Ça faisait un moment que la série Two Point me faisait de l’œil et que je n’avais pas pris le temps de me pencher dessus. Voilà qui est chose faite avec Two Point Museum et même si j’ai quelques réserves, je ne suis pas déçue de la découverte.
Quand j’étais petite, je voulais être archéologue, jusqu’à ce que je me rende compte qu’Indiana Jones était plus un pilleur de tombes qu’un archéologue et qu’il se trouve que j’ai un peu d’éthique quand même. Après, c’est sans doute mieux comme ça, car à l’instar de ces hommes qui pensent pouvoir marquer un point contre Serena Williams au tennis, autant vous dire que je surestimais profondément ma capacité à survivre à des séjours dans la jungle (et à réussir les études pour en arriver là). J’ai déjà du mal à dormir en camping, imaginez donc. Bref, quel rapport entre Indiana Jones et Two Point Museum ? Hé bien dans Two Point Museum, on va commanditer des missions pour chercher des fossiles, des artefacts et des plantes rares et les exposer pour faire de l’argent… Non, pardon, je veux dire pour enrichir la culture collective de la communauté. C’est un tout petit peu comme être Indiana Jones au fond, et aucun risque de croiser des araignées.
Two Museums, One Director
Le mode histoire démarre lentement, permettant de bien prendre le jeu en main et de se familiariser graduellement avec les différents écrans et modules, plus ça va, plus il y en a, mais les bases sont bien acquises et ça va tout seul. On sent que ce n’est pas le premier de la série et qu’il y a des fondations solides là-dessous. On commence par remplacer le directeur d’un premier musée et par commanditer une expédition pour trouver des fossiles. En attendant que l’expédition revienne, on se familiarise avec les concepts de buzz et de savoir et on commence à organiser une exposition. L’expédition revient avec un nouvel artefact tout beau tout nouveau et on l’intègre au musée et on recommence. On va ensuite pouvoir explorer plus loin, trouver des squelettes de dinosaures en kit, organiser davantage d'activités au musée, etc.
Puis un musée obtient sa première étoile, car visiblement les musées, c'est comme les hôtels, il y a des niveaux. Vous fréquentez quel type de musées vous ? Moi jamais moins de deux étoiles. Une fois le premier musée fonctionnel, disais-je donc, on en ouvre un autre, spécialisé dans autre chose (aquatique, scientifique, surnaturel, etc.) et on va ainsi au fil de la campagne passer de l’un à l’autre et améliorer les différents établissements et leurs expositions grâce à de nouveaux objets et modules. Je ne suis pas arrivée à la fin de la campagne au moment où j'écris ces lignes, sinon vous auriez eu l’article à Pâques, mais dès que j’aurai fini d’écrire ces lignes, j'y retournerai parce que je passe un bon moment.

C’est au niveau du rythme du jeu que je mettrais un premier petit bémol. Les expéditions sont le seul moyen de ramener des nouvelles pièces au musée et il n’est possible pendant longtemps d’envoyer qu'une expédition à la fois. Du coup, entre deux retours d’expédition, on n’a rien d’autre à faire que d’attendre devant un musée un peu vide. Bien sûr, c'est l’occasion de réaménager et de redécorer, de penser à l’organisation de l’espace et de commencer à optimiser les expositions. Mais si ce n’est pas votre passion, comme ce n’est clairement pas la mienne, c'est un peu long avant que le musée n’acquière suffisamment de pièces pour que ça soit réellement dynamique.
Ce qui m’amène à la seconde petite critique qui s’y rattache et en découle. La décoration, la mise en scène et l’esthétique ont un côté extrêmement mécanique, voire superficiel. C’est normal me direz-vous, comment veux-tu BatVador qu’un programme puisse déterminer si oui ou non c’est joli et pratique ce que tu fais ? Je vous entends, croyez-le, et ça me paraît logique, mais quand on n'a pas la passion de la déco, qu’on ne joue pas aux Sims et qu’on oublie de rajouter les prises de courant dans House Flipper parce que c’est bon, c'est des détails et le jeu s’en fout, comprenez qu'il devient par moments difficile de résister à la tentation d’empiler sur le côté les objets nécessaires pour avoir le maximum de points de buzz. Tout ça, j’en conviens, n’est qu’une affaire de goût, mais je pense néanmoins qu’il aurait été judicieux de rajouter un autre système pour obtenir des objets, histoire de dynamiser un peu le tout et camoufler un peu le côté super mécanique qui s’en dégage.

On annonce des turbulences
Est-ce que Two Point Museum révolutionne les jeux de gestion/sims ? Non. Est-ce qu’on a besoin d’une révolution ? Dans la vraie vie, oui, dans cette branche du jeu vidéo, pas nécessairement. Est-ce qu’il est réussi, joli, bien animé et drôle ? Oui. Le ton et l’ambiance me rappellent beaucoup la série Tropico, avec son côté volontairement absurde et décalé, ses animateurs radio hauts en couleur, ses créatures et visiteurs loufoques. Peut-être que ce titre aurait pu pousser un peu plus loin la satire et poser en filigrane des questions un peu plus politiques. Comme explorer la légitimité d’aller piquer des artefacts un peu partout dans le monde pour les mettre dans son musée, ce qui constitue la culture, etc., mais comme il s’agit principalement d’os de dinosaures, de plantes et de technologies perdues, mais développées à l’origine par Two Point Museum, ça permet d’évacuer quelque peu les considérations éthiques.

Il faut quand même noter quelques problèmes techniques, je ne sais pas si le jeu n’est pas très stable ou pas très bien optimisé ou les deux, mais ça oscille entre des moments où ça tourne très bien et d’autres pas du tout, quelques problèmes de chargements et quelques crashs intempestifs se sont également manifestés. Il manque aussi quelques options de confort, notamment certains écrans pour suivre l’avis des visiteur·euse·s ou visualiser l’inventaire, et le pathfinding, principalement des employés, est un peu aux fraises. C’est un tout petit peu dommage, mais néanmoins fort jouable en l’état.
Quelques points en vrac pour terminer : il existe cinq musées thématiques différents et également un mode de jeu bac à sable pour permettre de construire le musée de vos rêves. Il y a aussi des missions dans des musées temporaires qui permettent de se familiariser avec certains concepts (comme la sécurité et le marketing), mais qui sont à mon sens un peu faciles, et des objets à débloquer avec des points ou via les recherches à mener dans le musée. On ne peut pas lui reprocher de ne pas être généreux sur le contenu.
Two Point Museum a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 5 et XBOX Series X|S.
Two Point Museum coche toutes les cases du jeu de gestion/décoration fonctionnel et absurde en développant un univers très cartoon et haut en couleur. Quelques problèmes de performances rendent l’expérience un peu moins fluide et en fonction du type de joueur·euses que vous êtes, le rythme, au moins au début, pourra sembler un peu lent, mais dans l’absolu, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher. Me voilà motivée à jeter un œil au reste de la série dans la perspective de passer quelques heures pas trop prise de tête et divertissantes.
Les + | Les - |
- Très facile à prendre en main | - Un rythme un peu lent |
- L'univers décalé et loufoque | - Quelques problèmes d'optimisation/stabilité |
- La radio Two Point |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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