X est probablement la série de jeux spatiaux la plus discrète. Sans grande pompe, dans son coin, sans chasser du backer, Egosoft sort régulièrement de nouveaux épisodes de leur simulateur de capitalistes dans l’espace. Après le désastre que fut X : Rebirth auprès des fans, X4 : Foundations avait la lourde tâche de faire oublier le précédent opus, tout en s’actualisant maintenant qu’ils ne sont plus seuls sur le créneau « vis ma vie dans l’espace ».
Mon histoire avec la série X remonte à X3 : Terran Conflict acheté à pas cher dans ma boutique de jeux vidéo quand j’étais ado. Attiré par la jaquette qui me promettait de vivre ma vie de chef d’entreprise de l’espace en toute liberté, je n’ai lancé le jeu que quelques minutes avant d’être totalement intimidé par ce jeu immense, qui ne faisait rien pour que tu te sentes le bienvenu. Depuis, j’ai réussi à me plonger dans cet opus, avec un mod Star Wars, mais le fait qu’il faille fouiller pendant 10 minutes pour faire la moindre action m’a toujours quelque peu agacé. Il faut dire que les X sont des jeux complexes, aux mécaniques profondes, et, comme tous les jeux allemands qui se respectent, refusent de t’expliquer clairement ce que tu dois faire. Après avoir tripatouillé X : Rebirth, très décevant avec son vaisseau unique et ses gros problèmes de stabilité, X4 : Foundations semblait être un mea culpa de la part d’Egosoft, tout en promettant un effort d’accessibilité.
2h de configuration
Donc j’ai lancé X4 avec la ferme intention de ne pas me laisser dépasser par l’ampleur du jeu. J’ai 400h dans Elite, je ne me laisserai pas battre par un jeu allemand, aussi rude soit-il. Et pourtant, au premier obstacle de taille, j’ai failli tout abandonner. Cet obstacle : configurer mon joystick avec le jeu. Difficulté supplémentaire : faire en sorte que les contrôles soient similaires à ceux d’Elite, pour que je ne sois pas dépaysé. J’y ai passé en tout et pour tout 2h. 2h à bricoler pour que le jeu détecte quels boutons et quels axes sont censés faire quoi. Sans compter le mapping « par défaut » des joystick qui était buggué et n’aidait pas. Je suis finalement parti de zéro pour configurer mon bon vieux X52. Après avoir recommencé une partie, j’ai affronté mon second obstacle : le tuto.
Comme toujours, le tuto de X4 n’est qu’un vague concept. Des notifications apparaissent, vous disant quoi faire, sans vous indiquer quels boutons. Après moult soucis sur le premier tutoriel (le vol), j’ai lancé le second qui consiste à scanner une station pour « trouver une mission ». Outre le fait que le jeu était buggué et refusait de lancer la mission en question, il n’a pas jugé bon non plus de me signaler que cette mission était la seule « histoire » du jeu et qu’elle m’introduirait aux concepts principaux d’X4. Une fois lancée, cette quête « principale » est fort heureusement très pratique, et donne un bon coup de boost au début de votre empire commercial en vous fournissant plein de conseils et d’avantages. Qu’elle soit cachée derrière un tuto difficile à comprendre est dommage, mais la quête en elle-même est une très bonne « porte d’entrée » dans le jeu.
Mais que fait-on dans X4 ? Eh bien comme dans tous ses prédécesseurs, vous faites plus ou moins ce que vous voulez. Basiquement le concept est surtout de s’enrichir, d’agrandir sa flotte et de laisser sa marque dans l’univers. Au début, dans votre petit chasseur un peu nul, vous vous limiterez à des missions simples comme détruire des mines, ou transporter des gens. Ces missions, générées aléatoirement, ne sont jamais passionnantes, mais sont heureusement très rapides à faire pour un paiement qui vous permettra d’acheter votre premier vaisseau et son équipage en quelques heures de jeu. Contrairement à Elite vous n’êtes pas un pilote solitaire. Le cœur du jeu est de bâtir une flotte de vaisseaux de commerce, de minage, de guerre et de construire votre entreprise en profitant de l’économie dynamique. Votre premier achat devra donc être un vaisseau de transport ou de minage que vous laisserez à l’IA.
Rude, mais pas inaccessible
X sont réputés comme étant des jeux difficiles. Pas au niveau du skill, le modèle de vol est simpliste et le combat n’est certainement pas le cœur du gameplay. Non, ce sont des jeux qui refusent de te dire quoi que ce soit. Des jeux qui cachent leurs mécaniques des yeux les moins motivés et regardent de haut ceux qui ne sont pas prêts à avoir des milliers d’onglets ouverts dans leur navigateur. Personnellement ça m’énerve. Heureusement X4 fait un effort dans la bonne direction. Par exemple, là où dans X3 il fallait acheter je ne sais combien de modules dans des systèmes spécifiques avant de pouvoir automatiser ses vaisseaux, dans X4 c’est une simple question d’acheter une mise à jour de l’ordinateur du vaisseau et de le confier à un capitaine. Deux-trois clics et votre cargo flambant neuf commencera à commercer, pour peu que vous ayez laissé des satellites un peu partout pour actualiser l’offre et la demande en temps réel. Pareil pour l’équipement des vaisseaux qui ressemblent moins à un tableau Excel, mais plus à celui d’Elite où chaque module est détaillé et où un graphique en bas de l’écran vous dira ce qui change quand vous remplacez vos modules.
La construction de station aussi est devenue accessible et simple. Via une interface en 3D, vous assemblerez vos différents modules qui à la fin vous donneront une facture du coût des travaux. Pas besoin de tout donner d’un coup, vous pouvez simplement vous contenter d’attribuer un vaisseau de construction (des pilotes indépendants qui s’occuperont de tout) et une petite somme de temps en temps. Une fois tout cela fait, la somme déboursée et la station construite, il suffira de lui attribuer un manager pour qu’elle commence à travailler et commercer toute seule.
Vous connaissez le terme eurotrash/eurojank ? Ca décrit ces jeux, souvent européens, tout pétés, mais quand même intéressants pour plein de raisons. X4 en est un représentant parfait. Le jeu était tout pété à la sortie. Pas injouable (contrairement à son prédécesseur), mais suffisamment profond pour que de nombreux aspects du jeu soient instables. Par exemple : les factions se font la guerre, ce qui fait tourner l’économie du jeu vu qu’elles doivent reconstruire leur flotte, nécessitant matériaux et industries. Pas de chance, à la sortie, les factions étaient toujours en paix. Oh bien sûr il y avait deux trois escarmouches un peu partout, mais rien qui ne permette de supporter une industrie sur le long terme. Et donc au bout de 40/50h l’économie s’arrêtait, les entrepôts étaient pleins, et il devenait impossible de commercer. Mais heureusement Egosoft sont des passionnés, et aussi cassé soit leur jeu, ils abattent un sacré travail en sortant un patch par jour depuis la sortie. Au moment où j’écris ces lignes, deux patchs majeurs sont prévus, et de nombreux bugfix sont sortis, rendant le jeu bien plus stable.
X4 : Foundations a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
Au final X4 n’aura pas réussi à me faire oublier Elite, surtout que les petits malins de Frontier ont sorti une grosse mise à jour quasi en même temps. Mais ce qu’il aura réussi à faire c’est me laisser aborder le jeu selon mes termes, sans diluer ce qui fait le sel de la licence : l’économie dynamique, et la construction d’un empire commercial. Pour l’instant le jeu est un peu léger en contenu (une poignée de vaisseaux, tous très similaires entre classes), mais pour la première fois j’ai réussi à jouer plus de 5h à un X (30 au total), sans rager de son austérité. Bien que l’ayant arrêté avant de vraiment bâtir un gros empire (j’avais une petite dizaine de vaisseaux, et une grosse station), je surveillerai de très près le développement du jeu dans les mois à venir, pour le relancer lorsqu’il sera un petit peu plus étoffé. Le jeu porte bien son nom en étant une bonne fondation pour l’avenir. En attendant, Egosoft a réussi à corriger le tir de Rebirth tout en rendant le jeu plus accessible.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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