Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift se perd dans le chaotique Alien Hominid Invasion et Zali tombe dans les pièges mortels de You Will Die Here Tonight.
Alien Hominid Invasion
The Behemoth, c’est probablement un des studios indés les plus Shift-cores de l’industrie. Du chaos, une esthétique flirtant avec le shitpost MS Paint, un humour complètement stupide faisant la part belle aux détails en arrière-plan et situations absurdes, des bandes-son débilo-électroniques survoltées et collaboratives, des univers étendus, de la variété dans le gameplay (le run & gun avec Alien Hominid, le beat ‘em all avec Castle Crashers, le platformer masocore avec Battleblock Theater, le tactical RPG avec Pit People) : tout me plait dans leurs productions et j’étais impatient de poser mes mains sur ce “Game 5”, nom de code d’Alien Hominid Invasion, annoncé début 2020.
Plus chaotique que la plus chaotique de tes copines
Et je ne vais pas y aller par quatre chemins : c’est un peu la douche froide. Je ne trouve même pas ce nouveau Behemoth mauvais, seulement assez médiocre et oubliable. Pour l’avoir testé en parallèle d’Alien Hominid HD, qui, lui, conserve intact le gameplay de 2004 – rigide et punitif, donc – je me rends pourtant bien compte d'à quel point la maniabilité, le mapping et le game feel de la licence ont évolué et ont été améliorés dans cet Alien Hominid Invasion. C’est cependant tout l’enrobage qui me pose un peu problème.
Car Alien Hominid Invasion est terriblement bordélique. Les titres du studio n’ont jamais été des modèles de lisibilité, entendons-nous bien, quiconque a déjà joué à Castle Crashers à quatre en local saura de quoi je parle, et cela fait un peu partie du charme de The Behemoth, qui a toujours préféré le bazar à l’écran qu’une action compréhensible. Le ressenti est cependant assez différent avec Alien Hominid Invasion, qui rend ce foutoir quasi constant bien plus dommageable que dans les autres jeux.
C'est surtout au niveau de sa structure, assez étrange, mais pas inintéressante, que cette illisibilité plombe le jeu. L’aventure est découpée en plusieurs missions, mourir fait perdre sa progression dans ce chapitre, dont tous les niveaux, ennemis et sous-objectifs (par ailleurs assez répétitifs) sont re-générés à la tentative suivante, et battre le boss permet de passer définitivement à la mission suivante. Chaque chapitre est donc un petit roguelite à part entière, mais dont la métaprogression (les armes, costumes, capacités spéciales, ressources, etc.) est conservée d’une mission à l’autre. Sur le principe ça marche assez bien, la première mission est même assez fun et efficace, mais le problème, c’est que cette illisibilité totale, couplée à la difficulté élevée bien propre à The Behemoth est très souvent source de game over.
Une telle punitivité, provoquée par le chaos général, ça fonctionne assez bien sur des titres où l'échec n’a que peu d’impact : sur des jeux très orientés arcade comme Castle Crashers ou Alien Hominid, mourir n’a pas de conséquences terribles, au pire, on recommence le niveau ou au précédent checkpoint et la frustration est moindre. Dans un roguelite, même sur une structure de roguelite à petite échelle comme celle d’Alien Hominid Invasion, c’est toute une run, constituée de sous-objectifs, de bonus et de mini-boss, qui peut être anéantie par un écran surchargé. Bisous, bonne nuit.
C’est d’autant plus dommageable que le jeu est fortement marketé sur son aspect coop, et plus particulièrement pour de la coop à quatre joueurs·euses, et que si le jeu est déjà bien bordélique quand on joue seul, l’action devient parfaitement incompréhensible à plusieurs, au point que l’on perd de vue son personnage au milieu des ennemis, des PNJ, des autres joueurs·euses et des explosions. Le nombre de vies par personnage étant très réduit, et le jeu ne permettant pas de ressusciter un·e allié·e tombé·e au combat, ce chaos absolu apporté par l’expérience multi n’est même pas compensé par ce genre de petits coups de pouce.
Alien Hominid Invasion a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur, accompagné d'Alien Hominid HD. Il est également disponible sur Xbox One, Xbox Series et Nintendo Switch.
Tout sur le papier me promettait de passer ce moment joyeusement débile et bourrin entre potes ou en famille qu’aurait dû être Alien Hominid Invasion. Du gameplay nerveux à l’équipement varié, en passant par le traditionnel humour absurde, le sens du détail de The Behemoth et l’incroyable BO de Patric Catani, le titre ne manque clairement pas de qualités. Quel dommage que le rendu à l’écran soit si brouillon et illisible, et rende cette semi-structure de roguelite aussi frustrante. Peut-être quelques patchs pourront rendre l’expérience un peu plus équilibrée et agréable, je le souhaite très fort. Mais en l’état, Alien Hominid Invasion est une petite déception.
You Will Die Here Tonight
À vue de nez, la dernière production du studio américain Spiral Bound Interactive semble assez opportuniste : on prend l'esthétique PlayStation 1, on y injecte un skin graphique reprenant directement le premier Resident Evil et on passe le tout en vue du dessus. Cependant, loin d'être un survival horror qui camouflerait sous l'hommage une certaine paresse, You Will Die Here Tonight est un jeu qui ne manque pas d'idées. De finitions, sans doute un peu, mais pas d'idées.
Morts et remords
La référence au jeu horrifique de Capcom est pourtant bien là, explicite : six agents spéciaux sont dépêchés dans un vieux manoir louche pour capturer un savant fou sur fond de menace zombifico-épidémiologique. L'équipe est immédiatement séparée à l'arrivée, éparpillée aux quatre coins de la demeure. C'est l'heure de commencer à survivre et à shooter du cadavre dans des couloirs sinistres. Sauf qu'il y a un petit twist, sous forme d'une note retrouvée dès le début de l'aventure : vous allez mourir ici, ce soir.
Que vous réussissiez ou non à accomplir le premier objectif qui vous sera confié (délivrer une de vos coéquipières piégée dans un sous-sol), la leçon vous sera administrée au forceps sous forme d'une balle dans la tête… qui vous laissera immédiatement prendre le contrôle du membre suivant de l'équipe. C'est là toute l'idée centrale de You Will Die Here Tonight : quand vous mourez, la vie continue. Et vous allez y passer souvent, et rarement d'une manière élégante. Monstres capables de vous atomiser en quelques secondes, pièges qui vous précipitent dans une fosse pleine de piques, empoisonnement : il vous faudra largement plus que six petits essais pour arriver à progresser dans le manoir.
Rassurez-vous : vous n'avez aucune chance d'y arriver du premier coup. Tout est fait pour liquider votre sextet en quelques dizaines de minutes. Ce n'est pas grave, ce n'est pas la fin : You Will Die Here Tonight veut autant vous massacrer que vous voir finalement réussir, et emploie donc quelques artifices pour arriver à poursuivre l'aventure après un éventuel game over. Et il vous fait redémarrer avec le manoir dans l'état dans lequel vous l'avez laissé : les ressources collectées ne reviennent certes pas en poche, mais les monstres éliminés non plus. Les énigmes résolues le restent, les indices et les documents débloqués demeurent dans votre inventaire.
Cependant, cela ne s'apparente pas non plus à un système de vies infinies : non seulement le système a une limite, mais de plus il vous faudra arriver à progresser en gérant correctement les ressources disponibles pour en laisser suffisamment pour le prochain survivant. Le système est simple, mais amusant, et donne l'impression que chaque run est un petit cadeau pour la suivante, en débloquant des raccourcis, en éliminant une menace ou en activant définitivement un levier.
Il est cependant un peu dommage qu'outre son esthétique parfois douteuse (mais disons que c'est le style PS1 qui veut ça), You Will Die Here Tonight voie son expérience assez sympathique gâchée par pas mal de problèmes. Citons des bugs en pagaille, un système de combat amusant cinq minutes (et pénible les cinq heures suivantes) et l'impression qu'on dirige davantage des sacs de briques que des personnages. La très bonne idée au cœur de son expérience de jeu méritait, je crois, un produit légèrement mieux fignolé.
You Will Die Here Tonight a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Dans une année chargée en jeux d'horreur extraordinaires, You Will Die Here Tonight est une chouette petite surprise qui s'avère être bien plus qu'un clone cheap de Resident Evil. On le réservera cependant à celles et ceux qui peuvent passer outre son côté maladroit, cabossé et un peu lent pour se concentrer sur le positif : un puzzle game un peu inquiétant, avec une ambiance de maison hantée pour le moins efficace.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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