Après le sympa A Way Out et It Takes Two accompagné de ses critiques dithyrambiques (ça y est, j'ai enfin réussi à placer ce mot), Hazelight Studios vient de nous livrer son nouvel enfant, Split Fiction, restant dans sa formule du jeu d'action en coop. Les productions du genre sont toujours rares, et on se demande bien pourquoi, tant le résultat est encore une franche réussite, les principaux reproches venant de comparaisons avec It Takes Two.
Un petit mot de contexte avant de démarrer officiellement cette critique. Nous avons, avec ma compagne, fait It Takes Two seulement le mois dernier (il était temps). Un titre que nous avons beaucoup aimé, notamment pour sa capacité à multiplier les gameplays et situations différentes tout en réussissant à être plaisant pour un joueur "aguerri" (moi, Murray) et une autre plus occasionnelle (bon je dis "occasionnelle" mais elle, Tilda, a bien 500 heures sur Stardew Valley). Il y aura donc de la comparaison entre les deux titres. Mais cette critique est surtout l'occasion de vous fournir le point de vue de deux types de joueurs.
Plus long, plus grand et juste splité
Murray : Commençons par l'histoire du jeu ! Je vais tâcher de la résumer. Dans Split Fiction, nous incarnons deux autrices disons... en devenir. L'une, Mio, est très fermée sur elle-même et écrit des histoires de science-fiction. L'autre, Zoé, est beaucoup plus enjouée et écrit des histoires de fantasy. Elles se retrouvent à intégrer un programme qui, pensent-elles, va leur permettre de voir leurs histoires éditées, mais qui en réalité consiste à les mettre dans une machine qui va prendre leurs idées directement dans leur cerveau pour créer les histoires ultimes. Tu en as pensé quoi ?
Tilda : J'ai bien aimé le concept de départ. Ça m'a rappelé la série de livres Thursday Next de Jasper Fforde où l'héroïne se retrouve dans des livres célèbres pour les changer. L'histoire est assez simple et les héroïnes sont plutôt clichées au début, mais ça s'améliore au fur et à mesure. J'ai quand même une préférence pour le récit de It Takes Two qui était mieux structuré.
Murray : Je trouve qu'il y a plusieurs histoires dans le jeu qui ne se valent pas. Au début il y a le plot de la méchante entreprise qui vole les idées pour faire une aventure ultime façon IA. Bon, celle-ci est assez basique et pas très intéressante, avec un grand méchant sorti d'un vieux film déjà vu 100 fois. C'est juste une excuse pour que Mio et Zoé se retrouvent dans les récits de l'une et l'autre et cherchent à s'enfuir de la simulation.

Tilda : Et quand on y pense, ça ne tient pas debout. Le méchant veut voler les histoires des gens pour devenir riche, mais il a pour ça inventé une machine qui permet de vivre les histoires comme si on y était. Il a créé le simulateur de réalité virtuelle ultime, il pourrait être riche rien qu'avec ça.
Murray : Oui, et ça va même plus loin puisqu'après, le jeu devient beaucoup plus introspectif et intéressant. Avec sa machine/psy ultime, les héroïnes affrontent leurs démons intérieurs. Si ça reste prévisible sur beaucoup de points, j'ai trouvé ça plutôt bien amené et bien joué aussi.
Tilda : Elles sont plus touchantes, c'est vrai ! Et il y a aussi les aventures annexes. Des petites séquences de 10/15 minutes où on part dans un autre monde avec une façon de jouer différente. Ça permet de diversifier un peu le jeu et de raconter des trucs plus originaux. J'ai bien aimé celle où on était des cochons dans une grande ferme et aussi celle où on était des dents dans un monde de sucreries ! C'était vraiment sympa, même si ça arrive un peu de nulle part à chaque fois.

Good Coop/Bad Coop
Murray : Bon, niveau gameplay, on sent qu'ils n'ont pas changé une formule qui marchait avec It Takes Two. On retrouve une multitude de genres différents avec de la plateforme, du tir à la 3ème personne, un peu d'énigmes et autres. Il y a aussi des genres un peu plus surprenants, comme ce moment où l'un de nous était une boule de flipper ou qu'on se retrouvait tous les deux avec des dragons ou encore sur le dos d'un mille-pattes des enfers. C'était déjà le cas pour le jeu précédent, mais je reste épaté par la capacité du studio à fournir autant de gameplays réussis sur un même jeu, parfois pour des séquences très limitées.
Tilda : Oui, mais j'ai trouvé le jeu moins varié quand même. Je pense que c'est à cause des univers, qui sont limités quasiment à 2 avec la science-fiction d'un côté et la fantasy de l'autre. Même si le gameplay change, j'avais l'impression qu'on restait sur une même base. Ce n'était pas le cas pour It Takes Two, qui avait une vraie séparation des genres avec chaque pièce de la maison.
Murray : C'était surtout le cas, je trouve, dans l'univers de science-fiction. Alors que pour la fantasy, on avait un peu plus de différences. Après, j'ai quand même beaucoup apprécié me balader dans les univers respectifs, et les références assumées à la pop culture. Ce qui s'expliquait dans le jeu, puisque les deux héroïnes ont forcément été influencées comme tout le monde. Ça m'a rappelé certaines de mes fan-fictions et autres petites histoires que j'ai pu écrire à une époque.
Tilda : J'ai aussi trouvé le jeu plus dur. Heureusement qu'on ne perd pas dès que l'un de nous meurt parce qu'il y a des passages vraiment difficiles, notamment dès qu'on est sur les niveaux de Mio avec son univers de science-fiction. Ce n'est pas tant qu'il y a trop de boutons que l'enchaînement à retenir dans certaines séquences qui est difficile. En plus, comme on change souvent de manière de jouer, on oublie parfois ce qu'on peut faire ou non avec son personnage. Mais, pour moi qui ne joue pas à trop de genres de jeu différents, c'était sympa de voir des manières de jouer variées sans que ça dure trop longtemps et que ça donne envie de lâcher la manette.

Murray : Le plus gros reproche que je ferais au titre, c'est qu'il est moins abouti niveau coop que ne l'était It Takes Two. Il y avait plus d’interactions constantes entre ce que pouvait faire ou non un des personnages par rapport à l'autre. Ici, j'ai eu plus souvent l'impression que chaque personnage avait son chemin avec ses capacités et qu'on se retrouvait après.
Tilda : C'était moins le cas sur la deuxième partie du titre quand même. Il y avait plus de complémentarité.
Murray : Oui, clairement, la deuxième partie est plus aboutie à ce niveau aussi, même si la première reste sympa à faire. Et la toute fin du jeu est juste incroyable ! Je ne veux pas spoiler, mais niveau visuel et interactivité... ça valait au moins tout le voyage avant. À tel point que ça fait un peu regretter de ne pas en avoir plus avant.
Tilda : Ah! Et il y a trop de boss ! Déjà que certains sont assez longs, avec plusieurs phases... Mais bon, au moins on n'a pas à reprendre du début si on perd.
On n'a pas trop de quatre poumons
Murray : Dernière chose sur laquelle je voudrais revenir, c'est le rythme du jeu. Ça ne s'arrête jamais !
Tilda : OUI ! En plus, c'est quasiment une ligne droite constante, il n'y a pas 150 trucs à chercher sur le côté, et même les histoires annexes, on peut difficilement les rater puisque Mio et Zoé en parlent à voix haute quand on passe à côté. Du coup, on ne s'arrête jamais vraiment, à part pour regarder certains paysages très jolis. Mais ce sont des pauses prévues par le jeu.

Murray : C'est vrai qu'on ne pourra pas reprocher au jeu d'être moche. Il prend ses thématiques de science-fiction et de fantasy pour nous offrir notamment des vues de villes futuristes remplies de gratte-ciels avec des néons partout, des paysages de forêts avec de belles montagnes au loin et une séquence d'explosion de soleil super belle.
Tilda : Le problème, c'est que comme ça ne s'arrête jamais, on en oublie presque des trucs qu'on a faits 2 heures avant, parce qu'il y a eu depuis un changement de genre, 3 000 explosions, une course-poursuite, une séquence de chute libre et 1 boss. J'ai dit qu'il y avait trop de boss ? Bref, dans l'autre jeu, il y a avait plus de pauses à certains moments, comme le village dans la boule à neige. Ça n'apportait rien à l'histoire, mais ça permettait de souffler un peu.
Murray : Après, je pense qu'un problème qu'on a eu, toi et moi, c'est qu'on a enchaîné It Takes Two et Split Fiction assez rapidement. Au-delà de la comparaison qu'on fait forcément entre les deux jeux, on retrouve certaines structures comme les longues glissades pour s'échapper, certaines courses-poursuites ou encore les phases de plateforme pour vite monter en haut d'une tour avant qu'un truc ne nous attrape. Sur un jeu de 14h qui ne s'arrête jamais, même avec autant de variété dans ce qu'il propose, on revoit forcément à certains moments quelques ficelles, d'autant plus quand on sort de 12h de It Takes Two.

Split Fiction a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 5 et Xbox Series.
Tilda : J'ai passé un très bon moment sur Split Fiction. Je pense que ça reste une copie ++ de It Takes Two (que je préfère), mais je ne me suis pas ennuyée un instant et c'était cool de pouvoir faire de la coop ensemble plutôt que l'un contre l'autre.
Murray : Alors moi, je crois qu'au final je préfère Split Fiction, peut-être parce que ses thématiques me touchent plus personnellement que celles de It Takes Two. Mais peu importe ce classement, sortez-moi un jeu coop aussi réussi que ça tous les 3/4 ans et je suis le plus heureux du monde.
Les + | Les - |
- La variété des gameplays toujours aussi impressionnante | - Souffre parfois de la comparaison avec son aîné |
- Qu'est-ce que c'est beau ! | - Un peu trop dur parfois pour un public novice |
- Les histoires annexes, rajoutez-en 20 ! | - Un scénario de base assez cliché |
- La deuxième partie et surtout la fin, une réussite totale | - Un rythme peut-être trop effréné ? |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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