Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray voyage à l'intérieur d'un téléphone dans Backfirewall_ et Veltar enquête un peu et rigole beaucoup dans Antioch : Scarlet Bay.
Backfirewall_
C'est toujours un peu la pression avec le premier jeu de l'année sur lequel je dois écrire pour The Pixel Post, comme si ses possibles qualités et défauts allaient déterminer si oui ou non je vais vivre une bonne année vidéoludique. Sachez que si je dois en croire Backfirewall_, 2023 sera pour moi une année avec des jeux moyens, mais sur lesquels je vais quand même passer un bon moment.
Pixar, le jeu vidéo
Dans Backfirewall_, vous incarnez l'assistant de mise à jour d'un téléphone. C'est à vous qu'incombe la tâche de passer l'OS de l'appareil de sa version 9 à 10. Une tâche en réalité assez simple, si ce n'est qu'elle suppose votre disparition (bah oui, une fois le travail fini, vous ne servez plus à grand-chose) ainsi que celle de l'OS9 qui ne semble pas du tout d'accord avec cette idée. Il va vous embrigader dans sa quête pour empêcher la mise à jour du téléphone de l'Utilisatrice. Si j'imaginais au début vivre une aventure à la Portal 2 avec un protagoniste devant résoudre des puzzles tout en étant bloqué au milieu d'une lutte entre deux machines, Backfirewall_ arrive à s'émanciper de son aîné en se concentrant sur son univers et ses personnages… au détriment de sa partie puzzle game.
Vous allez être amenés à voyager dans différents éléments du téléphone durant votre périple, de la poubelle au haut-parleur en passant par la batterie ou encore le Wi-Fi. Pour passer d'une zone à l'autre, il vous faudra… foutre le bordel, c'est-à-dire créer des incohérences dans les données de la zone (en supprimant/rajoutant des éléments, en remettant à leur place certains objets, en aidant/pourrissant des personnages, etc.). Des choses qui seront possibles grâce aux quelques pouvoirs octroyés par votre compagnon OS9, à savoir le fait de faire disparaitre certains objets, de changer la couleur d'autres (un bouton rouge devenant vert permet d'ouvrir une porte), d'inverser la gravité ou encore de dupliquer un objet pour créer un pont. Mais si les puzzles de Backfirewall_ ont le mérite de ne pas se répéter, ils sont malheureusement un peu trop faciles pour être vraiment gratifiants.
Mais ce n'est pas dans ses puzzles que réside la force de Backfirewall_, mais bien dans son histoire et ses personnages. En effet, votre épopée au sein du téléphone, commentée par l'OS9 (que j'ai appelé Martin Freeman tant sa voix est parfois ressemblante) qui a le mérite de ne pas être prise de tête (ce qui n'est jamais gagné d'avance), est l'occasion de rencontrer des applications et fonctionnalités personnifiées à la manière notamment du Vice-versa de Pixar.
Le nouveau réseau social T qui ne peut s'empêcher de vous montrer ses pas de danse, l'application Santé laissée à l'abandon qui semble préparer un plan pour s'évader avant d'être supprimée ou encore l'ancien réseau social F qui aimerait bien avoir accès à plus de données personnelles et qui devient un peu parano face à l'arrivée d'applications concurrentes : on s'attache vite à ces personnages et leurs états d'âme, eux qui voient leur monde fonctionner de moins en moins bien alors qu'ils ne semblent vivre que pour plaire à leur déité, l'Utilisatrice.
En plus de ces personnages, les 5/6 heures mises à visiter ce téléphone sont l'occasion de mettre en scène des situations particulières comme cette fête de fin du monde dans le haut-parleur sous le contrôle de l'application "Musiques et Podcasts" ou encore le très drôle passage du Wi-Fi et de son système d'administration qui rappellera de très bons souvenirs aux fans du film Les douze travaux d'Astérix. Ces personnages et situations font que l'on prend un vrai plaisir à parcourir l'aventure en cherchant toujours à découvrir ce que va bien pouvoir nous réserver la zone suivante.
Backfirewall_ a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Xbox One, Xbox Series, PlayStation 4, PlayStation 5 et Nintendo Switch.
Backfirewall_ ne sera pas le puzzle game de l'année, mais il a su me faire passer un très bon moment avec sa galerie de personnages et de situations loufoques. Et puis, pour une fois qu'un Pixar n'implique pas de voir le personnage principal lutter pour rentrer chez lui/elle, ça serait dommage de s'en priver.
Antioch : Scarlet Bay
Deux flics avec des parcours que tout oppose ou presque, unis le temps d’une petite enquête qui se révèle en fait bien plus complexe que prévu. À quelques différences près, c'est ce qu'on retrouvait dans Chicken Police et ce n'est pas pour rien : le schéma est connu, on est dans du polar classique. Mais cette base est vite chamboulée par le concept d’Antioch : Scarlet Bay, qui puise son gameplay dans le jeu de rôle et la coopération, le tout avec une bonne dose d'humour.
Funky Cops
Ouvrons directement avec un conseil : jouez à deux à Antioch : Scarlet Bay. Ce n’est pas pour rien si l’équipe de Midnight Mood Studio insiste sur sa page Steam sur le “LES” dans “Le Livre dont vous êtes LES héros” : leur jeu est pensé pour être joué à deux. Le menu du jeu vous invite même à rejoindre un Discord pour trouver aisément une personne avec qui faire l’aventure. Dans mon cas, j'ai choisi un de mes meilleurs amis (merci Mathieu) et on s’est donc embarqués là-dedans sans réellement savoir ce qui allait se passer. Le premier des choix que vous allez devoir faire, c’est si vous préférez être le vieil enquêteur ou le débutant. Une fois cette étape passée, l’histoire débute avec une phase où l’on va forger son background via quelques possibilités de réponses et l'enquête démarre.
Du côté de l'interface, Antioch : Scarlet Bay est pensé pour PC et pour mobile. Sur PC, cela consiste en un bureau où s’amoncellent différents objets avec lesquels on peut parfois interagir (à la manière des plateaux sur Hearthstone par exemple) et au centre, un écran où se passe l’action du jeu. Sur celui-ci s’affichent des scènes légèrement animées afin de nous mettre dans le contexte et des éléments narratifs qui font le cœur du jeu s’intègrent par-dessus. L'essentiel est là, mais on aurait aimé un petit carnet pour consulter les indices déjà obtenus et, d'après mon coéquipier de partie, la gestion de l'argent (on peut en récupérer et en dépenser à plusieurs moments du jeu) aurait mérité d'être prise en compte. Pour l'ambiance, la direction artistique est sympathique, entre le flashy des années 80 et la grisaille des années 40, et trouve son écho dans la bande-son d’Alex Burnett, avec son mélange funky-jazz-synthwave qui fonctionne parfaitement.
On est vite amenés à nous balader assez librement sur une carte via des lieux d’intérêts qui se dévoilent au fur et à mesure des indices récoltés. On rencontrera pas mal de personnages aux origines et statuts sociaux divers, ce qui peut vite créer des situations problématiques ou surprenantes (et donc très drôles). Les choix retenus par chacun des joueurs vont avoir un impact sur les caractères des personnages et les options de dialogues qui serviront à l’enquête, mais aussi à obtenir des réactions surprenantes et hilarantes. Ce qui fait que, malgré la base “film policier”, on ne se retrouve pas bloqué dans un archétype et on s’approprie facilement notre personnage à la manière, simplifiée, de ce qu’on retrouve dans un jeu de rôle.
L'enquête en elle-même est plutôt bien ficelée et offre quelques rebondissements ainsi que de multiples fins radicalement différentes autant que pas mal de moyens d'aller vers celles-ci. Bravo d'ailleurs à FibreTigre pour le boulot réalisé sur l'écriture du jeu en général. Pour revenir sur l’hilarité provoquée par certains dialogues, c’est, je pense, une des grandes forces d’Antioch : Scarlet Bay. Être en vocal avec la personne avec qui vous jouez permet de mieux optimiser le partage d’informations, faciliter la prise de décisions, mais c’est surtout le meilleur moyen de profiter en direct des réactions suite à un choix de réplique inattendu. Oui, vous pouvez la jouer flics réglos, mais insulter l'autre enquêteur, digresser sur Franz Beckenbauer, se moquer d'un témoin, philosopher sur les poissons, et autres réactions imprévisibles font tout l'humour du jeu et permettent même parfois d'avancer vers la résolution de l'enquête (petite inspiration Disco Elysium ?).
Très conseillé pour deux joueurs, car pensé pour, Antioch : Scarlet Bay est une expérience de quelques heures, facilement rejouable, avec un concept intéressant et pas mal de choix vraiment drôles tout en gardant une enquête prenante. Seules ombres au tableau, les quelques erreurs dans l’enchaînement de certains dialogues et une version solo qui présente peu d'intérêt.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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