Le weekend dernier, après avoir vu l’épisode de l’émission The Movies That Made Us qui était consacré à son premier volet, j’ai revu la trilogie Retour vers le futur et mon dieu mes amis, que celle-ci n’a pas pris une ride. Toujours aussi divertissante, parfaitement orchestrée et avec des acteurs parfaits qui… ah pardon faut que je vous parle de Windjammers 2.
Nous sommes en 1994 (oui ça fait très très longtemps) quand débarque Windjammers premier du nom au Japon sur les bornes d’arcade. Enfant caché des tables de Air Hockey (la douleur du palet qui vole dans les doigts en moins), le jeu n’a pas eu le succès qu’il aurait pu mériter à l’époque mais est devenu culte avec les années, notamment en France grâce aux salles d’arcade restantes, à l’émulation et aux quelques acharnés du lancer de disque-volant. De quoi donner des envies à Dotemu, spécialiste du retour d’anciennes licences du jeu vidéo, de lui donner une suite avec Windjammers 2.
Pong à 88 miles à l’heure
Mais revenons pour commencer au concept de Windjammers. Bienvenue dans le monde de la compétition de lancer de Frisbee. Les règles sont simples : un joueur de chaque côté du terrain, avec pour objectif de réussir à lancer le disque au fond de la partie de terrain adverse et ainsi marquer plus ou moins de points. 15 points pour gagner un set (ou tout du moins plus de points que l’adversaire si le temps est écoulé) et 2 sets pour gagner un match.
Après il suffit, comme quand on lance une certaine trilogie de films sur le voyage dans le temps, de se laisser porter par la folie des duels de lanceurs de disque, avec des musiques et des couleurs qui sentent bon les années 1980/90 sur les plages de Miami. À l’instar des jeux de versus fighting, chaque personnage a des caractéristiques particulières en termes de vitesse ou de force et tous bénéficient, en plus des différents types de lancer classiques (en ligne droite, en diagonale ou en courbe), d’un lancer spécial permettant de donner des effets improbables au disque… et de déchaîner les éléments au passage.
J’ai pour ma part découvert le premier Windjammers assez tardivement. Je me souviens du vieux PC de mon frère sur lequel il émulait des dizaines de jeux Neo-Geo. Cet ordinateur, devenu une vraie DeLorean vidéoludique, m’avait permis de découvrir la série Metal Slug, Baseball Star 2 et, donc, la décharge d’adrénaline que pouvait procurer un jeu comme Windjammers.
Et si le jeu original avait bénéficié d’une ressortie sur PlayStation 4 et Nintendo Switch ces dernières années, il était tout de même temps, à la manière d’un Biff Tannen s’occupant des voitures de la famille McFly à la fin du premier Retour vers le futur, de donner un beau coup de polish sur ce classique de l’arcade. Autant vous le dire tout de suite, Dotemu a fait du très bon travail à ce niveau-là, avec un réel respect du matériel d’origine. Je vous invite d’ailleurs à regarder le making-of réalisé par le studio pour vous rendre compte du travail accompli et de la collaboration qu’ils ont pu avoir avec les créateurs originels de la licence.
Quitte à voyager à travers le temps avec un jeu, autant en choisir un qui ait d’la gueule
Il y a deux raisons, selon moi, qui explique pourquoi Retour vers le Futur 2 est une réussite (malgré certaines incohérences mais bon on est sur un film qui parle de voyage dans le temps, c’est presque obligatoire). La première tient au fait qu’il améliore la formule du premier épisode tout en le respectant. Le film commence dans un lieu que nous connaissons déjà, la place centrale de Hill Valley, mais dans un contexte différent, à savoir le futur de 2015. Les éléments comme le café, le garage et même la poursuite autour de la place sont refaits mais avec des éléments futuristes permettant d’apporter des petits twists qui ne donnent pas l’impression de voir à nouveau l’exacte même scène que dans le premier volet.
Windjammers 2 a le même souci du respect de son aîné tout en rajoutant quelques touches permettant notamment d’approfondir son gameplay. Le jeu rajoute ainsi de nouveaux personnages dont les statistiques et les coups spéciaux sont différents de ceux déjà présents. Mais cette suite est aussi l’occasion d’augmenter le nombre de terrains disponibles avec des différences qui vont au-delà du simple visuel. Certains terrains favorisent ainsi différents types de techniques : on fait plus attention à ne pas laisser le frisbee tomber au sol quand cela peut coûter 4 points d’un coup.
Le nouveau terrain symbolisant sans doute le plus ces nouvelles idées est celui du Casino, où le nombre de points marqués change aléatoirement à chaque nouveau disque. Ainsi on peut se retrouver à marquer un comme huit points d’un coup. Cela permet de grands retournements de situation et oblige les joueurs à bien gérer l’utilisation de leurs coups spéciaux.
Car Windjammers 2, en plus de ces quelques ajouts, a aussi modernisé le gameplay original en incorporant des techniques supplémentaires comme la possibilité de faire un saut et ainsi de capter le frisbee en l’air avant de le renvoyer plus rapidement dans le camp de son adversaire, ou encore le fait de pouvoir contrer, avec un bon timing bien sûr, le tir ennemi et le prendre de vitesse. Enfin, une jauge de spécial se remplit pendant le match à la manière d’un jeu de combat, permettant d’avoir une nouvelle attaque spéciale (ou de se sortir au moins d’une situation compliquée en faisant sauter le disque, nous octroyant ainsi quelques secondes supplémentaires pour le rattraper).
De la suite sans les idées ?
Oui mais voilà, comme je le disais tout à l’heure, il y a deux raisons expliquant pourquoi Retour vers le Futur 2 est une suite réussie. C’est aussi parce que ce deuxième volet apporte du contenu supplémentaire à une histoire que l’on connait pourtant déjà. Quand dans la seconde partie du film, Marty se retrouve à nouveau en 1955 comme dans le premier film, cela permet de revoir certains passages sous un angle différent et d’y apporter de nouveaux rebondissements.
D’accord, Windjammers 2 ajoute des personnages, des niveaux, un visuel plus léché et quelques coups en plus grâce aux progrès en matière de game design que des années d’expérience et d’évolutions technologiques ont pu apporter. Mais c’est tout. Comme le jeu de 1994, vous avez un mode arcade permettant d’affronter 5 concurrents sur une carte du monde pour devenir le nouveau champion (avec 2 mini jeux dont un seul nouveau). Vous avez, en plus du mode versus local, un mode en ligne pour combattre des joueurs du monde entier, ce qu’avait (mal) fait les rééditions du jeu original sur PlayStation 4 et Nintendo Switch (au moins dans Windjammers 2, je n’ai pas souffert de problèmes de connexion ou de latence pendant mes parties).
Mais rien de plus. N’espérez pas un vrai mode histoire plus complet (il y a bien quelques vignettes pour chaque personnage à la fin du mode arcade mais c’est très anecdotique), ni même un autre mode solo ou simplement un mode entrainement digne de ce nom. C’est bien simple, la présentation des coups est faite à l’aide d’un PowerPoint, à la limite du licenciement pour faute lourde.
Alors oui je sais, je semble sévère alors que le jeu fonctionne très bien et que j’ai passé un très bon moment dessus, un peu à la manière des gens qui critiquent Retour vers le Futur 3 parce qu’il redescend d’un cran dans ses enjeux (alors qu’il est lui aussi incroyable) par rapport au second volet. Mais j’en viens à me poser sincèrement la question de l’objectif voulu par Dotemu avec Windjammers 2.
Si l’on en croit les interviews, le désir derrière cette suite était de respecter le matériel d’origine et les joueurs fans de la licence tout en ouvrant cette dernière à une nouvelle génération et/ou des joueurs qui avaient pu passer à côté du premier volet. Si les anciens joueurs devraient passer un très bon moment sur ce nouvel opus (j’ai d’ailleurs assez hâte de voir des compétitions sur le jeu avec des échanges allant à toute vitesse et la nouvelle panoplie de coups utilisée à son maximum), j’ai bien plus de doutes sur l’arrivée massive de nouveaux joueurs qui pourront être rapidement rebutés par le manque d’explications du titre et sa courbe d’apprentissage un peu trop raide (n’hésitez vraiment pas à commencer en mode facile contre l’ordi). C’est en tout cas ce que j’ai pu remarquer auprès de mes différents cercles de joueurs qui viennent de découvrir un titre qui ne se laisse pas facilement approcher. C’est un peu comme si on commençait une certaine trilogie cinématographique avec son troisième volet…
Windjammers 2 a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est aussi disponible sur PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Nintendo Switch.
Windjammers 2 est aussi bon que l’original et se permet même de rajouter quelques petits éléments qui pimentent un peu plus encore les parties. Heureusement d’ailleurs, parce que sinon on serait plus proche du remaster un peu fainéant que de la véritable suite. Mais si vous êtes un nouveau joueur de la licence, accrochez-vous bien parce que le jeu n’est pas là pour vous aider. Contrairement, par exemple, à Marty McFly qui sauve le Doc d’un tir de pistolet dans Retour vers le futur 3 à l’aide… d’un Frisbee ! Eh oui, la boucle est bouclée.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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