Manifestement développé par des fans du RTS à l'ancienne, TFC: The Fertile Crescent reprend et modernise les mécaniques du genre pour livrer une expérience de jeu limitée mais percutante.
En lançant TFC: The Fertile Crescent, la pièce s’est soudainement mise à sentir le plâtre humide. Pas pour de vrai bien sûr, sinon je serais en train de contacter un plombier, pas d’écrire une critique, mais c’est cette odeur précise qui m’est venue en tête. Dis comme ça, c'est abstrait, mais quand j’avais environ 11 ans, mes parents ont refait les chambres du premier afin que moi et mes frères et sœurs puissions chacun avoir la nôtre. Ça sentait le plâtre mouillé en permanence et probablement la colle à tapisserie. En parallèle, c'est à cette époque que j’ai vraiment commencé à jouer à Age of Empires, car oui avant de découvrir que ma passion ce sont plutôt les jeux de gestion où il faut davantage se battre contre le climat et la dépression que contre des ennemis, je suis rentrée dans les jeux vidéo avec des RTS (et des point and click infinissables, mais c’est un autre sujet). J’en ai passé des heures à construire des merveilles, par tranche de 1h30, car il fallait partager le PC avec le reste de la famille. Bref, si l’odeur du plâtre m’est revenue en mémoire et ne m’a plus lâché, c'est que TFC se réclame sans ambiguïté de cette vague de RTS.
L'économie de la grenade
Axé sur les débuts de la civilisation et la domination de la région du Croissant fertile à l’âge du bronze, TFC: The Fertile Crescent mise sur des parties plutôt rapides et nerveuses où la gestion de la production de nourriture est le nerf de la guerre. Contrairement à Age of Empires que je citais plus haut, TFC ne permet pas vraiment l’accumulation de ressources, car chaque unité existante consomme de la nourriture. Si vous n’avez plus de nourriture, vos habitants commencent à mourir de faim et se rebellent. Soyons d’ailleurs très honnête, si je trouve le principe logique et astucieux, je lui reprocherais un léger manque d’options pour suivre l’utilisation des ressources. En l’état, la seule chose possible, c'est de passer la souris sur le stock de nourriture pour savoir combien est consommé par seconde. Pas hyper pratique. De même, pour en finir avec les reproches, la sélection des unités est peu précise. Impossible de sélectionner les unités civiles en même temps que les militaires. Si une unité militaire se trouve à proximité de civils, elle sera toujours sélectionnée en priorité, rendant la gestion des villageois·es un peu délicate, d’autant qu’en raison de la direction artistique délibérément pixélisée, il n’est pas toujours facile de faire la distinction. Ceci étant dit, on arrive déjà à la fin de ma liste de reproches.
Le gameplay est clair et facile à prendre en main, l’interface est relativement intuitive, la campagne sert un peu de tutoriel amélioré mais présente tout de même de vrais défis, et les autres modes fonctionnent également parfaitement. TFC marque même des points dans un domaine auquel je n’aurais jamais cru m’intéresser un jour, tant l’aspect technique du jeu vidéo me passe au-dessus (à tort, ça doit être passionnant) : l’optimisation. Évidemment, me direz-vous, en voyant les graphismes pixelisés qui rappellent, eux aussi, les RTS classiques, mais ne faites pas les malins comme ça, car plus ça va, plus les développeurs·euses oublient que tout le monde ne possède pas un PC à la pointe de la performance. Mon PC portable qui, il y a trois ans, pouvait sans trop de problèmes faire tourner les trois quarts de la production vidéoludique est désormais mis à la peine par des point and click qui ne devraient pas demander tant de ressources. The Fertile Crescent, lui, tourne parfaitement sur des configurations moins puissantes, ce qui m’a permis de renouer un peu avec les RTS.
Un RTS pour gens pressés
Les avis très positifs de Steam indiquent en tout cas que dans sa phase d’accès anticipé, il a trouvé son public et que si ce n’est peut-être pas entièrement moi, car la bagarre occupe quand même une place importante du gameplay, j’en suis ravie. Cependant, j’avoue qu’une question me taraude : à qui s’adresse TFC ? Aux nostalgiques des RTS à l’ancienne ? Peut-être, mais n’auront-ils pas envie de relancer Age of empires plutôt ou un autre RTS plus « complet » ? Aux débutants dans le genre auxquels il offrirait une parfaite porte d’entrée ? Peut-être, à condition également que l’esthétique très pixel ne les rebute pas. Aux amateurs du genre qui n’ont pas vraiment le temps de se lancer dans des campagnes de plusieurs heures ? Sans aucun doute. Car s’il est un point sur lequel je n’ai pas tant insisté, c'est qu'il a compris et intégré toutes les leçons de ses prédécesseurs et sans se départir de sa vibe à l’ancienne, il reprend les mécaniques indispensables et en modifie certaines, soit pour les améliorer soit pour changer la dynamique du jeu.
Ainsi la production de villageois·es est désormais automatique et peut être mise en pause, les points de recherche qui débloquent l’arbre des technologies sont gagnés grâce à la production de nourriture, mettant l’emphase sur l’importance de la gestion des ressources, les bâtiments neutres offrent des bonus qui sont clairement indiqués, etc. Ces modifications, ainsi que le caractère limité des bâtiments et des technologies disponibles, en font un jeu ramassé qui fait extrêmement bien ce qu’il promet, mais dont l’ambition limitée est peut-être aussi le plus gros défaut. On sent bien que ses développeurs ont l’amour et une bonne compréhension du genre et peut-être que si je ne suis pas autant emballée que je pourrais l’être, c’est, outre que je n’aime pas la bagarre, que j’aurais aimé pouvoir développer ma civilisation au-delà de deux âges.
TFC: The Fertile Crescent a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
TFC: The Fertile Crescent s’inspire et se revendique des RTS des années 1990/2000, montrant qu’il a bien compris les leçons de ses prédécesseurs et, malgré quelques défauts un peu agaçants, il rend une copie quasi sans faute avec quelques twists malins. Il faut néanmoins garder en tête qu’il s’agit d’un jeu dont il est possible de voir les limites en une ou deux heures et donc y aller pour l’expérience d’un RTS rapide ancré dans l’âge de bronze qui jongle entre gestion des ressources et guerres avec ses voisins.
Les + | Les - |
- Une revisite maline des mécaniques des RTS | - Manque quelques options de micro-gestion |
- Très bien optimisé | - Sélection des unité peu précise |
- La courte durée des parties | - Assez limité dans ce qu'il propose (deux âges et un nombre limité de technologies) |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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