C’est un nouveau lundi miteux qui se dessine et, pour ne pas céder à la morosité du début de semaine, l’indé matin met en avant une sélection de jeux indépendants sortis la semaine passée et s'attarde sur les promesses de celui qui nous a le plus tapé dans l’œil. De quoi repartir du bon pied, avec curiosité en bandoulière et foi en l’humanité. Ce matin, comme un goût de boulette sur les ondes avec Boulette Hell.
Au cinéma, on connait quelques fratries jumelles de réalisateurs et réalisatrices, mais le cas ressort un peu moins facilement en jeu vidéo. Quentin et Lucas Delvallet développent leurs jeux chacun de leur côté, l'un et l'autre ont d'ailleurs leur page itch.io attribuée, mais il y a à peu près cinq ans, les frères se sont associés pour le développement d'Eburnean, bullet hell qui prenait un malin plaisir à saupoudrer son unique affrontement d'une histoire revendiquée comme idiote. Quelques mises à jour plus tard, les deux développeurs ont sans doute vu le potentiel de la proposition et ont décidé de se lancer dans une suite/version commerciale, Boulette Hell, avec les mêmes ingrédients : beaucoup de projectiles à éviter et des personnages stupides.
Pour celles et ceux qui découvriraient le terme, un bullet hell désigne un jeu d'action, vu le plus souvent du dessus (la majorité, Ikaruga par exemple) ou de côté (Cuphead), dans lequel des projectiles nous sont envoyés dessus par paquets de 12 et qu'il s'agit, bien clairement, d'éviter. Le genre dévie parfois vers le evit'em up, où le slalom est de mise, ou le danmaku, sous-genre qui pousse les amateurs et amatrices dans leurs derniers retranchements face à des déluges de projectiles. Boulette Hell se positionne du versant plus traditionnel mais mise sur une composante boss rush, avec 14 ennemis à affronter. Le sel du bullet hell venant tout à la fois de la pression visuelle de l'écran surchargé, du besoin de précision qui en découle et des pouvoirs mis à disposition (ralentissement du temps, téléportation...), on se dit que la rigolade n'a peut-être pas sa place en jeu.
C'est le pari qu'entend relever Boulette Hell, flirtant avec la parodie et le fan game. Mettre en scène des personnages et dialogues drôles car cons est un exercice de style qui demande plus de tact qu'on peut le croire, et on espère que les frères Delvallet ont su se faire plaisir tout en évitant la lourdeur. Les interventions en niveaux des personnages promettent ainsi une déstabilisation avec laquelle il faudra jongler. Visuellement, on aime beaucoup le style simple façon Paint des personnages et des décors, que ne renierait pas notre Shift bien-aimé - restez à l'écoute, vous pourrez bientôt récupérer votre carte de gamer officielle créée de sa main. On ne va pas se mentir, ça fait assez plaisir de voir qu'on peut créer un jeu avec un style tel et ça donne envie de se lancer plus qu'autre chose.
Boulette Hell est disponible sur Steam depuis le 10 mars.
Les autres sorties
Et comme c’est dur de faire un choix excluant, d'autant qu'avec l'absence de l'indé matin la semaine dernière, il a fallu faire des choix, on vous signale également les sorties d'Anemoiapolis: Chapter 1 (4/03, itch.io et Steam), dans lequel errer à travers de multiples espaces liminaux, ou comment créer de la tension avec des décors vides, The Space-Eating Croc (4/03, Steam), une création RPG Maker qui explore un hôtel angoissant, Deck'em! (7/03, Steam), boxe et deck building avec le commentateur en prime, Outlanders (7/03, Steam, déjà disponible sur Apple Arcade), city builder aux graphismes et à l'ambiance paisibles, Working Zombies (7/03, Steam, déjà disponible sur Switch), Overcooked-like par le studio qui développe d'ordinaire les Picross, ou de DIG - Deep In Galaxies (8/03, Steam), roguelike d'action à tendance explosive et édité par Webedia, on a donc un peu hésité à en parler mais ce n'est pas l'équipe de développement qui gère ses sites comme des tabloïds crasseux, donc bon.
Parmi les autres sorties de ces deux dernières semaines, on note aussi celles de Chippy & Noppo (8/03, Steam et Switch), jeu d'assemblage de gros cubes en coopération, Creepy Tale 3: Ingrid Penance (9/03, Steam), point'n'click dans lequel une petite fille envoyée aux Enfers cherche à s'échapper, Germinal (9/03, Steam), rien à voir avec Zola mais plutôt avec Celeste, dont il reprend jusqu'à l'esthétique, Masterplan Tycoon (9/03, Steam), de la gestion qui pousse le vice du minimalisme au point de ressembler à un PowerPoint, Mimi and Lisa (14/03, Steam), point'n'click à destination du jeune public qui nous vient de Slovaquie, et de Backbeat (15/03, Steam), qui semble mélanger sokoban et infiltration dans un univers musical voulant évoquer les années 1990, c'est un peu fourre-tout et il affiche une grille tarifaire qu'on qualifiera d'audacieuse mais on salue l'ambition.
Les principales sorties de la semaine à venir sont à retrouver dans les miettes de l'actu. Et Shift l'a déjà évoqué dans ses bonnes nouvelles du weekend, mais on ne pouvait s'empêcher d'évoquer la sortie de Before The Green Moon (14/03, itch.io et Steam), nouveau titre de Turnfollow, à qui l'on doit le génial Wide Ocean Big Jacket. On laisse le camping en famille pour la gestion d'une ferme au pied d'un ascenseur spatial, toujours avec une bonne dose de narration, le tout avec une direction artistique savoureusement anguleuse.
Seastrom
C'est la Loire qui coule dans les veines de Seastrom, mélangée aux subtilités de la vaporwave. Possibilité de l'amadouer en lui parlant indés et D&D (Dreyer et Digimon).
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