La branche allemande de Reporters sans frontières a lancé hier The Uncensored Library, un ambitieux projet de serveur Minecraft dans lequel il est possible de retrouver des écrits de journalistes censurés dans leur pays d’origine, tous se situant dans le bas du classement de la liberté de la presse dans le monde, érigé chaque année par l’ONG. Une initiative coup de poing pour célébrer la journée mondiale contre la censure sur le net. Présentons un peu plus ce projet lancé par RSF, qui n’en est pas à son coup d’essai lorsqu’il s’agit de trouver des alternatives pour contourner la censure.
The Uncensored Library est le fruit de la collaboration entre RSF, BlockWorks, Media Monk et DDB Germany. Sur ce serveur, les joueurs pourront retrouver une gigantesque bibliothèque bâtie par 24 designers de BlockWorks. Un travail de titan qui aura pris 3 mois à se faire. Évidemment, le but ici n’est pas de prouver simplement le savoir faire de BlockWorks en termes de projets architecturaux dans le jeu de Mojang aux 145 millions de joueurs. Ici, le vrai but est d’offrir une porte d’entrée aux plus jeunes à l’information et au savoir, notamment venant de pays dans lesquels l’expression « liberté de la presse » est étrangère.
Comme vous le savez surement, sur Minecraft il est possible d’écrire des livres et de les lire. C’est en utilisant ce procédé que RSF a mis à disposition des articles censurés venant de cinq journalistes de pays connus pour leur censure des médias. On retrouvera donc des écrits de Jamal Khashoggi (le fameux journaliste assassiné par les autorités d’Arabie Saoudite), de la russe Yulia Berezovskaia, du vietnamien Nguyen Van Dai, du mexicain Javier Valdez (également assassiné) et du site égyptien, bloqué dans le pays depuis 2017, Mada Masr. Pour vous donner une petite idée de la complexité pour ces journalistes souvent indépendants de travailler (et si l’idée d’emprisonnement ou d’assassinat ne vous suffit pas), voici la place de ces cinq pays dans le Classement annuel de la liberté de la presse 2019 qui recense 180 pays : Arabie Saoudite, 172e ; Russie, 149e ; Vietnam, 176e ; Mexique, 144e ; et enfin Égypte, 163e. La France, elle, se positionne depuis de nombreuses années entre la 30e et la 40e place (32e en 2019), ce qui n’est vraiment pas jojo pour la PATRIE DES DROITS DE L’HOMME.
Vous pourriez vous poser la question : pourquoi faire ça sur Minecraft ? Hé bien c’est assez simple : il est très difficile de bloquer l’accès au jeu à grande échelle. Plus difficile en tout cas que de bloquer un petit site web. En plus de cela, Minecraft est très connu dans le monde auprès des jeunes et constitue alors une excellente porte d’entrée pour eux dans le monde de l’information. Il est important de bien se renseigner et d’être au courant de ce qu’il se passe dans son pays. Et ce n’est pas en regardant la télévision d’État que l’on se rend objectivement compte des nouvelles ou qu’on est au courant des voix dissonantes. D’autre part, il est possible de retrouver dans la coupole de la librairie la carte du classement de la liberté de la presse de RSF, mise à jour chaque année.
Comme je le disais plus haut, ce n’est pas la première fois que RSF tente quelque chose de surprenant pour rendre l’information accessible dans les zones hostiles à celle-ci pour marquer cette journée de lutte contre la censure sur le net. En 2018, l’ONG a lancé The Uncensored Playlist. Cinq journalistes de cinq pays différents ont collaboré avec le compositeur Lucas Mayer pour transformer 10 de leurs articles en chansons pop. Ces chansons ont été regroupées en une playlist disponible sur Spotify, Apple Music et Deezer. Le même but que pour Minecraft : même si ces pays à problèmes censurent grandement le net, il est compliqué pour eux d’ interdire l’accès à ces géants du streaming musical mondial. Pour avoir écouté quelques morceaux, il y a un côté très touchant à écouter témoigner ces journalistes persécutés au milieu de chansons pop. Je vous conseille d’y jeter une oreille sur une des plateformes citées précédemment.
Si ce genre de démarches vous intéresse ou si simplement la liberté de la presse vous importe, vous pouvez faire un don à RSF. Vive la liberté de la presse !
Benjamin "Noodles"
Faire des jeux de mots c’est mon dada. J'aime bien tous les jeux aussi. Sauf les mauvais ou ceux qui nous prennent pour des glands.
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