À force de taper sur les grosses corporations et leurs patrons, on tendrait presque à être surpris quand un exécutif se tient à des principes qui dénotent dans l’industrie. Par exemple, quand Phil Spencer de Xbox se prononce pour une solution d’émulation pour l’industrie toute entière et contre les NFT.
La préservation du jeu vidéo est une problématique qui commence tout juste à être prise au sérieux. Tandis que les machines sont de plus en plus complexes, et les jeux de plus en plus verrouillés, il devient de plus en plus difficile de préserver des pans entiers de l’histoire du jeu vidéo. Si des initiatives existent, comme l’obligation de dépôt légal en France auprès de la BNF, il n’empêche que de nombreux jeux sont aujourd’hui injouables (par exemple à cause de la fermeture des serveurs, ou tout simplement de l’obsolescence des DRM qui ne fonctionnent plus et empêchent l’exécution des titres). Du côté de l’industrie, Good Old Games, branche de CD Projekt, fait un travail exceptionnel de préservation de certains titres les plus anciens pour les rendre jouables sur des PC modernes, et Xbox s’est illustré sur la génération précédente avec la rétrocompatibilité. Nintendo, eux, arrivent à peine à rendre des jeux N64 jouables et Sony permet de faire tourner les jeux PS3 via le PlayStation Now.
Phil Spencer s’est exprimé récemment sur le sujet. Le programme de rétrocompatibilité de Xbox touchant à sa fin, pour des raisons techniques et de droits, le directeur de la branche Xbox de Microsoft a exprimé son souhait de voir l’industrie adopter des standards d’émulation afin que l’histoire du jeu vidéo ne disparaisse pas, et ne soit pas réservée aux seuls pirates et rétro-ingénieurs. Pour lui, l’industrie tout entière aurait énormément à gagner à rendre les jeux émulables facilement sur des plateformes modernes, ne serait-ce que pour pouvoir les vendre, par exemple. Cela ne résoudrait pas le souci des serveurs de jeux qui ont depuis disparus, mais permettrait de pouvoir garder une grande partie du catalogue d’un éditeur accessible au plus grand nombre. L’émulation reste une zone grise légale, et espérons que voir un acteur comme Microsoft la défendre fasse avancer les choses.
Et du côté des NFT, Philou est par contre très dubitatif. Pour resituer (bon, en vrai j’ai toujours pas vraiment compris, mais faites semblant) : les NFT sont des données non interchangeables stockées dans la blockchain, identifiant les propriétaires de quelque chose. Basiquement, la blockchain dit que tu possèdes cette image de singe moche, alors elle est à toi (même si tout le monde peut la copier, la coller, l’uploader, la modifier, en faire des tshirts, des posters, emballer l’Arc de Triomphe avec, l’envoyer dans l’espace). L’industrie commence à s’y intéresser de plus en plus, que ce soit pour le marketing, ou pour, par exemple, l’achat d’éléments en jeu. Phil Spencer de son côté ne voit pour l’instant qu’une nouvelle manière d’exploiter les joueurs. Il pense que l’industrie n’est pour l’instant qu’au stade du tâtonnement, mais que peut-être, plus tard, cela vaudra le coup de s’y intéresser. En l’état, il estime qu’il faudrait que Xbox prenne des actions contre tout titre utilisant les NFT qui pourrait être perçu comme abusif.
Cette folie des NFT dans le jeu vidéo me fait penser aux débuts des DLC, quand les éditeurs faisaient n’importe quoi pour voir jusqu’où la tolérance des joueurs irait. Un cheval dans Oblivion : ça passe. Un DLC dont les données sont déjà sur le disque dans Resident Evil : ça ne passe pas. Il est peut-être possible d’avoir une utilisation censée des NFT, même si je pense que ça ne pourra rien faire de plus que ce que l’on fait déjà.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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