Cette fois-ci dans Partie Rapide, Kalkul résout des affaires reptiliennes avec BROK the InvestiGator et Murray joue, mais surtout rigole devant The Looker.
BROK the InvestiGator
Fruit d’un Kickstarter réussi et développé en solo par Fabrice Breton de COWCAT, BROK the InvestiGator était très attendu par les habitué·e·s de point & clicks en quête de nouveauté. Mise à part la récente polémique concernant la revente de clés qui a fait parler du jeu, BROK the InvestiGator vaut-il plus que le jeu de mots de son titre ?
Tout simplement broke
Brok est un alligator détective privé, homme à tout faire à mi-temps, se débattant avec ses démons du passé et les problèmes d'argent, mais il est aussi le beau-père d’un chat adolescent qui veut grimper l’échelle sociale. Ce qui aurait pu être le pitch d’un jeu à l’ambiance film noir est en fait servi dans un emballage bien coloré de dessins animés, aux personnages anthropomorphes et aux robots mignons presque tous belliqueux. Pourtant, tout n’est pas rose dans ce monde « cyberpunk léger » séparé entre les Slumers, sous-citoyens vivant dans la pollution des bidonvilles et au quotidien violent et les Drumers, citoyens privilégiés d’un État aux relents totalitaires protégés par un dôme transparent. Dès les premières minutes de jeu, BROK the InvestiGator coche toutes les cases des poncifs de l’univers post-apo et des clichés du détective torturé en galère. Il ne propose pas une histoire très originale, mais elle a le mérite d’être solide et d’aborder honnêtement des thèmes sensibles, que ce soit la gestion de la misère dans les coulisses d’une société aseptisée où le paraitre compte plus que tout, ou les relations (beau-)père- fils parfois difficiles. À l’aide de personnages attachants, le studio nous pousse à en savoir plus sur les dessous de cet univers et sur le mystérieux passé de l'alligator.
Le titre se targue d’offrir de multiples possibilités de gameplay : une aventure classique de point & click, un peu de plateforme et des combats de type beat'em up pour les besoins de l’intrigue. Si le point & click est de qualité, ne tombant pas dans l’écueil de l’élément caché dans le décor trouvable si on clique sur le bon pixel et la plateforme assez gentille, ne demandant pas de réflexes trop aiguisés même si parfois intégrée au chausse-pied au cours de l'aventure, les combats sont pour leur part complètement accessoires et sans intérêt pour l’histoire.
Crocodile D’Indé
Dès l’introduction, le titre nous assure aussi que l’on peut jouer à la souris, au clavier ou en utilisant un mélange des deux. Sauf que cette belle promesse se casse la figure dès que les premiers combats commencent. Cette fonctionnalité qui aurait pu permettre à chacun de jouer à son rythme n’est plus du tout efficace lors des phases de combats si l’on veut porter autre chose que des coups de base. La garde, l’attaque en piqué ou encore l’attaque spéciale sont difficilement accessibles sans clavier + souris, quand bien même on a la possibilité de remapper les touches à l’envi. On est alors souvent tenté de passer purement et simplement les combats grâce au bouton dédié en haut de l’écran. Un aveu à demi-mot que cette mécanique n’a pas été intégrée de manière assez organique pour être essentielle.
En dehors de ça, on pardonnera à BROK the InvestiGator ses quelques énigmes absconses défiant la logique pour se concentrer sur celles qui utilisent intelligemment le mode « action », jouant avec la verticalité des tableaux ou titillant l’envie de tout casser des joueur·se·s, rompant avec les habitudes pantouflardes des aficionados des point & clicks. Les séquences d'enquêtes et d'interrogatoire feront du joueur ou de la joueuse un fin limier ou le dernier des tocards, mais iel ne sera jamais vraiment perdu avec la présence d'indices disséminés un peu partout sous la forme d'autocollants cachés dans les décors. On peut aussi souligner la rejouabilité du titre, offrant une expérience un peu différente en fonction des quêtes réussies et des choix faits au cours de l’histoire.
BROK the InvestiGator a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Si on met de côté son interface un peu brouillonne, ses promesses de liberté de gameplay un peu survendues et quelques énigmes obscures que l’on pourrait mettre sur le dos du manque d’expérience du studio, BROK the InvestiGator propose une expérience assez rafraichissante, notamment avec son mode action cassant les codes du point & click classique. Terminable en une dizaine d’heures, le titre est aussi accueillant avec les néophytes (avec la possibilité d’utiliser des indices) qu’avec les joueur·se·s rompu·e·s aux codes du genre pouvant choisir une expérience plus difficile. Il serait donc dommage de passer à côté si sa bouille de cartoon vous tente.
The Looker
Je ne pensais pas dire ça un jour en introduction d’une de mes critiques, mais si vous n’avez pas fait The Witness, vous pouvez refermer tout de suite cette fenêtre, The Looker n’aura absolument aucun intérêt pour vous. Enfin non ne fermez pas la fenêtre, lisez plutôt d’autres articles sur notre site, bien évidement. Ensuite, allez faire The Witness qui reste un des meilleurs puzzle games jamais réalisés, quand bien même son créateur, Jonathan Blow (qui a aussi fait Braid pour rappel), a un melon tellement grand qu’il en devient difficile pour la science de justifier le fait qu’il arrive à tenir debout sans tomber.
Witness me sempai
Voilà, maintenant que nous sommes entre nous, j’ai une bonne nouvelle : The Looker est gratuit. Si c’est pas de la chance ça ! Bon, mais ça ne nous dit pas exactement en quoi consiste le jeu. Je dirais que tout est une question de point de vue : pour certains, The Looker est un hommage très réussi à The Witness, pour d’autres, c’est une très bonne parodie. En réalité, c’est sans doute un peu des deux.
Comme dans The Witness, vous démarrez dans un couloir au bout duquel se tient une porte qu’il vous faudra ouvrir en traçant une ligne du point de départ à celui d’arrivée. Comme dans The Witness encore, vous allez devoir enchaîner les puzzles permettant de rétablir l’électricité et d’en débloquer ainsi d’autres. Mais oubliez ici les prises de tête, tout est plus simple, plus agréable et surtout plus drôle.
Pourquoi s’embêter à tracer une ligne tout le long d’un labyrinthe quand vous pouvez contourner celui-ci ? Est-ce que ce puzzle ne pourrait pas plutôt être résolu à l’aide de ce fusil à pompe que vous avez dans les mains ? Est-ce que vous voulez vraiment entendre parler de philosophie incompréhensible pendant 45 minutes ou est-ce que ce ne serait pas plus sympa d’entendre une histoire racontée par l’ivrogne du coin ?
The Looker a tout compris de son inspiration, que ce soit son fonctionnement, sa logique ou sa philosophie. Il y ajoute à chaque fois son grain de sel pour s’en amuser pour notre plus grand plaisir. Et comme il ne dure qu’une grosse heure, il s’arrête juste avant de perdre son originalité et son humour.
Pour résumer, je dirais que si Jonathan Blow est le grand frère qui a travaillé dur pour réussir, qui a bien tout appris pour livrer un travail exceptionnel et que c’est pour ça qu’on l’aime, Subcreation Studio est le petit frère qui fait le con juste derrière en singeant son aîné. Mais le pire, c’est qu’il le fait très bien, qu’on l’aime encore plus pour ça et qu'il veut juste être aussi aimé par son grand frère… chose qu'il ne fera pas puisqu'il a très mal pris le travail de son cadet (je vous ai déjà dit que Jonathan Blow était quelqu’un de talentueux, mais pas très agréable ?).
The Looker est disponible sur PC.
Vous avez fait The Witness et vous l’avez adoré ? Foncez sur The Looker, vous avez 1 heure de rires et de bons souvenirs sur ce jeu que vous aimez qui vous attendent. Vous avez fait The Witness et vous n’avez pas aimé ? Foncez sur The Looker, vous avez 1 heure de rires et de bonnes moqueries sur ce jeu que vous détestez qui vous attendent. Et je le rappelle, c’est gratuit.
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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