuitive : à chaque tour, on pioche une carte, et on peut au choix bouger, frapper ou jouer quelque chose depuis notre main. Puis c'est au tour de l'ennemi. Quand tous les ennemis sont morts, hop, on passe à la partie suivante du labyrinthe. Pendant les quelques dizaines de minutes de tutoriel, c'est assez simple et fonctionnel. Hélas, ça se gâte un petit peu par la suite.
Tout d'abord, parce que dès que vous avez fini de vous faire rétamer une première fois, le jeu vous balance dans un immense hub plein de personnages, de boutiques et d'informations à assimiler. Tout sauf instinctive, l'interface de gestion des decks est assez éprouvante et va vous faire perdre un temps fou après chaque expédition. Ensuite parce que, malheureusement, le cœur du jeu (les expéditions dans les donjons) multiplie les petites erreurs qui rendent le tout tantôt un peu irritant, tantôt franchement désagréable.
Dungeon Drafters a beau être très joli, parfois astucieux dans ses mécaniques et souvent surprenant dans sa manière d'agencer arènes et ennemis, il souffre hélas d'un gros problème de rythme. Même en accéléré, les tours sont trop longs, les ennemis se déplacent assez lentement, et les étages de donjons sont beaucoup, mais alors beaucoup trop vastes. Oubliez les courtes parties à la Slay the Spire ou la tension narrative d'un Faster than Light : ici, vous allez régulièrement vous farcir jusqu'à 10 salles de plusieurs minutes avant d'avoir l'opportunité de valider un étage.
L'autre problématique vient de la difficulté générale, assez redoutable et peu modulable : pour progresser dans Dungeon Drafters, il faut amasser des ressources (de l'or et des cartes, pour l'essentiel). Pour récupérer ces ressources, il faut arriver à sortir en vie d'un donjon, sous peine de tout perdre. Ce qui veut dire que toutes vos premières expéditions, forcément ultra-difficiles dans un jeu de ce type dont vous connaissez encore mal les mécaniques, vont vous faire ressortir à poil, avec l'impression de ne pas avoir progressé du tout. Ce sentiment finit par s'estomper en persévérant beaucoup et en apprenant à gérer les risques et les récompenses. Ceci dit, même ainsi, la progression dans l'aventure reste extrêmement lente. Regrettable, car elle a beaucoup à offrir.
Dungeon Drafters a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Dungeon Drafters est un jeu qui ne manque pas d'idées, et même de très bonnes idées. En revanche, il manque cruellement d'équilibrage, et son interface confuse sera un obstacle assez rude si vous n'êtes pas familier avec ce genre de jeux. On aurait aimé la même chose, mais avec une entrée en matière beaucoup plus douce !
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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