Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift a collectionné les bugs et les oiseaux dans 30 Birds, et a mollement fait la course sur les snowboards de Slopecrashers.
30 Birds
30 Birds, c’est vraiment le type de projet qui peut faire monter la hype avec quelques éléments vraiment forts. Jugez plutôt : un jeu d’aventure à la direction artistique très inspirée de la culture persane et où tous les quartiers de la ville que l’on explore sont des lanternes, proposant un habile jeu entre la 2D et la 3D de son univers. C’était très intrigant comme pitch, j’y suis allé avec un entrain peut-être excessif, et le verdict est assez salé.
30 Bugs
J’aimerais commencer par autre chose, mais c’est malheureusement ce que je retiens en premier lieu de 30 Birds : sa quantité impressionnante et exaspérante de bugs en tous genres. J’ai rarement eu l’occasion d’assister à un tel best of de pains techniques en si peu de temps. Sauvegardes qui disparaissent, personnage qui sort de la carte, caméra qui reste bloquée, quêtes qui softlock : tout est tellement cassé qu’on finit un peu par se demander à chaque étape du jeu s’il s’agit d’un bug ou d’une feature, si un script a oublié de se lancer, s’il manque quelque chose pour cette quête ou si elle ne s’est juste pas validée. Ça ne met pas vraiment dans de bonnes dispositions pour apprécier ce que le jeu a à proposer.
Et ce qu’il propose est par ailleurs assez inégal. Visuellement et artistiquement, c’est parfaitement irréprochable : pour peu que l’on adhère à ce style (c’est mon cas), c’est un plaisir de chaque instant. Tous les tableaux, toutes les cinématiques, tous les décors et personnages sont absolument somptueux, et le tout est accompagné par une BO tout aussi efficace, avec son mélange d’électro et de musique traditionnelle. Ce qui continue de me convaincre que 30 Birds est surtout un jeu d’artistes, c’est que l’autre énorme point fort du titre, ce sont ses dialogues. C’est parfois assez poétique, mais c’est surtout terriblement drôle. J’ai éclaté de rire devant bon nombre de répliques et situations, au point de régulièrement cesser de lui en vouloir pour ses bugs en cascade.
Mon problème, c’est que ludiquement, le résultat est assez bancal. Pour sauver la déesse Simurgh (que l’on voyait déjà évoquée dans Prince of Persia en début d’année, d’ailleurs), notre duo de protagonistes Zig et Hoop doivent retrouver 30 oiseaux. Chaque volatile à recruter est l'occasion d’une quête, qui peut consister en une énigme, de l’exploration ou seulement une petite blague. Et énormément d’allers-retours. C’est là tout le souci de 30 Birds : il semble régulièrement vouloir se justifier d’être un jeu vidéo, en proposant des poncifs du point & click et du jeu d’aventure, avec ses énigmes insultantes de facilité (et/ou parfois à l’intitulé imbitable) et ses quêtes fedex plutôt médiocres.
C’est d’autant plus dommage qu’il n’avait absolument pas besoin de se forcer pour avoir droit à sa carte de "vrai" jeu vidéo (BatVador parlait d’ailleurs très bien de ce sujet il y a peu), en cela que les meilleures séquences du jeu (les quêtes blagues) font un bien meilleur usage de l’interactivité, en nous faisant par exemple participer à une émission radio de conseils sexo à laquelle on répond n’importe quoi ou en nous demandant de tatouer (à la truelle) de malheureux·ses client·e·s. Ces passages sont extrêmement drôles, et le sont encore plus car ils nous font participer et nous rendent acteurices du désastre en train de se produire. Et c’est vraiment dommage que le studio RAM RAM n’ait pas eu l’air de s’en rendre compte et ait fait du remplissage assez artificiel avec ses puzzles un peu nuls et déjà vus.
30 Birds a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Sous la couche de bugs et de problèmes techniques, derrière toutes ces énigmes assez médiocres et ces allers-retours inutiles, il y a un jeu incroyablement beau et drôle à découvrir, ce qui fait, j’en ai bien conscience, pas mal de couleuvres à avaler. De gros patchs sont annoncés par le studio, qui est évidemment au courant de l’état technique dans lequel se trouve 30 Birds (la version Switch a d’ailleurs été repoussée pour cette raison) et une fois cet aspect réparé, je recommanderais bien d’y passer une poignée d’heures, au moins pour son esthétique et son écriture.
Slopecrashers
Enfants et ados, notre fratrie a connu une longue ère de PC familiaux un peu pourris (comprenez sauvés in extremis de la décharge municipale), sur lesquels le paternel jouait à l’apprenti sorcier en testant toutes les distributions possibles et imaginables de Linux. Résultat, durant toute cette période, le jeu sur ordinateur s’est restreint aux softs gratuits disponibles sur ces distributions, c’est-à-dire des heures d’intérêt limité sur du LBreakout, Frozen Bubble, KQ ou, bien sûr, SuperTux et Tux Racer, deux rip off de respectivement Super Mario et Mario Kart.
On a déjà Mario Kart à la maison !
Pour être honnête, ces trucs faisaient correctement passer le temps quand il s’agissait d’occuper un après-midi d’ennui bloqué au travail des parents ou pour s’occuper les mains en écoutant de la musique, mais je crois qu’on avait du mal à les considérer comme "des vrais jeux". La faute probablement à l’aspect visuel vraiment cheap de ces titres, à la recopie même pas un peu camouflée (SuperTux c’était vraiment Super Mario avec un costume de manchot, le level design était exactement le même) et à un game feel pas très accrocheur. Bref, Dieu merci, nous avions les Game Boy à côté (pour jouer à de mauvais jeux à licence).
Vous me voyez venir : Slopecrashers, développé par Peekstone, le dev solo derrière le studio Byteparrot, a un peu la même vibe que Tux Racer à l’époque, c'est-à-dire celle du meme "Mais on a déjà Mario Kart à la maison !". Le jeu étant développé par une seule personne, j’avoue ne pas trop tenir rigueur à l’aspect visuel : certes, ce n’est pas très très beau, mais j’avais vu les trailers, je savais à quoi m’en tenir. Et surtout, je ne viens pas sur un jeu de course de snowboard entre animaux pour la claque graphique, mais pour m’amuser, sur la campagne solo ou en multi avec la famille ou les ami·e·s, un peu à la manière d’un Party Animals ou Gang Beasts, par exemple.
C’est malheureusement sur ce point qu’ira mon principal reproche envers Slopecrashers : je ne me suis pas beaucoup amusé. Reconnaissons-lui tout de même l’essentiel : le titre de Byteparrot est étonnamment fonctionnel pour un jeu développé en solo, et proposant autant de contenu. Car oui, il y a vraiment beaucoup de choses à faire dans Slopecrashers et ça ne bugue finalement que très très peu. La campagne solo comporte un nombre assez impressionnant de niveaux et de chapitres, avec une bonne variété d’objectifs et de types d’épreuves (comme dans d’autres jeux de ski, snowboard ou skate, on alterne entre des courses classiques et des concours de tricks), de personnages et équipement à débloquer, de boss à vaincre même et qui marchent assez bien, et propose à côté un gros nombre de modes multijoueurs pour varier les plaisirs.
Mon souci, je crois, c’est justement que Slopecrashers propose un peu trop de trucs dans tous les sens, en oubliant de se concentrer sur le principal : le game feel et le confort de jeu. C’est vraiment très cool d’avoir plein de choses à faire, mais si les sensations de vitesse et d’impact sont un peu molles et que les courses ne font pas ressentir grand-chose, c’est assez dommage, et on peine à se motiver à tester tous ces modes de jeu et à boucler la campagne, surtout quand en plus les menus, assez moches et peu ergonomiques, rendent un peu plus pénible cette progression. Malgré une ambiance et une écriture qui tentent vraiment très fort de nous convaincre de l’aspect déjanté du titre, c’est justement le manque de folie dans les attaques, les tricks, le level design des circuits, cumulé à ce game feel pas très impactant, qui lasse assez vite.
Slopecrashers a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Slopecrashers est franchement honnête dans ce qu’il propose en termes de contenu et de fonctionnalités : il y a techniquement de quoi y passer des heures, en solo ou en multi, avant d’en faire le tour, ce qui est un avantage non négligeable pour un Mario Kart-like avant tout pensé pour des temps de jeu conviviaux. Il est pourtant assez difficile actuellement de s’imaginer y passer des heures de courses endiablées en famille, la faute à des sensations de jeu pas très convaincantes et à un manque de folie général. On peut passer outre des graphismes pas très fins et un manque de personnalité, mais sans un patch qui donnerait un peu plus de patate au game feel, je ne me vois pas tellement le sortir en soirée.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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