Bonjour, bienvenue à cette réunion des complétionnistes anonymes, je m'appelle Murray et je n'ai pas vidé la carte d'un jeu en monde ouvert depuis 1235 jours. Voilà, c'est ce que j'aurais pu vous dire la semaine dernière. Mais depuis, j'ai joué à Tchia et je dois redémarrer le compteur à zéro.
Pourtant, je m'étais promis de ne plus jamais retomber dans ce genre d'erreur. Oui, j'ai poncé jusqu'à la moelle les anciens jeux Assassin's Creed. Oui, je suis même allé jusqu'à récupérer les 900 foutus Korogu dans Breath of the Wild, mais c'était avant tout ça, j'étais jeune, j'avais le temps et l'énergie comme excuses. Mais alors pourquoi j'ai rechuté soudainement sans faire attention ?
Un anniversaire pas comme les autres
Il faut dire que tout commençait bien. La mer, la plage, le bruit des vagues et des oiseaux avec un beau soleil… et puis Tchia est apparue, elle qui vit en toute tranquillité avec son père, à passer ses soirées à faire de la musique (et à manger des trucs qui ont l'air trop bons). Manque de bol pour elle, son père se fait enlever par les hommes de main de Meavora, la personne qui semble avoir pris le contrôle de l'archipel local. Une bonne occasion pour forcer Tchia à partir à l'aventure pour sauver son paternel, mais aussi les habitants des deux grandes îles avoisinantes.
Une aventure qui, au-delà de son côté vidéoludique, est une véritable déclaration d'amour à la Nouvelle-Calédonie, dont vient la petite équipe d'Awaceb. Cet amour, il se ressent visuellement déjà avec des décors magnifiques, que ce soit sur terre, en l'air ou en mer (je ne compte plus le nombre de fois où je me suis juste arrêté de bouger pour admirer un paysage du haut d'une montagne). Et la découverte de la seconde grande île du jeu, déformée par une industrialisation massive causée par Meavora et ses sbires, fait un pincement au cœur, surtout après le temps passé à explorer la première île peu touchée en comparaison.
Mais la déclaration d'amour se ressent aussi par la musique qui va venir rythmer l'aventure. Tchia se baladant avec un ukulélé, elle va avoir de nombreuses occasions de l'utiliser, aussi bien pour s'aider dans son exploration (l'avantage de connaître des morceaux permettant de changer l'heure ou de faire apparaître des animaux) que pour accompagner les nombreux moments tendres du jeu, des moments de partage avec les différents habitants des îles au son de morceaux et chants locaux.
I'm like a bird, I'll only fly away
Pour son ode à l'aventure et à la découverte, Awaceb a fait le choix du monde ouvert. Mais la petite équipe de Nouvelle-Calédonie a eu l'intelligence de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. C'est pourquoi il n'y a que deux grandes îles (et deux beaucoup plus petites) à découvrir en long et en large. Pour cela, Tchia peut à peu près tout faire : courir, sauter, nager (quand elle ne navigue pas sur son bateau) et escalader (dans la limite de sa stamina disponible).
Mais plus intéressant encore, Tchia dispose d'une capacité. Celle du Bond d’Âme, qui lui permet de pouvoir posséder momentanément (ici aussi, il y a une jauge de stamina) différents objets et surtout animaux des îles : devenir un poisson pour naviguer entre les coraux, prendre possession d'un oiseau pour rallier rapidement l'autre bout d'une île tout en admirant la vue ou encore se mettre dans la peau d'un chien pour pouvoir creuser et déterrer un trésor.
Cette mécanique du Bond d’Âme est au centre du titre et elle se retrouve très bien exploitée. Déjà dans l'exploration, puisque si Tchia par elle-même reste assez lente, les possibilités s'offrant à elle, quand on comprend comment les enchaîner, vont changer le plaisir de la découverte. Vous devez aller à l'autre bout de l'île alors que vous êtes en haut d'une montagne ? Glissez sur la pente pour gagner de la vitesse avant de vous élancer et de faire une partie du trajet en volant à l'aide de votre voile, puis prenez possession de cette mouette qui passait par là pour aller encore plus loin. Aucun animal en vue ? Devenez ce rocher que vous allez lancer au loin puis récupérer alors qu'il a maintenant de l'élan pour parcourir rapidement une grande distance, jusqu'à ce sanglier tout juste sorti des buissons.
Mais cette possession va aussi être nécessaire pour les quelques combats contre les forces de Meavora. Des soldats étranges faits de tissu, que vous allez devoir détruire par les flammes (oui, le jeu rend aussi hommage à la France métropole) en prenant possession de lampes à huile et autres bidons d'essence que vous pourrez jeter sur eux.
Ceci étant dit, il faut reconnaître que la composante monde ouvert du titre est assez classique avec une histoire principale (qui vous prendra entre 6 et 8 heures) et des quêtes annexes disséminées partout sur la carte (doublez la durée de vie pour le 100%) allant de simples perles à récupérer pour les échanger contre des objets de personnalisation jusqu'à des temples comportant une épreuve à accomplir pour augmenter le temps pendant lequel vous pourrez posséder un animal.
J'ai (re)plongé tête la première
Mais pourquoi, alors que le monde ouvert du jeu est des plus classiques, est-ce que j'ai plongé complètement dans Tchia au point de tout découvrir/ramasser/libérer ? J'ai cherché un moment avant de comprendre que la réponse était multiple.
Déjà, il faut reconnaître que la taille réduite du monde ouvert, et du coup la durée de vie plus restreinte du jeu, même en visant le 100%, a aidé. Mais c'est une raison secondaire puisqu'en vérité, j'aurais été capable de jouer encore quelques heures de plus avec plaisir.
Ce qui marche avant tout chez Tchia, c'est la bienveillance qui se dégage du titre et qui m'a complètement happé. Oui, la carte est remplie d'objets à ramasser, de "camps" à délivrer et de trésors à ouvrir comme dans Far Cry 57, mais absolument rien ne vous oblige à le faire. La grande majorité des choses que vous gagnerez en accomplissant ces tâches sont des objets de personnalisation pour votre personnage et son bateau. Bien sûr, il est vivement conseillé de récupérer les fruits permettant d'augmenter votre stamina, ne serait-ce que pour le confort que vous aurez ensuite dans votre exploration, mais à aucun moment le jeu ne vous force à vous arrêter dans la quête principale pour aller faire de l'annexe. Du coup, si vous souhaitez foncer en ligne droite vers la fin, vous pouvez totalement le faire (le jeu permet même de sauter des chapitres si vous souhaitez jouer à un moment particulier de l'histoire).
Le jeu souhaite tellement ne pas vous forcer à faire certaines choses que même les combats ne sont pas obligatoires. Oui, même quand vous devrez aller dans des camps ennemis, techniquement, vous pourrez accomplir vos objectifs sans affronter un seul adversaire (même si cela nécessitera de votre part une petite capacité d'esquive).
Quant à l'histoire principale, si elle semble être au départ assez classique, je dois reconnaître avoir été assez surpris par la noirceur de certains moments, heureusement contrebalancés par d'autres beaucoup plus joyeux et par un humour très réussi et bien dosé.
Dans un sens, Tchia me rappelle beaucoup le plaisir que j'ai eu l'année dernière à découvrir Tinykin. C'est un titre qui reprend un style de jeu connu et reconnu, l'adapte à une échelle plus petite et l'enrobe d'un emballage de bienveillance. Comprenez-moi, j'adore détruire des choses/découper des monstres dans mes jeux, mais savoir que je peux avoir une parenthèse vidéoludique comme celle-ci me fait un bien fou et me donne envie de la savourer jusqu'à la dernière goutte. Ah et en plus ça fait une super porte d'entrée pour découvrir le principe des jeux à monde ouvert pour les plus jeunes.
Tchia a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est aussi disponible sur PlayStation 4 et 5.
Tchia est une petite perle venue du Pacifique. Certes, le titre ne réinvente pas le genre du monde ouvert, mais il réussit tout ce qu'il entreprend, apporte quelques bonnes idées et se permet en plus de raconter une belle histoire dans un décor de rêve et avec de belles musiques. Que demander de plus ?
Les + | Les - |
- Comme une envie soudaine de déménager | - Le manque de téléportation ailleurs que dans les ports |
- Le système de Bond d’Âme | - Plus d'animaux un peu partout n'aurait pas été un mal |
- Un open world pile à la bonne taille | - Les temps de chargement au lancement du jeu |
- Un humour toujours bien placé | |
- Une bienveillance qui se dégage aussi bien de l'histoire que du gameplay |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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