C’est un nouveau lundi miteux qui se dessine, et pour ne pas céder à la morosité du début de semaine, l’indé matin met en lumière un jeu indépendant, tout juste ou bientôt sorti, qui nous a tapé dans l’œil. De quoi repartir du bon pied, avec curiosité en bandoulière et foi en l’humanité. Révolte et prise de pouvoir, aujourd’hui (et c’est pas trop tôt), avec Picket Puzzle.
Les yeux ensommeillés, la tasse de thé fumante à côté de votre écran d’ordinateur où se succèdent les visages à l’air absent de vos collègues, rassemblés pour une énième réunion en ligne menée par un chef voulant s’assurer que le télétravail n’est pas synonyme de glande intense, vous réprimez du mieux possible un bâillement généreux. Et si vous profitiez du tour de table qui s’annonce pour, après avoir pris la parole en premier, rassembler vos camarades rouges et lancer une révolution, l’air de rien ?
Développé par Morgan Quirk, Picket Puzzle s’inspire du récent Death Drives A Bus et en propose une relecture marquée par différentes contestations populaires bien réelles – en anglais, « picket » signifie piquet de grève. Black Lives Matter à Oakland, manifestations anti-Loukachenko à Minsk ou celles réclamant la fin de la constitution pinochetiste à Santiago : le jeu situe ses puzzles dans des villes où se sont récemment rassemblées des milliers de personnes dans l’espoir de renverser une situation anormale. Et si les victoires n’ont pas toujours été au rendez-vous, il est ici possible de réécrire l’Histoire et de mettre ses espérances de renversement généralisé à l’œuvre.
À la tête d’un groupe de manifestants, il va falloir, aspirations socialistes (RIP la gauche française) obligent, faire le tour des usines et rassembler assez d’unités pour s’emparer de l’ensemble des bâtiments gouvernementaux en un minimum de mouvements. Mais, comme le dit l’accroche du jeu, « une fois engagés sur la voie de la révolution, il n’y a pas de retour en arrière possible ». Dès lors qu’on rassemble au moins deux unités, il faut forcément aller de l’avant, donc avoir prévu les actions qui suivront : repousser les forces de l’ordre à nombre d’unités égal, apaiser et recruter les forces armées présentes ou simplement ne pas, comme dans une partie de Snake, se bloquer soi-même. La prise en main aux flèches directionnelles est accessible et venir à bout de la cinquantaine de niveaux ne posera pas trop de problème, même si atteindre le score maximal (le minimum d’actions exécutées) demandera un peu plus de réflexion. Si Picket Puzzle retient toutefois l’attention, c’est moins par sa proposition ludique que sa mise en scène d’un imaginaire de la révolte, à l’heure actuelle dans le ton et, peut-être, à même d’éponger temporairement la frustration qui peut tenir un certain nombre d’entre nous. Une bonne manière d’occuper une heure à vide, en somme. Plus tôt cette année, Tonight We Riot faisait lui aussi le choix d’une foule de manifestants comme personnage principal, le ton pulp en plus, et on pouvait voir dans Streets of Rage 4 comme un parfum de contestation contre les violences policières. Qui soutient encore que le jeu vidéo ne doit pas être politique ?
Picket Puzzle est disponible à prix libre sur itch.io depuis le 19 novembre.
Seastrom
C'est la Loire qui coule dans les veines de Seastrom, mélangée aux subtilités de la vaporwave. Possibilité de l'amadouer en lui parlant indés et D&D (Dreyer et Digimon).
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