À l’occasion d’une session de questions-réponses à l’assemblée générale des actionnaires de Nintendo cette semaine, l’entreprise japonaise a fait savoir qu’elle avait effectué une enquête interne et n’avait pas trouvé de preuves que ses partenaires en Chine avaient eu recours au travail forcé des Ouïghours. Cette annonce fait suite à un rapport publié (EN) en 2020 par l’ASPI (Institut australien de stratégie politique) qui indiquait que près de 80 000 Ouïghours avaient été forcés à travailler dans des entreprises chinoises de 2017 à 2019.
Depuis 2014, les persécutions dont est victime la minorité ouïghoure, dans la province du Xinjiang en Chine, se sont considérablement aggravées. Ces dernières années les médias occidentaux et des associations ouïghoures à l’étranger ont mis en lumière l’existence de camps d’internement (et d’assimilation) accompagnés de politiques visant à effacer l’identité ouïghoure. Un sous-comité de la Chambre des communes du Canada fait état de plus de 2 millions de Ouïghours détenus et soumis à toutes sortes de privations et de violences. Le gouvernement chinois préfère parler de camps d’emprisonnement pour lutter contre le terrorisme et refuse le terme de travail forcé arguant que les Ouïghours employés dans ces entreprises le sont dans le cadre d’un programme de rééducation.
En 2020, l’ASPI, un think tank australien, avait publié un rapport pointant du doigt le recours au travail forcé des Ouïghours par de nombreux fournisseurs de grandes marques internationales, entre 2017 et 2019. Sony Corporation ainsi que Nintendo faisaient partie des 83 marques mises en cause par le rapport, qui soulignait cependant qu’il était possible que ces marques ne soient pas au courant de la réalité sur le terrain. En février 2021, 12 entreprises japonaises, dont Sony Corporation, ont annoncé que, bien que les allégations n’avaient pas toujours pu être vérifiées, elles allaient mettre un terme à leur collaboration avec les fournisseurs mis en cause d’ici la fin de l’année 2021.
Cette semaine, c’est au tour de Nintendo de se prononcer sur le sujet. Le président de Nintendo Shuntaro Furukawa a profité d’une session de questions-réponses lors de l’assemblée générale des actionnaires, pour faire savoir qu’une enquête avait été menée, mais qu’aucune preuve n’avait pu être trouvée. Il a en outre affirmé qu’il n’avait pas reçu de rapport mentionnant le recours au travail forcé des Ouïghours. Il est cependant peu probable que les fournisseurs engagés dans de telles pratiques les mentionnent volontairement à leurs partenaires étrangers. Malgré son engagement en faveur de l’implémentation de politiques et principes éthiques en matière de fabrication, de travail et d’approvisionnement, Nintendo n’a donc pas saisi l’occasion pour exiger, au moins, plus de transparence de ses partenaires. Sony et Nintendo ne sont pas les seuls fabricants de consoles et de support de jeux mis en cause, Microsoft et Oculus ne se sont, pour le moment, pas exprimés sur le sujet.
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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