Je ne suis pas un énorme consommateur de jeu de tuture. En revanche ce que j’aime bien c’est de temps en temps un petit Forza Horizon, considérant que je préfère l’arcade à la simulation dans mes jeux vidéo de voiture. C’est pour ça que The Crew 2 m’intriguait pas mal. Verdict à fond sur l’autoroute de la mauvaise foi.
The Crew 2 est donc la suite du relativement mal aimé The Crew par le studio lyonnais, filiale d’Ubisoft, Ivory Tower, sorti en 2014. Le concept : les USA, des voitures, et en avant la compagnie. Le premier adoptait la formule open world d’Ubi à la quasi lettre : tour radio pour débloquer la map, histoire inutile et surplus de choses à faire, tout en ajoutant une connexion obligatoire, MAIS AVEC DES VOITURES. Si l’idée d’arpenter les Etats-Unis au volant de belles bagnoles est séduisante, The Crew n’a été que peu apprécié par la critique, mais fut un certain succès commercial (5 millions de ventes en mai 2016). The Crew 2 se devait donc de corriger les défauts de son aîné, et bien ce n’est pas tout à fait réussi.
C’est pas la taille qui compte
C’est le buzzword du moment, avec Battle Royale, « MONDE OUVERT IMMENSE DE X KM² ». The Crew 2 peut se targuer en effet d’avoir une immense map, qui représente tout les Etats-Unis continentaux, avec les villes exagérément grosses (qui déforment donc un peu le pays). Los Angeles – New-York c’est environ 150 km, soit presque une heure de route. C’est grand. Très grand. Trop grand. En soit c’est très sympa d’avoir l’intégralité des USA comme terrain de jeu. On y retrouve ce qui fait la beauté et la diversité de ce pays : du désert du Nevada aux montagnes impressionnantes des rocheuses, jusqu’au bayou, en passant par les grandes plaines, nous sommes vraiment plongé dans les Etats-Unis, et il faut avouer que c’est plaisant. Dommage que le moteur montre quelques limites. Le jeu n’est pas beau à s’en arracher la rétine. Certaines textures sont baveuses, en particulier dans les villes, et on capte très vite qu’il y a énormément de répétition d’assets. C’est assez gênant. D’autant que ce jeu introduit donc les avions aux habituelles voitures et motos, et là par contre The Crew 2 devient réellement hideux. Dès que vous prenez un petit peu d’altitude le jeu commence à ressembler à un vieux titre PS2 ou début PS3, et c’est TRÈS dur à la rétine. Bon par contre il est bien optimisé, tournant à 60 FPS en ultra sur ma configuration qui commence à avoir un peu d’âge.
Quand j’ai commencé le jeu je comptais donc faire comme je fais dans la plupart des open-world : ignorer le voyage rapide et me balader d’activité en activité. Mais voilà, le jeu est mal fichu là-dessus. Plutôt que de vous faire découvrir la map au fur et à mesure des heures de jeu, toutes les activités sont réparties sur toute la map. Vous pouvez faire quelque chose à Los Angeles et la prochaine course sera à New-York, à donc une heure de route. Il aurait été plus judicieux de vous faire commencer dans une zone (genre un état), où vous effectuez un certain nombre d’activités jusqu’à ce que votre renommée monte et que les portes d’un autre état vous soient ouverte. Ça aurait collé avec le système de progression, basé sur la renommée et les « likes », de vous faire commencer comme un inconnu avant de vous faire grimper les échelons : local, état, zone géographique, puis finalement national. Mais là, avec les activités réparties sur l’intégralité de la map dès le début, on est très vite dépassé, et on n’a aucune motivation pour profiter de la map en rejoignant la prochaine course sans le voyage rapide. C’est dommage d’avoir fait une si grande carte, avec une certaine attention au détail, si c’est pour encourager le joueur à passer plus de temps dans le menu de voyage rapide qu’à réellement profiter de l’environnement pour se balader.
… c’est le goût
Et il est amer. Quand je dis goût c’est bien sûr ce que l’on fait dans le jeu, ce qu’il vous propose comme contenu, et sa proposition pour vous occuper un nombre indécent d’heures. Donc The Crew 2 vous propose trois types de véhicule : voiture et moto, bateau et donc avion. Chacun de ces types de transports a donc son épreuve propre de la street race, au rallye, en passant par les courses fluviales et l’acrobatie aérienne. Sur le papier ça sonne bien : plein d’activités pour passer plein d’heures scotchées à un nouveau game as service qui prétend vous siphonner des heures de votre vie, et peut-être quelques centaines d’euros au passage. Mais voilà, je suis peut-être blasé, mais en aucun cas je ne me suis senti content d’avoir autant de choses à faire. C’est peut-être à cause de ma petite expérience en jeux de courses, mais j’ai eu l’impression qu’une fois que vous avez fais un type d’activité vous les avez toutes faites. A côté Forza Horizon, auquel le jeu peut facilement se comparer, propose bien plus de contenu, en particulier des missions « émergentes » en vous proposant de défier n’importe qui sur votre route à une course improvisée. Dans The Crew 2 rien de tout ça, on a bien les traditionnelles « missions photos » qui font plus office de remplissage qu’autre chose. Le seul intérêt de continuer c’est donc de remplir son compte en banque et de collectionner les voitures. Le hic c’est que le jeu vous balance directement de très belles voitures, et du coup, pour peu que vous soyez adepte de mécanique, vous n’avez pas forcément envie de continuer. D’autres jeux (coucou Forza encore) vous font commencer avec des véhicules un peu pourris, et vous récompensent en vous débloquant des voitures de plus en plus puissantes et iconiques.
Vous me direz que si le contenu solo est un peu banal le multi-joueur doit sauver The Crew 2 de l’ennui et de la répétitivité ? Puis après tout, un jeu qui demande à être constamment connecté à internet doit bien proposer un vrai multi solide qui ferait le sel et le cœur du jeu. Et bah non. Dans une décision totalement incompréhensible, Ivory Tower et Ubi n’ont pas jugé bon de mettre du vrai multi dans leur jeu de courses en monde ouvert avec connexion obligatoire. Le plus fou dans cette absence du multi-joueur c’est que vous croisez bien d’autres personnes, mais uniquement sous la forme de fantômes. Impossible de les défier à une course de rue, impossible de faire des activités avec d’autres gens et ainsi d’échapper à l’IA parfois risible du jeu. Le studio assure que du contenu multi arrivera dans quelques mois, mais il est tout bonnement fou, voire même un petit peu honteux, qu’un jeu qui nécessite une connexion obligatoire, autant basé sur la renommée et la célébrité, ne propose rien à la sortie pour défier d’autres gens. Le multi est quasiment né avec le genre du jeu de courses et c’est fou qu’un studio aux ambitions visiblement immenses n’ait pas jugé bon de le mettre dès le début. Au final, couplé avec les soucis graphiques, on a l’impression d’être face à un Early Access vendu plein pot. Et ça c’est dommage.
The Crew 2 s’est planté. Avec le budget d’un jeu Ubi ce n’est évidemment pas un ratage industriel : le jeu est solide, il y a plein de véhicules et vous en tirerez quelques heures de plaisir. Mais cette immense map est tout bonnement inutile. On blague souvent sur les jeux Ubi qui seraient 75% de remplissage pour 25% de contenu vraiment intéressant, mais là on atteint un point où ça ressemble surtout à du 90% de remplissage pour 10% d’amusement. Ajoutez à ça l’absence de multi-joueur, probablement la décision la plus chelou de 2018, et on se retrouve face à un titre qui n’est qu’une coquille vide, en attente de contenu. Pour un jeu qui veut visiblement votre temps et votre argent il devient compliqué de justifier le prix de 70€ pour ce qui ressemble à un early access glorifié. Dommage, dérapage.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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