Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali fait exploser des boîtes dans Box Room et nous parle également du petit jeu horrifique gratuit Rental, qui vient de ressortir sur Steam.
Box Room
On doit Box Room à Ismael Rodriguez, un développeur spécialisé dans les jeux minimalistes avec un concept original examiné sous toutes les coutures. Ici, il est question de mélanger Tetris et Bomberman, ni plus ni moins. Vous jetez des blocs les uns sur les autres, et parfois on vous file des blocs spéciaux pour les faire exploser en série. Et au fil du temps, vous débloquez des compétences permettant d'optimiser le tout. Sur le papier, c'est pas une idée forcément très originale, non ? Eh bien en pratique, ça marche du tonnerre (presque) tout le temps.
J'aime ma boîte
Bon, Box Room a tout de même un vilain défaut : il vous jette de la falaise directement dans une arène pleine de blocs qui tombent partout sans prendre la peine d'expliquer quoi que ce soit. Les premières secondes sont assez déroutantes, on ne comprend pas exactement ce qu'il faut faire ni quel est l'objectif, malgré le minimalisme de la proposition. Un micro tutoriel n'aurait sans doute pas fait de mal. Et puis au bout de quelques minutes de tâtonnement, ça devient assez évident : il faut faire des groupes de blocs similaires, et tout faire péter en utilisant des blocs spéciaux qui arrivent de plus en plus fréquemment à mesure que l'écran se remplit.
Chaque tableau propose plusieurs objectifs : arriver à prendre le jeu de vitesse en détruisant tous les blocs, tenir le plus longtemps possible, etc. Un objectif réussi donne une clé, et chaque clé offre davantage de possibilités d'accéder à de nouveaux tableaux. C'est une bonne idée : on peut toujours ouvrir une nouvelle porte si jamais tel ou tel tableau s'avère un poil retors. Box Room ne cherche jamais à vous bloquer, préférant vous faire découvrir un maximum d'idées.
L'autre bonne trouvaille de Box Room, c'est d'avoir fait varier les plaisirs en multipliant les propositions de gameplay. Certaines chambres sont ainsi des puzzles à résoudre en ne jetant qu'un ou deux blocs. D'autres ont des variations de taille vous obligeant à vous débattre dans des espaces minuscules. D'autres encore remplacent certains blocs de couleur par des blocs mystères qu'il faut faire exploser deux fois. Box Room n'est pas très long, mais sa densité ne l'empêche pas de se renouveler de bout en bout.
Tout juste regrettera-t-on ici quelques vilains problèmes de masques de collision ou de lisibilité de l'action par moments, et quelques tableaux nettement moins intéressants. Je me suis pas mal arraché les cheveux, par exemple, sur les confrontations contre des simili-boss qui fonctionnent mal avec le gameplay de Box Room. Attendre pendant des minutes entières l'arrivée de blocs de TNT dispensés aléatoirement pour terrasser ces derniers dans une salle pas franchement palpitante s'est ainsi avéré assez pénible. D'une manière générale, la grande accessibilité du jeu est un peu écornée par une courbe de difficulté en dents de scie.
Il me faut enfin signaler que selon votre niveau d'acharnement à vouloir faire de gros scores, le titre d'Ismael Rodriguez vous occupera plus ou moins longtemps : la simple exploration du labyrinthe ne vous prendra que quelques petites heures. Mais vouloir boucler l'ensemble des objectifs annexes de chaque pièce, débloquer chaque compétence et platiner l'aventure démultipliera à l'envi la durée de l'expérience.
Box Room a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Box Room n'est pas parfait, mais il a l'immense qualité de faire bien et de manière très complète ce qu'il cherche à faire : une variation sur le thème de deux grands classiques du puzzle game. Un peu à la manière de son Below The Ocean, Ismael Rodriguez livre ici un excellent concept qui ouvre le champ des possibles vidéoludiques. Vendu à tout petit prix, son côté expérimental vaut largement le coup qu'on y jette un œil curieux.
Rental
À l'origine de Rental, on trouve un petit groupe de développeurs au nom assez flottant : Spookyo Club, Smarto Club, Lonely House ou encore Animita Project. On sera au moins précis sur leur origine et leur motivation : ils sont chiliens, et ils semblent avoir pas mal écumé les game jams à thématique rétro. C'est à l'occasion de la 32bit jam 22 que ce court jeu d'horreur inspiré de l'esthétique PlayStation 1 a vu le jour. Une version revue et corrigée est désormais disponible sur Steam, et, excellente nouvelle : elle est gratuite.
Baraque au drama
Avec ses vingt à trente minutes d'intrigue selon votre capacité à résoudre quelques petits puzzles, Rental arrive tout de même à déployer un scénario, certes simple, mais tout de même bien présent. Vous (fille ainée d'une famille de lapins anthropomorphes) arrivez dans une maison de location "de rêve" perdue dans des bois brumeux. Papa vous demande d'aller vérifier si le gars de l'agence immobilière qui doit vous filer les clés est à l'intérieur. Il l'est, et c'est le début d'une sacrée descente aux enfers.
Rental se présente initialement sous la forme d'un pastiche de survival horror : dans la maison (évidemment fermée à double tour), vous êtes traqué par une entité mystérieuse, et on vous demande de rassembler très vite un tas de breloques pour accomplir un rituel mystérieux. Cette partie est assez amusante, avec son esthétique de polygones cabossés et ses angles de caméra ostensiblement pensés pour vous paumer. Mais la petite originalité de l'aventure provient de ses deux twists de gameplay qui surviennent après cette première séquence.
Rental arrive ainsi à renouveler à deux reprises son gameplay simplissime (se déplacer et interagir avec des items), pour livrer deux propositions d'ambiances assez différentes dans son sprint final. Bien sûr, rien de révolutionnaire, puisqu'on parle pour rappel d'un jeu qui ne dure qu'une petite demi-heure. Mais on apprécie l'effort de prendre à revers le genre en proposant des ruptures de ton, plutôt amusantes. Une créativité qu'on retrouve aussi dans Rental - Supporter Zine, un DLC payant détaillant davantage le lore et le processus de création du jeu.
La proposition d'Animita Project aura surtout retenu mon attention en ce qu'elle possède un joli potentiel : j'aurais tout à fait pu me promener 4 ou 5 heures de plus dans une version étendue de cet univers, avec plus de péripéties à affronter et d'énigmes à résoudre. Les développeurs ont réussi à créer une ambiance à la fois mystérieuse et légèrement inquiétante qui mériterait d'être développée sur un projet plus ambitieux. Rental recevant des critiques très positives depuis son portage Steam, on est en droit d'espérer !
En terminant Rental (deux fois, pour en dénicher tout le contenu bonus, ce qui m'aura pris un peu moins de 45 minutes), je me suis dit que je ne prenais jamais assez le temps de m'intéresser à ce genre de petits projets. C'est plutôt beau, c'est plutôt malin, l'esthétique et la direction artistique sont maîtrisées, et c'est gratuit. En passant, il est toujours possible de soutenir les développeurs en achetant le making-of du jeu pour environ 3€. Au final, s'il y a bien quelque chose que ce jeu aura réussi à faire, c'est à me forcer à vérifier plus régulièrement ce qu'il se passe du côté des jeux gratuits et du bouillonnement créatif des game jams. Bravo à lui !
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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