Ubisoft va débrancher les services en ligne de certains de ses jeux. Une décision qui suscitera sans doute des critiques et interrogations. Parce que si l’on peut considérer les justifications financières qu’il y a derrière, cela pose aussi quelques soucis éthiques.
Le 1er septembre 2022, Ubisoft mettra fin aux services en ligne de 15 de ses jeux. Cette « désaffectation » concerne les jeux suivants : Anno 2070, Assassin’s Creed 2, Assassin’s Creed 3, Assassin’s Creed Brotherhood, Assassin’s Creed Liberation HD, Assassin’s Creed Revelations, Driver San Francisco, Far Cry 3, Ghost Recon Future Soldier, Prince of Persia : Les Sables oubliés, Rayman Legends, Silent Hunter 5, Space Junkies, Splinter Cell : Blacklist, et enfin ZombiU. À noter que les remasters de Assassin’s Creed 3 et de Far Cry 3 ne sont pas concernés.
Concrètement, la fin des services en ligne signifie quoi ? Pour la quasi-totalité des jeux cités, il s’agit de l’impossibilité d’accéder au mode multijoueur et aux contenus en ligne. La plupart des titres d’Ubisoft ici frôlent ou dépassent la décennie d’existence et leurs modes en ligne sont forcément plutôt désertés. En plus de cela, ces modes sont souvent secondaires et il restera ainsi possible de jouer aux modes solo. Si certain(e)s verront déjà dans cet aspect de la fin de services un problème, la suite risque d’encore moins les réjouir.
En effet, il se trouve que parmi les jeux de la liste d’Ubisoft, 7 jeux ont des DLCs dont le contenu sera, au 1er septembre, non seulement impossible à installer, mais aussi inaccessible pour celles et ceux qui les possèdent. Ainsi, si vous avez payé pour du contenu supplémentaire sur Assassin’s Creed 3, Assassin’s Creed Brotherhood, Assassin’s Liberation HD, Driver San Francisco, Far Cry 3, Prince of Persia : Les Sables Oubliés ou Silent Hunter 5, profitez-en bien, car les DLC de ces jeux ne seront plus jouables. Et aucun remboursement ou dédommagement n’a pour l’instant été évoqué. Le pire cas est peut-être celui de Space Junkies, sorti en 2019. Ce jeu VR uniquement multijoueur sera tout simplement injouable au 1er septembre. Et pourtant, le jeu reste encore en vente sur Steam en ce début juillet et bénéficie même d’une promotion pour le Steam Summer Sale…
Si tout cela n’est pas illégal (ce sont des pratiques normalement couvertes par les conditions générales d’utilisation, ces fameux blocs de texte monolithiques que personne ne lit à part les gens qui les rédigent) cela soulève forcément des questions au niveau éthique. Ubisoft justifie la fin de ces services en ligne par la volonté de « concentrer ses ressources vers de meilleures expériences pour les joueurs qui jouent à des titres plus récents ou plus populaires ». Encore une fois, mettre fin à des serveurs de jeux datés et désertés, pourquoi pas, mais lorsqu’il s’agit de contenus achetés, non liés directement à des services en ligne, ou pire, quand il reste possible d’acheter des jeux qui seront dans très peu de temps injouables, cela frôle l’arnaque. Certains pourraient même aller jusqu’à évoquer une forme de remise en cause du droit de propriété. On a en tout cas ici de quoi relancer une fois encore des débats sur la question de la sauvegarde du patrimoine vidéoludique et de la pérennité des créations à l’ère du dématérialisé.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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