Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali reste perplexe devant le tactical RPG Blade Prince Academy tandis que glau a tenté de conquérir le monde par la peur avec The Fabulous Fear Machine.
Blade Prince Academy
Blade Prince Academy, le premier titre des Stéphanois d'Angel Corp, n'est pas juste un premier jeu : c'est le premier jeu d'un studio qui souhaite aussi se lancer dans des projets transmédias impliquant des romans, des nouvelles, des mangas et j'en passe. Dans l'idée, le projet de développer le monde de Tenebrae sur plein de supports différents n'est pas idiot. Mais il s'agirait avant tout de ne pas s'éparpiller dans tous les sens.
Teuteu du Blade
Même avec beaucoup d'indulgence, il est difficile de ne pas soupirer un peu devant les nombreux problèmes de ce jeu tactique en équipes de quatre dans un monde de ténèbres vaguement cyberpunk. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : faire déambuler mon équipe de démons-furrys-punks dans des décors assez peu lisibles en 3D isométrique n'a pas été un plaisir très intense.
Un peu à l'image de son studio, Blade Prince Academy fait partie de ces jeux qui veulent "tout faire". Un peu de dating sim, un peu de RPG, un peu de narration, une dimension rogue-lite, de la gestion de base, du craft, de l'action, mais quand même une pause active… Là encore, pourquoi pas, si tout est un tant soit peu maîtrisé. Le jeu s'inspire clairement d'un Hades, qui mélange très bien plein de choses très différentes. Mais ici, rien ne marche tout à fait comme il le faudrait.
Prenons le scénario, qui se veut à la fois ténébreux et sérieux et qui passe son temps à enquiller les accents gênants et les blagues de prout, le tout avec un niveau d'écriture assez hésitant, souvent très puéril. On sent la bonne volonté derrière tout ceci, mais en pratique, ça ne fonctionne pas du tout. Mais vous me direz, après tout, les dialogues, ça se saute.
Le problème, c'est que cette imprécision et cette impression d'un produit envoyé au casse-pipe avant d'avoir été vraiment testé, relu ou évalué, on le retrouve un peu partout dans les phases d'action. Ces dernières, qui constituent l'essentiel du temps de jeu, se noient assez sévèrement dans un pathfinding lamentable, des commandes contre-intuitives, des problèmes de hitbox à gogo… Quand on ne parle pas simplement du bon gros bug qui tache et qui softlock votre campagne sans prévenir. C'est cela, Blade Prince Academy : une moue dubitative sur votre visage perplexe, alors que vous vous demandez si vous avez devant vous une note d'intention prometteuse ou un jeu complet vendu dans un état pas ouf.
Blade Prince Academy a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Cela ne fait jamais plaisir de dire des méchantes choses sur un jeune studio sans doute fier d'avoir livré son premier jeu commercial. Je pense que l'intuition d'Angel Corps est la bonne : il y a de la place, quelque part, pour un Hades-like au tour par tour. C'est une vraie bonne idée. Mais ici, c'est l'exécution qui pèche sévèrement. Trop de bugs, trop de blagues de pets qui n'ont rien à faire là, un fil conducteur trop faible, des décors trop confus. Bref, ce projet méritait mieux.
The Fabulous Fear Machine
En matière de grande stratégie, vous croyiez avoir tout vu. Vous avez assassiné votre fils pour mettre un cheval sur le trône de France, recouvert le Brésil de chemins de fer, unifié la Chine sous le drapeau du Tibet. Vraiment tout ? Non. Vous n'avez pas encore vendu votre âme à un lobby pharmaceutique malfaisant ou fait croire à tout le monde qu'un clown tueur se promène dans le métro. Vous n'avez pas encore utilisé la Machine à Peur.
Le salaire de la peur
Des puits contaminés. Un gang de chauffards meurtriers. Est-ce que tout cela est vrai ? Cela n'a aucune importance. Dans The Fabulous Fear Machine, seule importe la peur, dont vous allez littéralement planter la graine avant de la faire croître et lui faire inonder chaque territoire, l'un après l'autre. Vos agents (mais qui sont-ils vraiment ?) vous aideront dans cette entreprise en explorant les villes susceptibles d'accueillir les légendes urbaines qui sont à votre disposition. À Trafalgar Square, on parle d'alligators dans les égouts ; à Novossibirsk, les gens ont peur des chemtrails.
La tâche ne sera pas toujours aisée : d'autres entreprises travaillent dans l'ombre, et leurs objectifs divergent des vôtres. Car la crainte est une arme à double tranchant : on le sait tous, la peur de la contamination s'oppose à celle du vaccin. Vos agents peuvent probablement trouver des failles chez les opposants, mais ce sera au détriment de leurs autres activités. Alors, que faire ?
Encore un déguisement. Derrière sa jolie façade, The Fabulous Fear Machine est quasiment un idle game. Affecter un agent, attendre ses retours, lancer un autre processus entre-temps. Heureusement, tout ceci prend place dans un décor magnifiquement adapté des comics noirs du XXe siècle. Elle emprunte aux fumetti italiens comme Diabolik et aux comics du type Tales from the Crypt de l'autre côté de l'Atlantique. Petite récompense qui pousse à continuer, les illustrations se dévoilent au fur et à mesure que les légendes prennent de l'ampleur. Qui servez-vous exactement ? Vous-même ? Un groupe caché ? Ou bien la Machine elle-même ?
Tout au long des différents scénarios, The Fabulous Fear Machine parvient à rester flou. Un choix pertinent sur le fond... qui finit par peser sur le rythme général. Même si son propos interpelle, les mécaniques finissent par tourner dans le vide. Le choix de passer par une carte géographique à colorier n'était peut-être pas le plus judicieux. Dans un genre très similaire, le fascinant Cultist Simulator avait bien réussi à tirer son épingle du jeu... tandis que la Machine peine ici à retenir notre attention. Toutes ces rumeurs n'étaient au fond que du vent.
Fable inattendue sur les rumeurs et les fake news, The Fabulous Fear Machine s'appuie surtout sur une utilisation brillante de sa direction artistique. Pour le reste, elle s'essouffle malheureusement assez vite et s'engage dans une suite de missions trop répétitives. En fin de compte, la Machine était creuse. On aurait dû s'en douter.
glau
Se perd dans des mondes ouverts, dans les rouages de sa propre usine ou dans le fracas des chars, mais trouve toujours un petit chemin de fer pour rentrer.
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