Hélas, non, les licenciements ne sont pas de l’histoire ancienne, c’est bien dommage et on souhaite aux futur·e·s ex-employé·e·s de chez Take-Two de retrouver rapidement du travail. Mais aujourd’hui, on va parler de recherche scientifique, ce qu’on ne fait pas beaucoup en général quand on parle du jeu vidéo, même s’il y a des liens parfois surprenants comme l’histoire de la pandémie de World of Warcraft qui a été étudiée par des scientifiques ou des jeux qui sont utilisés pour faire de la prévention. Cette fois-ci, ce n’est pas d’une pandémie accidentelle dans WoW dont il s’agit, mais d’un projet de recherche biomédicale dans Borderlands 3.
Le projet Borderlands Science remonte à 2020. Il s’agit d’une collaboration entre Gearbox, l’université McGill, Massively Multiplayer Online Science (entreprise suisse qui met en relation les scientifiques et le monde du jeu vidéo) et l’initiative Microsetta Initiative à la UC San Diego School of Medicine. L’objectif du projet était de permettre d’organiser toutes les données issues de l’ADN des bactéries qui peuplent le microbiote intestinal humain, permettant ainsi de retracer la phylogénie (les liens de parenté entre) des bactéries. Actuellement, même les algorithmes les plus performants ne sont pas en mesure de trier et organiser correctement ces montagnes de données très spécifiques, d’où l’idée d’utiliser les capacités humaines pour y arriver. Sous forme d’un mini-jeu, gratuit, activable dans Borderlands 3, les joueur·euse·s résolvaient des petits puzzles et « en alignant des lignes de tuiles représentant les composants génétiques des différents microbes, les humains ont pu résoudre des tâches que même les meilleurs algorithmes informatiques ne sont à l’heure actuelle pas capable de résoudre ». Les résultats produits par les joueur·euse·s ont non seulement permis d’améliorer les résultats obtenus par les programmes, mais en plus de poser les bases pour améliorer les programmes pour le futur.
Mais pourquoi en parler maintenant me direz-vous ? Hé bien parce que dans un communiqué de presse publié lundi, l’université McGill fait le point sur cette expérience. Jérôme Waldispühl, professeur à l’université McGill et l’un des auteurs de l’étude tirée de cette expérience avoue dans le communiqué que : « Nous ne savions pas si les joueur·euse·s d’un jeu populaire comme Borderlands 3 seraient intéressé·e·s ni même si les résultats seraient suffisamment bons pour améliorer ce qu’on savait déjà sur l’évolution microbienne, mais nous avons été impressionnés par les résultats. […] En une demi-journée, les joueur·euse·s de Borderlands Science ont collecté cinq fois plus de données sur les séquences d’ADN microbiennes que notre précédent jeu, Phylo n’en avait collecté sur une période de dix ans. » En tout, ce sont 4,5 millions de joueur·euse·s qui ont participé au projet et ont permis de faire avancer la recherche et d’ouvrir des perspectives sur l’implication de communautés dans la recherche scientifique. L’étude tirée de cette expérience est disponible ici (en anglais).
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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