Écoutez, le monde continue d’aller mal, les gens continuent de décéder par milliers tandis que nos dirigeants passent plus de temps à peaufiner des discours mélodramatiques si mal interprétés qu’ils ne réussiraient pas l’audition pour une troupe de théâtre de collégiens. Mais pensons à autre chose seulement l’espace d’un instant (avant d’être énervé·es une semaine de plus) : c’est l’heure des bonnes nouvelles. Au menu aujourd’hui, Rockstar assainit sa culture d’entreprise, les systèmes d’évaluation vidéoludiques préviennent de la présence de loot boxes, le festival Games For Change aura lieu en ligne et je vous ai déniché quelques curiosités sur itch.io.
Rockstar change (enfin) sa culture d’entreprise toxique
Après s’être fait enfoncer le nez bien profond dans son caca sur les questions de crunch, harcèlement sexuel et culture d’entreprise toxique en décembre 2018, la direction de Rockstar a visiblement décidé de remanier sa politique interne et améliorer les conditions de travail de ses employés – et pas du tout pour redorer son blason, enfin voyons, tout de suite le cynisme ahlala. Hum. C’est en tout cas ce que nous dit Jason Schreier – futur ex-pigiste chez Kotaku et auteur de Blood, Sweat and Pixels – en contact avec les équipes de Rockstar.
Côté direction, les infos proviennent de Jennifer Kolbe, cheffe de publication de Rockstar, indiquant clairement qu’après le tollé de 2018, la firme souhaitait s’améliorer. Sans rire. Ainsi, les plannings des équipes de développement se sont vus allégés et assouplis – rappelons que pour la sortie de Red Dead Redemption 2, Dan Houser se targuait de faire des semaines de 100h avec ses scénaristes, tandis que grand nombre de développeurs étaient en burn-out, allant jusqu’à culpabiliser de passer quelques heures avec leur famille ou amis le dimanche après-midi -, les chefs d’équipes suivent désormais des formations de management, des sondages anonymes et réguliers prennent la température des conditions de travail, des mesures sont prises pour lutter contre le harcèlement au sein de l’entreprise et surtout, un gros changement du côté de la politique de crunch a été effectué, notamment en rendant les heures supplémentaires – réellement – optionnelles et payées en tant que telles. C’est bien joli, mais comment ça se passe côté équipes ?
Hé bien, pour le moment, ce changement de cap est plutôt bien accueilli, si l’on en croit les témoignages anonymes de différents développeurs et testeurs. Le départ de plusieurs personnalités et chefs de projets a visiblement été un soulagement collectif, à commencer par celui de Dan Houser lui-même. Et même si quelques personnes problématiques sont encore présentes dans les équipes, « leurs jours sont comptés » rapportent des développeurs de Rockstar. Côté crunch et heures supplémentaires, la culture d’entreprise semble – pour le moment – bel et bien avoir changé, les employés se disent réellement soulagés par l’aspect facultatif des heures supplémentaires – particulièrement en ces heures de confinement, durant lesquelles la direction les encourage à privilégier leur famille au développement – et sont visiblement satisfaits de voir la gestion de projet prise au sérieux, avec des objectifs et mises à jour à intervalles réguliers.
Une culture d’entreprise qui irait donc dans la bonne direction, mais les équipes restent méfiantes et attendent un ou deux ans encore avant de crier victoire, d’autant que certaines revendications – notamment du côté des salaires peu élevés – sont encore d’actualité. Le nouveau projet de Rockstar sera l’occasion de voir si cette trajectoire, pour le moment encourageante, sera tenue.
Les systèmes PEGI et ESRB préviennent de la présence de loot boxes
Le PEGI et l’ERSB, les systèmes d’évaluation vidéoludique respectivement européens et américains qui indiquent qu’il y a des fesses, du sang et des gros mots dans les jeux vidéo préciseront également désormais si les achats intégrés incluent ou non de l’aléatoire – les fameux systèmes de loot boxes et de loterie. La mention Achats Intégrés existait déjà depuis 2018, et continuera de s’appliquer seule aux titres proposant des packs de niveaux, cartes, costumes, des DLC ou extensions, tandis que la mention Inclut des objets aléatoires sera ajoutée pour tous les titres proposant des loot boxes et assimilés, des packs de cartes de HearthStone aux jeux gacha, en passant par tout ce qui pourra s’apparenter à une loterie.
La date de mise en place de cette nouvelle étiquette reste cependant incertaine (je ne vais pas vous faire un dessin), mais promis, elle arrive. Et pouvoir distinguer et connaître à l’avance le caractère aléatoire – et donc potentiellement addictif et extrêmement onéreux – des achats en jeu est définitivement une avancée de valeur pour le jeu vidéo.
L’édition 2020 de Games For Change se fera en ligne
Le festival Games for Change récompense depuis 2003 (fêtant ainsi sa 17e édition) les créateurs·trices utilisant le jeu vidéo et la technologie dans des domaines comme l’éducation ou les sciences sociales, afin de, selon leurs dires, faire du monde un meilleur endroit, et ayant lors d’éditions précédentes récompensé des titres comme What Remains of Edith Finch, GRIS, Hellblade : Senua’s Sacrifice ou le Nintendo Labo. Alors que l’édition de 2020 devait se tenir à New York du 14 au 16 juillet, les plans ont été légèrement bousculés par un certain virus. L’organisation a ainsi décidé de maintenir le festival, en annonçant dans un communiqué que l’édition se ferait entièrement en ligne.
L’accès au festival sera ainsi entièrement gratuit et accessible au public aux dates prévues pour l’évènement physique d’origine et conservera son planning initial – présentations, conférences, XR For Change Summit (mettant l’emphase sur la VR) et Games For Change Awards. De plus amples informations seront communiquées par le festival pour ce qui est des inscriptions, conférences et nominations aux awards, dans des catégories telles que Meilleure innovation, Meilleur jeu éducatif, Meilleur impact, ou Meilleure utilisation de la VR/AR.
Picross S4
Voilà, c’est ça la news. Le titre de Jupiter sortira le 23 avril sur Switch et depuis Murray en fait des rêves humides.
Quelques curiosités indés
Le nom ressort régulièrement, et pour cause : itch.io regorge de titres étonnants et d’expérimentations (et de comics de cul), pour la plupart gratuits ou à prix libre. L’occasion de tester quelques étrangetés sorties cette semaine sur la plateforme.
La première, c’est Hyper P.T., la démo horrifique d’Hideo Kojima, transposée par Ryan Trawick sous… HyperCard. Parce que pourquoi pas. HyperCard, c’était un dev kit d’Apple pour Macintosh, sorti en 1987 et retiré en 2004, n’ayant plus été mis à jour depuis 98 et utilisant un langage orienté objet, habilement nommé Hyper Talk. Comme beaucoup d’autres créations de ce type, Hyper P.T. est né durant une jam, HyperJam ici, puis peaufiné jusqu’au rendu jouable sorti sur itch.io le 12 avril dernier. Le titre, en téléchargement libre, est fourni avec Mini vMac, un émulateur de vieux Macintosh et permet de refaire dans son intégralité le teaser jouable P.T., en noir et blanc et à la souris. Et sans aucun son. L’intérêt de l’affaire peut sembler discutable au premier abord, mais au-delà de la curiosité d’un tel objet, toute la tension de la démo se retrouve dans ce portage, et voit apparaître dans la contrainte du déplacement à la souris et de l’absence totale de musique et bruitages, de nouvelles sources d’angoisse. Ça a en tout cas parfaitement fonctionné sur moi et je recommanderais d’au moins y jeter un coup d’œil.
La seconde est aussi intéressante qu’elle tue les yeux comme jamais. Il s’agit de If We Were Allowed To Visit, un jeu à la première personne jouable sous navigateur développé par Ian MacLarty, transposant une anthologie de poèmes de Gemma Mahadeo en décors de jeu vidéo. Un mélange assez intéressant et surréaliste d’ASCII art – cette pratique qui consiste à afficher des images à l’aide de lettres et caractères spéciaux – et de calligrammes – poèmes dont la disposition graphique forme un dessin, plus ou moins en rapport avec le texte. Je n’ai personnellement pas réussi à passer beaucoup de temps dessus en revanche, mais encore une fois, c’est gratuit et suffisamment insolite pour s’y pencher un peu.
Bonus
Je suis le projectionniste attitré des séances ciné du midi de TPP et si la qualité est loin d’être toujours au rendez-vous, c’est tout de même très plaisant.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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